SUR LE DEPARTEMENT DES EMOTIONS, CHAPITRE TROIS * mai 2002

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« De quel parti sont les habitants de la ville ? » SHAKESPEARE

« Dans la phase totalitaire de la domination, celle-ci fait appel, comme ultime ratio, aux charlatans provinciaux de la politique et leur système délirant ; elle les impose à la majorité des administrés déjà abrutis par la culture industrielle et la grande industrie. ». Max HORKHEIMER,  Théodor ADORNO

« Il faut prendre pour point de départ, et c’est sur ce plan que nous nous donnerons quelque chance d’affronter l’adversaire, que le travail n’existe pas, hors du système de représentations de la domination, c’est-à-dire qu’il reste à inventer par la guerre un autre mode de dévoilement de la réalité, la véritable communauté. ». TIQQUN

Ayant construit un produit de substitution de la négation – le mécontentement – les maîtres machinistes de la séparation savent que la négation peut surgir inopinément, plus violente qu’elle a été longtemps comprimée dans leurs dispositifs d’épuisement. Aussi, les planificateurs de l’absence disposent-ils d’une vaste panoplie de moyens dont ils usent sans vergogne dans la conservation de leurs productions anti-humaines. Employant les diverses spécialités de la désintégration méditée, telles les répugnantes sciences humaines, qui sont le savoir particulier de la police, sans que jamais ne soit écarté le recours à des méthodes d’écrasement plus rudimentaires pour éviter les zones temporelles de l’urgence, les laboratoires de l’ingénierie sociale construisent les revendications qui sont imposées à la masse enrégimentée, en leur imprimant une direction utile à la domination (a). Il s’agit le plus souvent de sinistres parodies de passions déjà refroidies dans une phase antérieure de l’oppression, qui ne survivent qu’à l’état de traumas chez les partisans standardisés de la servitude. Elles réveillent, chez eux, de pénibles souvenirs qui ne peuvent être combattus qu’en passant au travers du tamis de leur servilité. Ces ersatz qui sont les marchandises autour desquelles gravitent les employés du « Département des Emotions » du Ministère de la Vérité doivent censurer toute autre possibilité et contribuer à son effacement.

L’archaïque technique du bouc émissaire s’est sournoisement perfectionnée aux mains de la nouvelle police. Si la création d’une organisation politico-criminelle raciste dans les Etats a toujours eu pour but d’accélérer la décomposition totalitaire de leurs populations par la mise en place de conflits d’intérêts artificiels, afin que les véritables commanditaires de ce genre d’opérations de police, qui sont à la tête des Etats et des grandes compagnies industrielles et financières, conservent leur pouvoir à l’abri de toute attaque, elle a également pour but d’être présentée comme l’un des ennemis de la démocratie de la marchandise, alors qu’elle est l’une des pièces de cette farce ubuesque, un élément de son appareil de contrainte émotionnelle. C’est un rôle que toute bonne organisation raciste se doit de remplir avec une scrupuleuse fidélité ; fidélité qui peut aller jusqu’à la ruine de ces organisations, quand le moment sera venu de s’en débarrasser, car elles auront rempli leur rôle défensif. Une série de révélations opportunes, la destruction de monuments restés ouverts au public, quelques assassinats latéraux correctement infligés, des profanations marqueront la phase de décroissance organisationnelle prévue de ce mécanisme d’évitement social. L’appareil stalinien a expérimenté, à son compte, certains des préceptes de cet art de la déception quand la salle des commandes l’a mis en veille provisoire, sans que jamais son rôle dans le dispositif de la contre-révolution moderne n’ait été vraiment mis à jour (1). Les pseudo-historiens qui fouillent uniquement dans les archives piégées du gouvernement russe semblent ignorer que : «  qui veut servir doit au moins servir deux maîtres ».

Les hommes-liges du racisme, détachés de leurs anciens services et portés à la tête de leurs réseaux ne manquent jamais de l’appui de leurs patrons : ce qu’ils sont supposés conquérir leur a été, par avance, octroyé par les grands électeurs de la marchandise, avant d’être enregistré par un simulacre de scrutin populaire (b). Le degré d’autonomie que ces maffias possèdent, et que des médiatiques leur reconnaissent quand il faut épaissir le mystère, est à l’image de celle que n’importe quelle entreprise du capitalisme est censée avoir. Elles sont libres de leurs choix face à la clientèle, mais le personnel de direction doit en répondre devant les actionnaires qui disposent des mécanismes d’annulation.

Au temps de l’esclavage cybernétique, les techniques de cohésion sociale prétendent à une circularité parfaite. En bas, au racisme des crétins égarés par les procédés psychotechniques de la marchandise, correspond en symétrie, l’antiracisme caritatif d’autres crétins perdus dans les simulacres. L’efficacité de ce dispositif, construit en miroir, consiste à hisser le gouvernement de la marchandise qui le dirige, dans une sorte de neutralité technique face à ses esclaves. Il apparaît ainsi aux dupes, qu’il informe en permanence, comme un allié potentiel qu’il faut savoir convaincre, sinon comme l’arbitre de leurs querelles, vers lequel elles se précipitent dans l’affolement du désastre pour lui réclamer des lois et des protections, des proscriptions et des prisons.

