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LE CARNAVAL DE LA MORT, EFFETS SECONDAIRES DE LA SYSTEMATISATION DESPOTIQUE : UN SYNOPSIS – nouvelle édition augmentée

 

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« De même qu’aux individus qui s’enfonçant dans cet ordre, se détachent de tout et aspirent à l’être-pour-soi inviolable et à la sécurité de la personne, le gouvernement doit dans ce travail imposé donner à sentir leur maître, la mort. » HEGEL

Nous republions ici les courts « addenda » programmatiques qui accompagnaient un texte publié au mois de décembre 2021 sur birnam.fr sous le titre « Premier contact ». Ce texte narrait, en partie, les désopilantes boucles de rétroaction de L’Internationale Négative, un groupe de courageux maquisards, qui en suivant de longs détours, déboulait dans nos plaines injectées et pacifiées depuis la montagne idéologique où elle avait ses retraites estivales et sa redoute ; avec pour unique arme un bidule textuel prototypal (1) – toujours en voie de certification auprès des Bureaux de la Nouveauté. C’était une sorte de machin à qui l’automation, en voie d’achèvement, de la presque totalité de la production intellectuelle sous le règne de la société cybernétique confère désormais un aspect aussi moderne que le furent, à leur époque, l’inoubliable scoubidou, le formica et même les trop longs jets de merde gauchiste émis à seule fin de repeindre le monde en marron. 

On s’étonne que ces pseudo-négatifs aient pu faire à la main, hier encore et dans le noir, ce qu’aujourd’hui des machines réussissent à débiter, en plein jour, dans une perfection kilométrique – en meulant les soudures et en dissimulant les mauvais raccords. Et cela pour accompagner de quelques paillasseries supplémentaires une époque où il est devenu presque évident, pour les plus endormis, qu’un gouvernement, dont la légitimité s’est restreinte à sa propre sphère – ils n’ont jamais tenu leurs mandats que d’eux-mêmes et de la marchandise – , puisse momentanément obtenir les utiles et divers effets de la guerre sans vraiment la faire, mais en la déclamant à tout moment comme étant son centre et son unique désir, de manière à satisfaire les nombreuses convoitises qui permettent l’indispensable et nécessaire existence de cette guerre ailleurs(2) tout en dissimulant celle qui est réellement menée ici et, le plus fréquemment, ne se maintient que par l’habitude et le goût que l’on a d’elle ; de la prolonger dans le dessein qu’elle ne cesse jamais ; soit, ou devienne, la seule force autour de laquelle les autres sont tenues de s’agréger afin de ne pas se défaire, d’en donner l’apparence, ne fût-ce qu’en massacrant un peu, par distraction et de temps à autre, leurs esclaves ; leur donner ainsi le loisir de préférer leur servitude à la liberté.

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C’est un facteur tout récent dans sa survenue que les bienfaits d’un gouvernement se concentrent uniquement dans sa disposition à distribuer ses cruautés par vagues croissantes et incessantes – une anesthésie – afin que plus personne n’ait le temps de les savourer lentement, d’établir des échelles entre eux, de telle sorte, et selon les intérêts qu’on leur porte, de les garder et de s’en goinfrer, plutôt que de les distinguer un par un, de s’assurer de ce qu’ils sont vraiment et les rendre fielleusement ou les vomir, comme autrefois.

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Il faut que les esclaves puissent vivre avec leurs maîtres sans même pouvoir les reconnaître et les désigner, et que ceux-ci, comme s’ils étaient d’une espèce différente, se tiennent resserrés dans leurs métiers et leurs occupations, sans qu’ils aient la fatigue d’exposer ou de justifier les véritables motifs de leurs conduites et de leurs actions.

