POURQUOI MARTIN BLACHIER ? NOTE ADDITIONNELLE SUR LE CONGLOMERAT DE LA « MORT ADMINISTREE » ET LE DEGRE DE CONFIANCE QU’IL NOUS FAUT LUI ACCORDER, deuxième édition augmentée

Une image contenant texte, reptile, lézard

Description générée automatiquement

« Oui, notre système de santé n’en est pas vraiment un, on a une industrie de la maladie – ce qui n’est pas pareil. » Jean-Dominique Michel

Afin de préciser, pendant le déroulement du pronunciamiento du Covid 19, l’un des points particuliers sur lesquels il s’appuie et s’organise avec force, depuis ses lointains et modestes commencements, et parce qu’en ces délicates affaires, où l’incohérence voulue semble prédominer et gouverner l’ensemble des apparences produites – la fiction s’emballe, la réalité n’a plus qu’à suivre -, nous croyons qu’il est profitable de rappeler quelques tristes évidences sur une mutation depuis longtemps accomplie ; dont nombre ne semblent prendre la mesure qu’avec un grand retard – au moment d’une panique préméditée et planifiée, sans cesse relancée. Ces derviches tourneurs sur moquette subventionnée pensent n’avoir été que légers en ne concluant pas, quand ils ne furent que d’inconséquents et trop bavards bouffons à l’attache. Les Saint-Barthélémy de l’épouvante scientifico-marchande ne les mèneront jamais à résipiscence, mais à de stupéfiantes embardées.

Mars 2020

Le texte cité ci-dessous est extrait d’un court pamphlet écrit pour l’essentiel en 1997, et publié en Mai 2002 sous le titre « Sur le département des émotions », et une première fois sur Birnam.fr, en mars 2020.

«La sécurité sociale (…) s’est intégrée depuis si longtemps aux trusts pharmaceutiques, et si parfaitement, que la seule obligation que ses véritables propriétaires lui reconnaissent est d’assurer l’écoulement régulier de leurs dangereux produits auprès d’une clientèle dégradée par le reste de la production marchande, et les travaux qu’elle impose. La santé étant devenue un marché comme les autres – peut-être un peu plus que les autres, car toutes les carrières et bouffonneries y sont permises – la seule garantie que l’esclave puisse désormais espérer des parasites de son travail est que ceux-ci l’empoisonnent avec une lenteur qui s’interpose, et ne l’inondent qu’avec parcimonie de leurs extraordinaires nouveautés. Mais là aussi il semble que tout espoir ne naisse que pour être déçu. A l’inverse du boniment médiatique des nomenclaturistes de la maladie, ce n’est pas la sécurité sociale qui risque le démantèlement, mais la santé de tous qui l’a été radicalement sous les lourds impacts de la marchandise et ses institutions thérapeutiques ; et ce démantèlement exige des moyens sans cesse accrus, des complicités de plus en plus étendues dans le maintien de ce qui doit rester secret dans ce complot sournois. Les maîtres qui veillent, à leur manière, à ce que leurs esclaves soient d’une santé calculable et planifiable, ont ajusté à cette déplaisante réalité issue de leurs stratégies économiques leurs organismes de contrôle de la maladie et du travail, car les deux tendent à coïncider, quand l’esclavage cybernétique a tout envahi*. La redistribution des postes de responsabilité à l’intérieur de ce conglomérat de la mort administrée, la création de nouvelles filiales, la rétrocession de certains beaux morceaux à des gangs de financiers-cannibales, ou à des associations de naufrageurs assermentés, sont les enjeux de ce « redimensionnement industriel ». Les esclaves qui protestent en faveur de cet inquiétant conglomérat, comme ils veulent des colliers pour tous, n’ont jamais défendu que leur accès aux marchandises d’accoutumance à une servitude qui ne se discute plus. Dans les conditions de survie imposées par la marchandise, le prix à payer pour cet accès à l’immunité artificielle que promet la machinerie du désastre – car l’autre est en voie de liquidation – ne peut qu’augmenter, ainsi que la soumission. Les prélèvements répétés, négociés entre gangs maffieux, le prouvent avec une insolente suffisance : il n’y a plus de malades, mais des clients solvables ou insolvables qui ne seront jamais soignés, mais plutôt tondus par une grande variété de techniques thérapeutiques charlatanesques ; elles ne sont rien d’autre que l’espoir mis en marchandises par les gestionnaires de la machine à taxer. Ainsi qu’un axiome de la police de la pensée le proclame avec une tranquille bassesse : « pour soigner l’homme du capital, rien ne vaut la médecine du capital. » L’illusion répandue par les complices de cette conjuration antihumaine est qu’il y aurait des protections à sauver, là où il n’y plus que des prébendes à défendre, des sinécures à conquérir.»

*Fusion qui n’est pas encore vraiment perçue dans l’ensemble de ses potentialités ; elle constitue un des éléments essentiels de la société cybernétique, et donc promise à un grand avenir dans la détermination des nouvelles frontières de l’existence de l’élémentariat, de ses circulations autorisées, de ses dépendances – organisation de la survie d’un travailleur-junkie, jetable, autour d’une immunité artificielle et fictive, provisoire et obligatoire pour permettre ses accès surveillés sur le territoire morcelé du capital, sa géographie de l’aliénation, sa temporalité saccadée.

Décembre 2020