Un achèvement de l’antiracisme synthétique peut donc être atteint paisiblement, sous les « feux de l’information », quand il devient aussi instructif qu’une discussion entre experts de la police, au Ministère de l’Intérieur, sur l’attribution des papiers d’identité de l’esclavage et le nombre de conditions à remplir pour être nommé esclave à Rome (2). Quant au raciste enfermé dans le cercle de ses pulsions désaccordées, il sait, jusqu’à l’écœurement, à quoi s’en tenir sur son utilité sociale de pantin de la servitude qui attend que ses maîtres lui fournissent un objet à persécuter : dirigé vers une cible de décharge, il n’accomplit son service qu’en devenant lui-même une cible de décharge ; sans être payé double par les dirigeants de cette machinerie qui impulsent, à date régulière, les cérémonies de haine et les signes de pseudo-négation à leur opposer. C’est une part qui n’est plus à négliger dans le travail de l’esclave modernisé que sa course sans espoir derrière les simulations de la domination.

Pendant ce temps, de l’autre côté du décor, l’élimination de grandes fractions de la population effectuée au nom du parti de la soumission continue dans les banlieues-usines du monde. Ces Saint Barthélémy de la marchandise semblent d’autant moins condamnables par les spectateurs magnétisés, qu’elles ont le mérite de les rentabiliser une dernière fois. Ils savent, depuis le sommeil de pierre où les a plongés l’information, qu’il leur faut respecter les verdicts de la marchandise qui est également raciste pour tous, et qui massacre sans s’encombrer d’ancien préjugés, qu’elle destine à ses esclaves.

C’est en adeptes d’Ubu que les Gaston Gloria de l’administration de la décadence viennent déballer leurs professions de foi anti-racistes, et les marionnettes de la rationalité marchande écoutent sagement les discours de ceux qui ont élaboré les programmes nucléaires et contribué à répandre les dangereux succédanés de la chimie agro-alimentaire, qui ont financé l’effondrement de la biosphère et occulté les épidémies de l’immuno- dépression, qui ont subventionné, pour leur défense, les maffias du racisme comme les leurres de l’antiracisme de leur police politique, qui finalement se sont réservé les moyens de la liquidation de tous. L’immigré « clandestin » est évidemment celui qui n’a pas eu la patience d’attendre que la mort le cueille dans son pays et ceux que les grandes compagnies et leurs Etats de complaisance massacrent ouvertement au moment des révoltes, les robots linguistes de la domination les proclament « autogénocidés » (3), sans doute pour marquer l’inouï degré d’automation que cette planète, usée en tous lieux, subit. On sent que les créateurs de ces expressions poétiques sont capables de tout. N’enseignent-ils pas à la jeunesse qu’au début du vingt et unième siècle il y aura trop de vieillards ? Sous chacune des fleurs de rhétorique de la pensée opérationnelle se dissimule la planification d’un crime industriel (c).

 

D’autres ersatz de la protestation falsifiée sont tout aussi édifiants. Le travail, qui longtemps fut une malédiction, est récemment devenu « une valeur en voie de disparition » pour l’individu qui revenait de sa liquidation, afin de contrer une folle rumeur qui prétendait que c’était la vie qui fuyait à gros bouillon vers un lieu inconnu, dans le fracas des mécanismes du nihilisme marchand. D’aucuns assuraient même y voir un rapport de cause à effet entre le travail et cette vie qui s’enfuyait, comme un point qui, soudain, bascule derrière l’horizon. Des négriers théologiens vrombissant autour de l’esclave et de ses psycho-marchandises qui le rassasient en le racornissant, ont écarté ce lien de causalité comme peu scientifique et comme étant une concrétion paranoïaque indigne d’une époque où tout ce qui est rationnel est marchandise, sans oublier le contraire par ce temps sans consistance qui glisse avec les images (d). Les plus furieux de ces penseurs avariés au service des trafiquants du travail ont élaboré une philosophie originale qui tend à prouver que les favoris de la fortune qui posséderaient cette infinie richesse se devraient de la diviser entre nécessiteux. Des produits dérivés aussi variés que « la réduction du temps du travail » ou le « partage du travail » résultats d’un « merchandising » acharné ont été proposés à l’adoration des masses, ainsi que des « fragments de reliques ». Tout l’art dans la manipulation de la perception a donc consisté à présenter la progression exponentielle de l’esclavage comme une libération souhaitée de la part des assujettis. L’attention de la masse est focalisée sur ce qui apparaît comme son intérêt immédiat – moins travailler – et qui, vite, se révélera une imposture, puisque le temps de travail dans la société cybernétique tend à coïncider avec la vie entière de l’homme : sur cette terre inhabitable, c’est le temps de présence qui devient le temps de travail. Sous la « réduction du temps de travail » se profile la politique d’intensification de l’esclavage marchand poursuivie par les innombrables oligopoles de la marchandise, propriétaires des Etats qui légifèrent à leur service et du personnel d’encadrement des masses. Ainsi que les premières expériences le démontrent, « la réduction du temps de travail » ne peut se résoudre qu’en accroissement de travail pour ceux à qu’il a été réduit (4). Il a permis d’amplifier la gestion scientifique de la survie, grâce à l’emprise de la machinerie scientifique du pouvoir totalitaire ; la taylorisation sortie depuis longtemps des anciennes usines, s’est diffusée dans l’existence entière, qui, sous le choc, s’est fragmentée en minces éclats, manipulables par les orthopédistes de l’âme ; la fusion homme-machine (5) qui avait connu un stade d’élaboration sophistiquée dès le début du vingtième siècle est en passe de s’achever sous nos yeux avec la naissance des non-personnes ceinturées par les réseaux de l’électro-ménager de l’esprit ; tant et si bien que dans les couches les plus liquéfiées de la population, l’apologie extrémiste de l’avant-garde anti-humaine sur les ceintures de chasteté de la prophylaxie cybernétique se donne des allures de discours libertaires sur l’émancipation de l’humanité. L’objectivation marchande de l’homme, sa réification, l’a transformé en un être à l’intériorité planifiable, en une simple pièce de l’organisation. Sur l’espace de la « non-vie », « quelque part » disent, avec assez de justesse, les fabricants de déserts qui dénombrent froidement leurs marchandises, la mise en conformité avec les directives de la survie organisée – ses lois du travail – débute toujours par la désertion de soi-même. C’est à ce prix que les assujettis du chaos final peuvent baliser de leur enthousiasme funèbre les différentes zones de sécurité de la marchandise. Les esclaves consomment tous les toxiques en commençant par eux-mêmes. La prolifération des marchandises témoigne sur l’extension du travail qui a imprimé sa structure à toute la conscience de l’homme. Les critères qui semblaient d’importance pour distinguer un homme d’un autre se sont effondrés. Le caractère d’unicité de l’intériorité humaine a disparu : soumise à une gamme limitée d’expériences terrorisantes, elle peut être reproduite à des millions d’exemplaires dépouillés de qualités intrinsèques. Les processus de l’épouvante scientifico-marchande ont contribué à faire des hommes quelque chose de comparable à des grains de sable, ou à un liquide ; choses qui ont pour caractéristiques d’adhérer rapidement aux formes qui leur sont données. Dans les terribles balances de leurs gardiens, les hommes et les choses pèsent d’un même poids.

