L’ÉLÉMENTARIAT COMME FORME ACHEVÉE DU MODE DE PRODUCTION CYBERNÉTIQUE.

« Si une ville entre en rébellion ou se mutine, si elle est le lieu de graves désordres ou refuse de payer l’impôt, le roi dispose de deux moyens pour la réduire à l’obéissance : le premier, qui est le plus doux, consiste à laisser l’île planer comme un milan au-dessus de la ville et de sa banlieue, il peut ainsi la priver de soleil et de pluie et condamner les habitants à la misère et à la maladie. Il peut même, pour des fautes plus graves, accabler ceux-ci de grosses pierres dont ils ne peuvent se défendre qu’en fuyant dans les caves ou les grottes, mais laissant mettre en pièces les toits de leurs maisons. Si la révolte fait long feu, ou si l’insurrection générale menace, le Roi emploie alors le dernier remède : il laisse tomber verticalement l’île sur la tête des récalcitrants, et plus rien ne reste ni des hommes, ni des maisons. » Jonathan SWIFT

Réifier – Rendre objet – un être vivant pour pouvoir l’exploiter est la méthode historique utilisée par toute société de classe. Pour ce faire un contrôle social est mis en place pour imposer cette réification. Cependant jusqu’à maintenant le système de contrôle était assujetti à un mode d’exploitation plus rudimentaire.

Que ce soit pour exploiter la maternité, la force brute, l’habileté manuelle et intellectuelle la réification avait deux buts : réduire l’être exploité (génitrice, esclave, ouvrier) à sa fonction sociale pour le plus grand profit des maîtres, et leur donner bonne conscience (cf. : toutes les théories – sexe, race… – qui ont été produites pour justifier cette infériorité des dominés).

Dans le mode de production cybernétique le système de contrôle et la circulation des informations en résultant est réinjectée en boucle dans le système de contrôle qui peut ainsi augmenter sa capacité de coercition. Cela constitue le moteur du mode de production cybernétique. Les catastrophes en sont le carburant (a).

La puissance des maîtres ne découle plus du nombre de génitrices, du nombre d’esclaves, du nombre d’ouvriers, et du capital qui en découle mais de l’augmentation du contrôle sur l’élémentariat (les êtres vivants réifiés). Les éléments sont regroupés en sous-ensembles définis par leur degré de liberté qui concourent suivant leur fonction à la bonne marche du système de production cybernétique.

La contradiction dans ce mode de production est que ce degré de liberté doit toujours diminuer (Compression passionnelle) pour que le système reste stable d’où sa perpétuelle et nihiliste fuite en avant (b). La puissance est de moins en moins donnée par l’unique possession du capital ! Le contrôle du système d’information (Journalistes au sens large du terme) et du système répressif – une combinaison de la police stricto sensu, de certaines branches de l’armée, des services spéciaux, de l’ensemble des nouvelles polices – est le support de cette puissance.

H.G.H

(a) Avec cette caractéristique que le système ne semble se survivre à lui-même que par son effondrement, par de violentes secousses : l’abîme lui sert, en quelque sorte, d’aiguillon, et de pousse-au-jouir pour nihilistes.

(b) Nous assistons avec le Covid-19, à une tentative d’écrasement de ce qui a été nommé infra-politique par James Scott. Il est à espérer, il est évident, que celle-ci se reconstituera.

https://www.cairn.info/revue-vacarme-2006-3-page-25.html