RÉPONSE À UNE RÉPONSE (1)

REPONSE A UNE REPONSE

Bonjour,

   Je vous remercie pour votre réponse.

  Je tiens, en premier lieu, à vous dire que « Sur le pronunciamiento du covid-19 et son lock-out socio-économique » et sa « Note additionnelle » ont été adressés à de nombreuses personnes, et ce, sans tenir compte de leurs opinions ou de leurs convictions, ou de leur pensée, quand ils en ont une, si ce n’est pas deux. L’essentiel des deux textes envoyés a été écrit, pour l’un, il y a trente ans, et pour l’autre, il y a vingt ans. J’y ai ajouté deux petites préfaces, et deux très courtes conclusions. Afin de préciser ma position, sur ce qu’il faut bien nommer un  » pronunciamiento », je vais donc me résumer brièvement :

1- La panique provoquée par l’apparition miraculeuse du covid-19, et son déferlement sur l’échiquier bureaucratico-marchand a été délibérément produite par le gouvernement mondial de la marchandise. 

2- Cette panique a, tout d’abord, un but défensif ; elle consiste à soutenir plusieurs sous-ensembles proconsulaires en grande difficulté financière et industrielle.

3- Cette panique fait pièce aux sourdes révoltes engendrées par des programmes incohérents et brutaux suscités par la logique marchande.

4- Cette panique planifiée, sans cesse relancée, est l’un des aspects centraux du « pronunciamiento du covid-19 », elle lui fournit un de ses éléments de terreur, qui est indispensable pour la gestion émotionnelle des masses.  Les directeurs doivent imprimer à cette panique une direction salutaire pour leur domination.

5- Il ne s’agit pas d’un « pronunciamiento » pour conquérir le pouvoir, puisque ses exécutants l’ont déjà, mais pour le garder, et l’approfondir.

6- Il s’agit d’un pronunciamiento commis en période d’effondrement, afin d’en prévenir les néfastes effets qui surgissent à jets continus, dans une sorte de spirale ascensionnelle. C’est aussi un expédient pour se donner du délai, dans une situation où l’expédient lui-même va accroître le mal, et va se révéler pire que le mal qu’il veut combattre, et qu’il devra combattre.

7- La suspension de la presque totalité des libertés, introduite par « l’Etat d’urgence sanitaire », qui est un merveilleux concept aux contours indéfinis et élastiques, obéit à de très stricts principes économico-politiques qu’il est loisible à tout un chacun, désormais, d’observer dans sa vie quotidienne. Il ne s’agit plus d’un monde de science-fiction à venir, mais du monde dans lequel nous sommes. La classe qui domine dans le capitalisme vient de rejoindre son concept. C’est la seule bonne nouvelle, et peut-être la principale, pour ceux qui ont l’esprit tendu vers l’accomplissement de ce monde inhumain : que peut-t-elle faire de plus, cette classe, que de gérer catastrophiquement la catastrophe ? Elle ne laissera rien ; elle a un programme, mais pas de projet.

8- Jusqu’à présent cette classe dominante se justifiait par un ensemble de prétextes humanitaires plus ou moins fantaisistes ; malgré les nombreuses preuves du contraire, les peuples faisaient crédit à ces fariboles colorées ; les nihilistes achevés dont elle a accouché, si péniblement, viennent, par ce pronunciamiento, d’envoyer les ultimes débris du « welfare state » à la poubelle. La supposée biopolitique se retourne en une authentique nécropolitique. Le gouvernement par la maladie (a), le chaos, le désastre sera-t-il – est-il – dans la durée un moyen de gouvernement efficace ?  Un philosophe allemand, contemporain de la révolution française avait pu écrire :  » Si on voulait une seule fois dans le monde commencer à faire juste le nécessaire, des millions de gens mourraient de faim. » Lichtenberg.

 

9- Ce « pronunciamiento » n’est ni incohérent, ni maladroit, comme veut nous le faire croire l’opposition intégrée et contrôlée. Cette incohérence, cette maladresse proclamées font partie d’un grand camouflage tissé par ceux-là même qui se proposent d’exercer un pouvoir qui leur échappe. Ils sont gens d’antichambre : le Cardinal de Retz a laissé de profondes paroles sur ceux-là.  Le pronunciamiento s’est accompli avec une grande rationalité : » Il apparaît en outre que si on décompose un coup d’Etat en un certain nombre de phases successives, il est possible de l’exécuter pour ainsi dire sans qu’on s’en aperçoive. » H.Rauschning. Il est assurément dommage que tant d’observateurs perpétuels de la réalité soient incapables de relier en un tout, les multiples aspects de cette réalité qu’ils se font, pourtant, profession d’observer avec minutie. Pour le dire d’une manière imagée : voilà des gens qui nous décrivent un objet qui a quatre roues, qui a un moteur, qui fait du bruit, qui est entouré de métal, qui a des sièges, mais sans jamais utiliser le mot « automobile ». La grande frag-mentation de la connaissance, et son remplacement par l’information et son dictionnaire – jamais écrit – des mots interdits, nous a conduits vers cette performance de ne jamais rien nommer.  

10- Le pronunciamiento du covid-19 est offensif. Il n’a pas pour but de « voiler une fracture entre le prolétariat mondial et la classe capitaliste mondiale », mais d’éteindre l’incendie qui a commencé – avec un gros bâton. Le temps des mystifications est passé, et aucun tour de magie ne le restaurera

    Enfin, pour conclure cette liste très sommaire, j’insiste sur l’expression « apparition miraculeuse du covid-19 », dans une époque où des hommes munis d’un savoir expéditif nient avec une finesse qui laisse parfois pantois l’existence de Dieu. Bref, on n’aura jamais vu autant de bigots du « Marché » effrayés par l’ombre des mots. Je ne parle pas pour vous. 

    Cordialement,

Le 31 mars 2020, 

Jean-Paul Floure

(a) Ce qui n’est pas d’une grande nouveauté.

 

→ Le 30 mars 2020

  1. Bonjour,

Tout d’abord merci pour vos notes. Après les avoir lues, il y a tout de même un point sur lequel nous devons revenir : ce que vous définissez par un « Pronunciamiento » n’en est pas un. Le Covid-19 est une mystification de classe qui voile la fracture incisive entre le prolétariat mondial et la classe capitaliste mondiale. Mais même si il y a des contradictions dans la classe capitaliste elle-même, face au prolétariat mondial, elle sait faire bloc et s’unir. Nous vous invitons à écouter notre émission, le 29 Mars car nous allons effectivement en parler :

https://www.youtube.com/channel/UCio9pX2dEW7mFncFsZLG6-g…

http://guerredeclasse.fr/(Francis Cousin)