Le travail cybernétisé est par excellence le lieu du malheur, puisque tout ce qui règne dans ce travail est toujours décevant, frappé du sceau de la marchandise : les satisfactions hallucinatoires qu’elle provoque tendent à s’effacer rapidement et les besoins demeurent. Toutes sortes de faim hantent ce monde, et les putains de la marchandise nous prouvent que les ersatz de la chimie agro-alimentaire ont conservé une valeur nutritive malgré les poisons, que les nouvelles couches atmosphériques sont aussi saines à respirer que les anciennes, que les mécanismes de socialisation artificielle sont plus propres que les antiques rapports sociaux, que la médecine soigne, que la mort est encore à la fin de la vie. Mais les enseignements de ces penseurs sanitaires «  ne vont pas jusqu’à l’estomac et l’âme, qui répondent à leur manière à ces stupidités, les gens dépérissent, désespèrent, tombent malades. » Ernst TOLLER.

L’imbécile souhait que Paul Lafargue exprimait dans le « droit à la Paresse » à savoir : « mater la passion extravagante des ouvriers pour le travail et les obliger à consommer les marchandises qu’ils produisent », s’est retourné contre les ouvriers, et a permis à leur « passion » de se réaliser au-delà de l’extravagance. Les affidés de l’avant-garde anti-humaine l’avouent désormais dans leurs râles humanitaires. Ils réclament, pour ceux dont ils gardent la passivité, l’instauration d’un « salaire universel ». Les prodromes de ce salaire universel sont désormais perceptibles au travers des subsides, des assistances, des aumônes accordés aux épurés de la marchandise : en échange de leur soumission qui est le contenu négociable de leur labeur qu’ils font dans les soutes de l’organisation intégrale de la survie, celle-ci daigne soustraire à ses maltôtes une sorte de sportule pour les accompagner dans leur mort sociale, dont le nord magnétique est la marchandise (e). Ensuite, ainsi que l’exige la division du travail, de plus qualifiés se chargent de convertir cette abondante matière première en objet de peur : chaque jour sur les écrans du contrôle, l’exhibition apprêtée d’un certain nombre de résignés de la marchandise, qui ont relancé l’emploi de faux-témoin, comme moyen de pression sur la masse des travailleurs, permet de relancer l’enthousiasme général pour ce qui est là. Travail et vie ont fusionné. Il faut laisser aux idéologues du « post-fordisme », cette plaisanterie du cybernétisme, le soin de se prendre les pieds dans les fils de leurs distinctions byzantines sur la production et la consommation et leur différenciation.