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Autrement dit, il s’agit, pour cette tyrannie qui nous a fait les dépositaires de la raison qui l’anime et nous conjure de la défendre comme la nôtre, de consolider sans heurts ses récentes expropriations. Elles lui ont donné l’occasion de rebondir de désastres en désastres ; de se survivre à elle-même sauvée par ce gong et ses échos ; de multiplier ses incontestables moyens dans un assentiment général ; de renforcer sans fin ce qui a déjà été obtenu, plutôt vite, pendant le leurre pandémique, par des procédés essentiellement propagandistes et par des séries d’aliénations majoritairement consenties par le  « troupeau-sol » hébété ; et donc de « simplifier (3) » à l’infini, comme on peut le voir chaque jour, l’extraordinaire rationalité qui règle sa marche et l’affranchit de toute limite, jusque dans ses moindres détails, sans qu’aucune opposition ne se manifeste avec conséquence et se libère – ou le veuille un tant soit peu – elle aussi, des désolantes conventions et tabous qui l’encombrent, l’empêchent et l’annulent depuis des temps immémoriaux ; une opposition qui n’accepte de se détacher des quelques servitudes et privations particulières derrière lesquelles elle traîne ses contestations et se défait que pour se diriger vers une servitude plus grande.

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Il est vrai que les derniers temps de la mise en place d’une tyrannie sont toujours surprenants pour ceux qui pensaient que cet accomplissement ne viendrait pas. Ils ont accepté de perdre en chemin l’évidence de ce terme, comme si la réalité de cette tyrannie s’estompait, et fuyait sa véritable définition, pour eux, au fur et à mesure qu’elle s’imposait par un ensemble de moyens réputés non-conventionnels et si déloyaux, prétendent-ils, que ceux qui se croient bien plus que des esclaves ne peuvent ni ne veulent en imaginer la survenue dans la pratique gouvernementale et encore moins, désormais, les fructueux usages, très ordinaires, de ces outils d’une relative nouveauté (4). Ils sont nécessaires pour accompagner et redéfinir les « droits » de l’Elémentariat. Droits qui n’ont jamais cessé d’être virtuellement améliorés jusqu’à leur disparition effective, pour autant que l’on ait pu, auparavant, attester de leur existence.

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La phase terminale de cette tyrannie a le malheur d’expliquer ses phases antérieures : de montrer, par exemple, sans équivoque, le vaste cercle des complicités qui l’ont désirée et rendue possible, et conséquemment de tuer dans l’œuf les misérables et inconséquents bavardages sur « les dérives de la démocratie » et autres foutaises du même tonneau sur lesquelles s’excitent avec leurs coloriages, les incomparables eunuques de la décennie, ces intelligences en réseaux qui nous surprendront toujours par l’exemplarité de leur soumission et leurs délations subséquentes : celle-là expliquant celles-ci.

Ces courts « addenda » revenaient sur un texte de Fabio Vighi (1) sur lequel s’appuyait cette fameuse Internationale Négative disparue depuis, et comme par enchantement, dans son dédale de surprises conceptuelles – son train fantôme.

7 mars 2024

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En rétablissant une partie de la chaîne des causalités matérielles du « Coup du monde », s’il est un reproche à faire à Fabio Vighi, ce n’est pas d’être complotiste, mais :

1- de l’être insuffisamment : en excluant de nombreux faits de malthusianisme économique survenus précédemment dans la sphère productive ou en ne les analysant pas pour tels ; comme si une sorte de guerre clandestine et permanente, hors limites, élargie à tous les secteurs de l’économie, avait été livrée depuis de nombreuses années d’une manière désordonnée mais consciente par toutes sortes d’agents d’une économie ouvertement maffieuse et employant sans vergogne ses méthodes, en les rénovant par l’adjonction de nouvelles techniques (la construction des méthodes spéciales de dépouille financière, par exemple, qui accompagnent, appuient et sélectionnent les ravages techno-industriels dans le but d’en accroître et d’en consolider les effets, afin d’être dans le définitif et l’indiscutable) ; en élargissant leurs zones d’activités jusqu’à des domaines qui avaient été, jusqu’à très récemment, laissés à l’écart ou négligés ; en se souciant comme d’une guigne de l’amas de principes moraux destinés à présenter aux peuples les désastres en cascades de la société cybernétique, ses catastrophes fabriquées, sa politique du bord de l’abîme comme des résultats hasardeux, jamais réellement prévus, jamais vraiment voulus dans leurs diverses conséquences, toujours lucratives et toujours renforçant le système qui les a choisis pour se maintenir.