L’organisation intégrale de la survie ne reconnaît qu’une seule loi : celle de son accroissement et c’est dans ce but que chacun se voit réduit à devenir un travailleur sans salaire à certains moments de son existence, un manœuvre de la soumission dans un genre de « péonage » généralisé. Sous les proclamations d’une bovine sentimentalité des employés du spectacle sur la soi-disant disparition du travail apparaissent en filigrane les calculs de la logique marchande, qui étend ses lignes d’opérations dans ses Territoires de l’Ouest. A chaque baisse tendancielle du taux de satisfaction hallucinatoire produit par la marchandise en guerre contre l’espèce humaine, la multiplication des « services de proximité sociale » vient répondre par une mercantilisation accrue des rapports sociaux sur la base d’une inépuisable réserve de main d’œuvre dont les coûts approchent ceux des pays de l’hémisphère sud. La loi de progression cybernétique de l’utopie marchande a encore de beaux jours devant elle. Ces services garantissent la liberté de la marchandise ; ils étouffent les passions criminelles, ils moralisent ; ils établissent la délicate distinction entre les méchants qu’il faut réprimer, et les fidèles que l’on rémunère. Ils réalisent le projet de Jérémy Bentham du contrôle autogéré des esclaves : « La construction du panoptique donne tant de sécurité contre les révoltes et les complots, qu’on ne doit pas craindre leur réunion en petites compagnies, parce qu’il n’y a rien pour favoriser leur évasion, et qu’il y a beaucoup de moyens combinés pour la rendre impossible. » Et plus loin dans cette anthologie de l’horreur marchande :  « L’occupation, au lieu d’être le fléau du prisonnier, doit lui être accordée comme sa consolation et son plaisir. Elle est douce en elle-même en comparaison d’une oisiveté forcée, et son produit lui donnera une double saveur. Le travail, le plus grand des biens, pourquoi le peindre comme une malédiction ? » Elle est là, entièrement, l’amusante roublardise des humaniptères de la marchandise.

Ce qui a disparu n’est pas le travail, mais la conscience de celui qui s’effectue désormais au milieu d’un cortège de fléaux inédits, une des nouvelles richesses des maîtres machinistes de la séparation dans leur course programmée vers rien, repeint aux couleurs de l’utopie-fourmilière.

La grande affaire de cette fin de siècle n’étant plus seulement de produire des marchandises en masse, mais aussi de retenir les masses dans le cercle des fuyantes satisfactions qu’elles sont censées obtenir, l’écologisme, pensée hygiénique du panoptique électronique, est venu à la rescousse, comme un supplément d’âme pour les choses.

La saga de l’auto-dénonciation écologique qui partout accompagne le désastre comme son prolongement nécessaire, qui oriente le regard de ses adeptes sur certains aspects de la marchandise, afin de l’oublier, ainsi que ses irrésistibles progrès dans la désintégration, est un modèle de pseudo-négation élaboré par les services préventifs de la domination. Cette pseudo- négation de la marchandise qui s’est constituée en opposition contrôlée se présente, depuis ses débuts, comme la servante des intérêts de tous, mais à différents degrés. Aux assujettis, l’écologisme prétend offrir la garantie d’un ralentissement de la barbarie marchande, et une réorganisation sociale saupoudrée de quelques facéties convivialistes, accueillantes comme une sphère gazeuse aux confins de l’univers ; aux maîtres, que leur monde peut être sauvé s’ils régulent leur démence et freinent la décadence – du moins dans les apparences ; aux cadres, l’opportunité d’une rapide promotion dans les services d’intendance de la catastrophe et ses succursales multiples. Mais plus que cet aspect qui rappelle le souvenir de beaucoup d’autres tromperies, la pensée sanitaire du désastre est la fausse conscience de la décomposition, et l’un de ses meilleurs produits, dans lequel viennent se coaguler quelques éléments formateurs du racisme ; Il ne s’agit plus d’établir de rigides séparations entre les hommes sur la base des fausses identifications d’une pensée délirante pilotée par les profiteurs de la machine totalitaire. Au contraire, cette série d’identifications est rejetée par la nomenclatura du système au nom de Moloch. Leur pensée anhistorique est incapable de saisir que ces identifications réifiées ne subsistent pas uniquement comme les restes fossilisés d’un âge antérieur de la rationalité marchande, quand celle-ci a dû dissoudre l’homme en quelques composants simplifiés, dans les fournaises de l’usine-monde, mais qu’elles forment également l’ossature sur laquelle sont accrochées les chairs pourries des distinctions de la marchandise, et que c’est tout cet appareillage qui subsistera tant que la non-personne ne sera pas abolie.

Une des caractéristiques de la phase totalitaire de la domination, c’est qu’elle renoue ouvertement avec la barbarie de l’accumulation primitive d’où elle vient, et qui la hantait comme un mauvais rêve qu’elle doit répéter jusqu’à sa fin. Parlant au nom de la rationalité marchande, dans sa phase cybernétique, qui ne se souvient plus de ses ancêtres au-delà d’une génération, qui a promis d’en finir avec les sacrifices humains, les explications des eunuques médiatiques tiennent de la magie et du bluff élaborés en rituel de conjuration. Ils ne reconnaissent plus dans les identifications qu’ils élaborent pour humaniser la domination, la pensée délirante de la marchandise. La « race », le « sang », la « communauté ethnique » se sont fluidifiés au profit d’un dense réseau d’identifications d’une subtilité infinie, et qui sont les logos de différenciation visuelle que la domination appose sur ses productions. Ainsi ce qui est quotidiennement proclamé n’avoir aucun fondement, ni contenu scientifique – comme si le critère de jugement des immondices du racisme résidait là, quand il semble que le racisme est l’une des fleurs mécaniques cultivées sur le terreau de la rationalité marchande – peut se métamorphoser en un scintillement d’identifications : le chômeur, le consommateur, l’usager deviennent les catégories rationnelles, scientifiquement fondées de la domination. Dans l’écologisme, ce système dynamique de fausse conscience est portée à son point d’incandescence. On ne divise plus les hommes, mais les choses du monde marchand : la marchandise est condamnée au nom de la marchandise, certaines sont sales, d’autres très sales, et quelques-unes sont propres ; et c’est au nom des propres que l’esclave doit agir, vivre, se révolter, car les mauvaises marchandises qui l’entourent menacent l’ordre et la sécurité du monde. Ce « catharisme » de la marchandise, à destination des néo-parfaits de l’abrutissement industriel, récuse, par exemple, les marchandises de la chimie agro-alimentaire parce qu’elles nuisent aux marchandises de l’agriculture biologique, et la marchandise comme falsification et négation du rapport social, anéantissement de l’homme, est oubliée. L’apothéose de cette mystification a été récemment atteinte, et d’étranges sycophantes se sont lancés dans la description d’une nature immaculée, qui ne serait souillée que par l’homme. Et cet odieux « facteur humain » que l’on devra prendre, malheureusement, en considération pendant quelques temps encore, si l’on se base sur les calculs effrayés des tenanciers du système,

« est invoqué, comme la source de l’erreur, alors que la machine est irréprochable. C’est oublier la nature de l’esclave, la nature de la machine et la nature du maître. A l’instar de tous les racismes, c’est la haine de l’espèce humaine, gérée dans le sens d’une plus grande mécanisation. » (6)

A l’inverse de ce que prétendent de divertissants ludions d’une subtilité cardinalesque, l’écologisme, ce simulacre d’opposition, n’a jamais rien combattu, mais représente une force de falsification. Utilisée pour détourner la colère des populations soumises à la catastrophe, l’écologisme en tant que réaction planifiée de la marchandise, n’est que l’un des faux remèdes d’une époque ouverte aux charlatans : quand on va aux truffes, on se sert de porcs. L’écologisme est la sécrétion idéologique qui couvre la prolifération des services de la marchandise, et conséquemment la répartition des bénéfices dans la foisonnante couche du contrôle social qui gère le mécontentement. C’est sur cette base que l’on voit leur osmose avec des services de police pour la simulation d’exercices d’évacuation « en blanc », comme ils coopèrent pour des démonstrations de masse « en rose » ; l’intégration rapide de leurs cadres dans la production de la pacotille, pour inventer de nouveaux « hallucinatoires » ; leur participation à la gestion des « ressources humaines » aux côtés des autres spécialistes du maintien de l’ordre ; leur investissement dans la croissance des secteurs latéraux du commerce ; leur contrôle subventionné de latifundia associatives où, sous couvert d’humanitarisme, quelques nomenclaturistes protégés exploitent une main d’œuvre à des prix défiant toute concurrence ; leur course acharnée dans la conquête de structures étatiques qui leur permettent de capter des fonds gouvernementaux afin d’entretenir leurs clientèles.

On peut remarquer encore que les pseudo-luttes que l’écologisme fabrique et contrôle, jusqu’à leurs défaites prévisibles et voulues, ne sont le plus souvent que des tactiques de drainages électoralistes, dont la seule utilité consiste à propulser ces néo-propriétaires vers les sinécures de la machine à taxer. On peut les apercevoir, ensuite, leurs gueules enfoncées dans le tonneau sans fond des deniers publics. C’est le sort de toute parure démocratique que de muer en collier de Vénus. D’autres luttes servent directement leurs commanditaires plongés dans des guerres commerciales, dans un temps où les méfaits de la production devenus secteurs lucratifs de la production fusionnent parfaitement avec la propagande spectaculaire ; ils lui fournissent certains de ses éléments de terreur, indispensable pour la gestion émotionnelle des masses, quand ses directeurs doivent imprimer à la panique, une direction salutaire à la domination (d). Enfin, l’écologisme est un extraordinaire vivier de vocations médiatiques, que le spectacle suscite, quand il est dans l’obligation de faire rebondir l’explication de ses catastrophes d’énigme en énigme, jusqu’à ses culs-de-basse-fosse informatifs.

Le racisme et les leurres de l’antiracisme, la nouvelle idéologie du travail et ses produits dérivés, l’écologisme forment les trois versants d’une contre-révolution préventive qui mobilise les masses à son service et contre elles. Cette idéologie trinitaire, qui est une technique d’égarement de la négation, a pour but de maintenir les liaisons organiques entre les masses et le centre de ce monde : la marchandise. L’idéologie recomposée du travail couvre, en réalité, l’extension et l’intensité du travail dans la société de l’esclavage cybernétique. La manœuvre défensive de l’écologisme présente, à ses dévôts, le monde menacé par les mauvaises marchandises et « l’inondation humaine », là où le racisme, selon la zone géographique, le prétend attaqué par  l’inondation arabe, irlandaise, hispano-américaine, asiatique, et leurs « mauvaises passions », sans oublier l’éternel « complot juif », image renversée du véritable complot de la marchandise dont l’écologisme et le racisme sont des éléments à des titres différents. Bref si tous n’en meurent pas, tous doivent être égarés dans le système défensif, en cascade de miroirs, de cette « Maison aux mille étages ».

La société marchande qui est profondément incapable de maîtriser la spirale ascensionnelle de ses désastres – ses innovations technologiques dans le domaine de la dépollution ont même tendance à renforcer le désastre, en déplaçant ses zones d’applications – a choisi d’accélérer ses processus réificationnels. C’est un domaine où elle peut s’enorgueillir de performances exemplaires, de la multiplicité de ses stratagèmes de déception, de ses offres d’emploi.

Notons encore un trait commun dans ces trois faces de la propagande spectaculaire à destination des masses prises dans l’encagement : elles sont de stricte obédience malthusienne. Car, finalement, il n’est question que d’épurer les hommes sur le territoire de la marchandise, pour la sauver ainsi qu’ils espèrent. Ce n’est qu’un détail, on s’en doute, selon les mouvants critères éthiques de l’époque, mais il prendra toute son importance, quand ceux qui pilotent ce monde à l’agonie tenteront le redressement. Ils proposent une embardée supplémentaire dans la catastrophe.

« Enfin un conseiller machiavélique suggéra que les effets de la guerre pourraient être obtenus sans la guerre. Il suffisait d’obtenir du roi Hello un arrangement grâce auquel les hommes de Diranda s’entretueraient volontairement et pacifiquement. C’est alors que fut formé le projet de ces jeux passionnants – et meurtriers – (…) Dans toute l’île des proclamations annoncent la nouvelle organisation. Elle réussit à merveille. Les deux seigneurs enchantés des résultats, forment une amitié si étroite qu’ils décident de vivre dans le même palais, de dîner à la même table, de couper le même fruit de l’arbre à pain, de boire à la même calebasse, d’échanger périodiquement leur couronne et de parcourir souvent bras dessus, bras dessous leur territoire, méditant des programmes pour les hécatombes.

A ce point de son exposé, Mohi est interrompu par Babbalanja qui lui demande si les habitants de Diranda aiment ces jeux et s’ils acceptent bénévolement d’être ainsi décimés. Le chroniqueur lui répond qu’ils n’ont aucune idée du véritable objet de ces jeux. Ils s’assomment et se passent au fil de l’épée de la façon la plus joyeuse du monde. » Mardi – Herman Melville

Jean-Paul Floure

 

1-L’histoire des crimes du Parti stalinien français est une entreprise presque impossible, pour de nombreuses raisons. L’écriture de l’Histoire, en France, est presque totalement monopolisée par des historiens d’’Etat, et ils n’iront jamais jusqu’à mordre la main qui les nourrit ; ils forment plutôt une sorte d’inquisition déployée pour contrôler les archives et, dans certains cas précis, les occulter. Ils ont également pour rôle d’entretenir la population dans une grande naïveté : la consultation des manuels scolaires est, à ce sujet, extrêmement édifiante. Leurs concepteurs à partir de quelques procédés simplifiés de la falsification, et leurs utilisateurs de l’Education Nationale, formés d’une manière sommaire, quoique pour nombre d’entre eux triés sur le volet, veulent les ignorer par simple passion partisane, pensent-ils, quand il s’agit, le plus souvent, d’intérêts opportunistes qu’ils doivent servir en retour. Le parti « communiste » qui est un parti d’Etat, sait refroidir toute espèce d’enthousiasme au sujet de sa véridique histoire : depuis de longues années certaines de ses structures vivent en symbiose avec celles de l’Etat français, ce qui implique des capacités de réaction puissantes face à des attaques antitotalitaires, grâce à de nombreuses complicités, souvent inattendues, que ses hiérarques peuvent activer rapidement : la machinerie médiatique, qui est au centre de cette chaîne, illustre parfaitement cet aspect des choses. Il ne faut pas oublier que de nombreux intellectuels français – les compagnons de route – ont collaboré au travers du parti stalinien avec l’empire totalitaire russe dans ses pires phases, comme avec d’autres dictatures sanglantes ; ils ont en fait l’apologie éhontée, aussi ces falsificateurs sur commande veulent-ils se faire oublier, et, avec eux faire oublier les mensonges et les crimes des organisations dont ils dépendaient ; on se souviendra, comme bel exemple de cette faillite intellectuelle en auto-défense de l’élaboration de la toile de calomnies autour de Georges Orwell. L’Etat français, l’un des plus vieux de cette planète, et qui a su plusieurs fois se moderniser, dans des vents contraires, sait reconnaître ses alliés et ses défenseurs ; il sait accorder des protections à ceux qui ont pour but de désarmer toute critique, comme dans un ordre différent il en a accordé aux aboyeurs du faurissonisme, et selon les nobles ambitions que chacun nourrissait quant à la suite de sa carrière. Malgré cela, il arrive parfois que quelques fragments de vérité remontent à la surface – la vérité gît au fond des puits – quelquefois pour de mystérieuses raisons quant à la réalité de ce bastion défensif de la marchandise, dont même les authentiques archives soviétiques ouvertes-fermées, fragmentées-recomposées, ne veulent rien dire. Sans doute faudra-t-il chercher, avant qu’elles ne soient totalement anéanties dans d’accidentelles destructions, dans les vastes archives techniques des trusts industriels et financiers qui ont financé les multiples infrastructures du sommeil.

2-Les bavardages infinis sur les critères d’attribution des papiers d’identité dissimulent de plus en plus mal le véritable enjeu qu’entraîne l’afflux massif des populations chassées : celui de leur contrôle par diverses machines policières, qui veulent nous faire croire à leur concurrence, alors que leurs modes d’intervention sont coordonnés et complémentaires. La « proximité sociale » telle qu’elle apparaît dans les différentes zones pénitentiaires du panoptique impliquent quelques nouveautés dans les techniques de maniement de ces populations, pour les formater aux dimensions de l’agora des marchandises qui s’achève. Là où l’Etat semble ne plus pouvoir intervenir par ses commissariats, qui quelquefois, apparemment, tendent à disparaître, il fonde des associations qui sont comme d’invisibles prolongements de sa présence, de leur présence. C’est sans surprise, que l’on peut voir surgir des narco-syndicalistes, entre autres, qui viennent négocier une accoutumance de qualité pour leur peones. L’art est mort à ce qu’il paraît, mais la nouvelle police a racheté ses costumes, et toute une poésie spéciale a surgi du fantôme, comme un concentré de matraque. Elle est destinée à entretenir l’inconscience programmée, à la diriger vers les «  slogans, les formules, les mots déclencheurs » de la protestation falsifiée. D’ailleurs, comme disent les fleurs de cimetières à Cyberland : «  Quelle autre marchandise produire au milieu du désastre, là où les mailles de la misère se resserrent ?».

3-Le terme « autogénocidé » est un néologisme viril que j’ai trouvé dans le torchon Libération. Un expert en occultation informationniste s’en servait comme d’un éteignoir pour commenter des émeutes en Californie. Ce mot suit dans son usage la même logique que le terme « liquidateur », qui fut naguère employés pour dissimuler médiatiquement les déportés du nucléaire à Tchernobyl, et conséquemment l’existence d’un archipel du goulag d’un nouveau genre – modernisé selon d’obscures nécessités gouvernementales. Autogénocidé témoigne d’un très grand degré d’évolution dans l’emploi du vocabulaire comme dans sa création. Il constitue un record « d’auto-extermination » spirituelle exigible dans nombre de professions : l’aristocratie cybernétique en fait une marque de qualité chez ses employés.

4-L’abondante littérature apologétique consacrée à cet intéressant problème de la « réduction du temps de travail » par des auteurs de toutes obédiences démontre que la rationalisation du travail, son intensification, est une question de survie pour le capitalisme pourrissant. Elle fait revenir à la surface cette vieille question : quelle est la limite d’une journée de travail ? En répondant en quantitativistes acharnés, les cybernéticiens précipitent la réponse à un intéressant problème : quelle est la limite de leur monde ? La non-personne est-elle compressible à l’infini ?

5-La fusion homme-machine, que d’impudents crétins feignent de découvrir depuis l’autre matin, comme s’il n’y avait jamais eu d’usine avant leur récente venue au monde, a connu une extraordinaire floraison de théoriciens depuis plusieurs siècles, de grande époque, et toute une gamme d’artistes admiratifs. On leur doit d’impérissables monuments, d’émouvantes déclarations, dont celle-ci : «  Des hommes, des bêtes et des machines, soudées en un même outil (…) La machine représente l’intelligence d’un peuple coulée en acier. » Ernst Junger, La guerre notre mère. On consultera, à ce sujet, la revue « Tiqqùn » qui tente une percée dans ce domaine – à la vitesse de sept nœuds, mesure scientifique établie par notre institut de dromologie. Elle vient d’améliorer la qualité de la denrée par l’adjonction de pseudo-concepts qui, comme l’intelligence ne mènent nulle part : le système de représentations de fromages de chaises, stakhanovistes du faussariat littéraire – ou trash théorie selon la « théorie de la jeune fille ». Le symétrique « il-monde » , naguère, fut payé double par la sphère du mérite quand celle-ci brutalement fut restreinte. Ce qui ne doit pas être, sera secrètement égaré ( Mao-Tsé-toung). Ce qui est représenté est vraiment vécu, et le vaste reste déclaré irréel (Staline). Ceux qui ont été ouvertement éloignés, seront exterminés (Hitler). « Regardez ces crapauds ! » se désolait un empereur français constatant, depuis son cheval, la chute de sa machine.

6-BREVES REMARQUES SUR DES CATASTROPHES RECEMMENT SURVENUES  ET LES PROCHAINES (MARS 1989).

* « Sur le département des émotions » a été écrit pour l’essentiel au début de l’année 1997. Certaines références à l’actualité de l’époque en témoignent. Ce texte, que nous publions à nouveau et qui fait suite à un chapitre déjà publié, sur birnam.fr, en septembre 2020, avait été légèrement remanié pour l’édition d’avril 2002 (numéro I.S.B.N : 2-912165-04-0). Il était accompagné de deux annexes, dont l’une a été également republiée sur birnam.fr. La seconde annexe sera rééditée prochainement.

Depuis cette époque, toujours proche, où les principaux traits de la société cybernétique étaient repérables, discernables et prévisibles, nous avons pu voir la classe de la catastrophe et son parti de la soumission« cette congrégation de fourmis adorant un champignon vénéneux » – étendre sa domination planétaire, dans une tranquille série de putschs, éteindre les derniers vestiges de libertés, là où il subsistaient encore ; ces traits qui désormais en font toute la valeur et dont chacun peut apprécier l’incomparable saveur : l’esclavage augmenté. S’y sont substitués les combats truqués entre Clodius et Milon financés par Crassus, Pompée, César. Et les immondes gouvernements de la marchandise se sont renforcés au milieu de paniques instantanées se succédant rapidement, aussitôt oubliées. Partout la corruption s’est changée en routine, et de graves piscinaires publient la liste de leurs méfaits : ce qui augmente la confiance des clients de l’entreprise  ; des imposteurs expliquent, aux âmes endormies qui se sont enfoncées dans ce pays sans issue, qu’un gouvernement n’est pas choisi pour régler des problèmes, mais pour faire taire ceux qui les posent ; et l’esclave sans but, obéit sans colère. Des techniciens de la chose publique, d’un cynisme accompli, multiplient sciemment leurs destructions ; ils savent que : « même si des crimes avaient été autorisés dans cet Etat, on aurait fait très attention qu’ils ne fussent commis que par des criminels patronnés par les autorités. » MUSIL. Des médiatiques consacrent le règne de la terreur et de l’inquisition : le progrès de la société cybernétique ne sera jamais une nouvelle, et ne sera donc jamais annoncé. L’art est mort, vive la police ! Enfin contempler la médaille sans revers.

Plongé dans des abîmes de désolation par ses gestionnaires, l’esclave est devenu pour lui-même un objet de terreur. Il se pense sans pouvoir sur sa vie parce qu’elle est au service.

Croît vertigineusement « l’outback »… En dépit des faux rebelles à l’affût : « La police toujours zélée, cogne dans les figures qui ne sont pas assez enthousiastes. » Gabriel CHEVALIER , LA PEUR.

*Ceux-là croient encore qu’il y a des élections et, comble de leurs illusions, ils pensent de surcroît qu’ils votent alors qu’ils ne font qu’entériner le choix des membres du conseil d’administration de leur servitude ; qu’ils peuvent décider de la date et du lieu du naufrage, et trier qui viendra naviguer dans le canot de sauvetage pour toucher ses jetons de présence…

NOTES POUR L’EDITION DU 14 JUILLET 2022

a-« Nuit Debout », entre autres exemples s’est imposée, dans le sillage des « Indignés », comme l’une des grandes manipulations de ces dernières années. On peut la concevoir comme une esquisse programmatique de ce qui désormais est mis en place autoritairement : la politique des limites à destination de l’élémentariat afin de le juguler. Nous avons annoncé et décrit à plusieurs reprises cette politique des limites, son personnel et ses raisons d’être sur Birnam.fr.

b-C’est ce que nous venons de voir en mai et juin 2022. Techniques déjà éprouvées lors des précédentes supercheries électorales.

c-Ceci était écrit à la fin du vingtième siècle, et dans le premier quart du vingt et unième siècle le gouvernement mondial de la marchandise à mis en place dans l’indifférence générale un ensemble de procédés, de moyens, de lieux, gouvernés par des sociétés par actions protégées par la loi pour contrôler et diminuer à bas bruit le poids démographique des vieillards tout en s’appropriant la plus grande part de leurs salaires différés. Dans la société cybernétique toutes les opérations accomplies sont non seulement remarquables pour la qualité du contrôle effectué sur les populations mais aussi par leur caractère profitable pour un groupe restreint de structures oligarchiques qui règnent ouvertement sur la destruction de la vie. Elles s’établissent sur des séries d’enclosures qui configurent et reconfigurent des périmètres exploitables. Il nous faut considérer ce retrait médité des « inutiles au monde » comme l’autre versant des politiques anti-natalistes d’un féminisme supposé de la société cybernétique.

d-L’une des pointes les plus avancées de cette idéologie se manifeste dans sa pureté fonctionnelle sur le site Palim Psao où officient de dignes représentants de la classe managériale de la société cybernétique et d’une critique apologétique renouvelée – d’un marxisme universitaire dévitalisé, d’un pédantisme exagéré. Leur adhésion jésuitique aux différentes politiques de l’injection tout au long de la pandémie de conneries stipendiées a démontré les limites de leur prétendue opposition. Jacassant sans fin, et sans résultat tangible, sur une théorie de la valeur toujours plus théorique, se noyant dans de pauvres détails sans importance, multipliant les références à des personnages plutôt douteux ou insignifiants élevés au rang de dieux tutélaires, papotant à la radio ou dans les journaux mainstream, ils ont été incapables de mettre leurs admirables concepts à l’épreuve du feu durant ces trois dernières années. Jetés en l’air, ils retombent toujours du côté des manches – voir Lundimutant : le gardien de toutes les passivités agitées.

e-La « politique des aides sociales», dans laquelle les bureaucrates de gauche déploient leurs talents -ils promettent de ruisseler sur les pauvres quand ils se baffrent-, est une politique de division menée rationnellement pour maintenir les pauvres dans une dépendance perpétuelle qui ne leur assure qu’une survie problématique – les mater durablement est l’ambition centrale de toute relance sociale. Elle est l’un des composants « des moyens combinés » par lesquels la classe dominante assure sa suprématie sur une grande partie de l’élémentariat.

f-Cf le fameux « réchauffement climatique » comme Armageddon spectaculaire à destination de la jeunesse, élaboré par l’ingénierie émotionnelle et ses techniciens, est l’un « des moyens combinés » utilisé sans vergogne afin de la détourner d’une véritable réflexion sur les qualités de la société cybernétique et de son avenir.

g-On trouve sur birnam.fr descriptions et analyses de ce mouvement qui s’est intensifié depuis le début de ce siècle. L’âge heureux de la consommation et des pseudo-libertés qui lui était associées a pris fin.