Ce sont les ulcères et les plaies du monde qui font la santé, la fortune et la force de la société cybernétique. La sensation toujours manipulée des innombrables nuisances engendrées par la production et la consommation des marchandises est devenue un facteur de soumission aggravée, ne fût-ce que par l’imposition acceptée de nouvelles limitations pour toute possibilité de libération réelle. Il ne s’agit pas tant de lutte contre le réchauffement climatique, par exemple, que de faire croire aux assujettis, pris dans ce piège, qu’il leur reste, au moins, un intérêt en commun avec ceux qui les gouvernent en multipliant de « durables » contraintes pour les « sauver ».

Le mal économique a été transformé et divisé rationnellement en instruments de gouvernement dignes de Machiavel : les cybernéticiens ont reconnu dans cette déchéance généralisée, aussi bien morale que matérielle, leur propre puissance émancipée des soucis du fragile mode de production agraire et de sa civilisation qu’ils ont détruit pierre après pierre tout en effaçant son souvenir sous une nuées de calomnies – l’idéologie du progrès sous ses multiples formes. Ils y ont trouvé un programme de réjouissances, une exigence vitale, et de quoi décourager leurs opposants pris dans la tourmente des urgences écologiques et la recherche ponctuelle de remèdes chimériques – les spécifiques d’un néo-réformisme aussi illusoire que les précédents. La pollution qui était, semble-t-il, le malheur de la pensée bourgeoise, est devenue sa véritable splendeur matérielle et la meilleure de ses récoltes dans le jardin de l’utopie-capital où tous les « projecteurs » du néant se sont assemblés en ordre de bataille pour nous en trouver toujours de nouvelles, dans ce laboratoire de toutes les expériences possibles. Ce ne sont finalement que les méthodes séculaires du Capital qui ont été grandement améliorées et transposées, que l’on a préféré ignorer – par paresse intellectuelle, parce que l’on veut croire aux excuses des gouvernants, parce que l’on a un fonds idéologique commun avec eux, ou simplement pour se rassurer – avant la survenue de la relance par le coronaruption, sa « logique vaccinale de nasse ». Il n’est finalement que l’aboutissement d’un processus qui était prévisible et, désormais, il s’est transformé en « gentlemen agreement » entre les multiples factions composant la coupole maffieuse du gouvernement mondial de la marchandise, qui se sont trouvé un point d’accord et dont l’unique crainte est de voir disparaître, ou remises en question, toutes les formes de désastre qui ont été développées historiquement autour d’un unique motif qu’ils redessinent inlassablement : gouverner le monde sans qualité de la marchandise, ce miroir de leurs âmes.

Ce monde, ou ce qu’il en reste sous la conduite de ses possesseurs nihilistes, menace perpétuellement de perdre de vue ce qui le structure centralement depuis de nombreux siècles, ce qu’eux-mêmes poursuivent par tous les moyens à leur disposition, les yeux grands ouverts, sans jamais l’atteindre, mais qui leur semble toujours aussi enviable qu’aux premiers jours de leur existence en tant que classe – sous ses différents aspects et représentations diplomatiques : organisations bureaucratiques, partis, syndicats, trusts, sociétés secrètes, réseaux, propagande… Et donc, en oubliant ce principe de leur constitution, en le laissant bafouer, de se dissoudre à tout moment et nous mettre tous dans la regrettable obligation de trouver nécessairement, ou restaurer, un tout autre principe.

On admet, désormais et avec raison, le rôle de la loi de la valeur dans la survenue et l’agencement des désastres en cascades qui frappent le monde à coups redoublés ainsi qu’une fatalité – le dessein involontaire de la marchandise, on feint de le croire – engendrée mécaniquement depuis de lointaines origines, mais il est presque impossible d’admettre l’une de ses faces constituée d’un mélange, plus qu’évident, de volonté humaine – variable selon les époques – de pratiques et de méchancetés, au sens machiavélien de ces deux termes, d’actions et de choix stratégiques en vue d’atteindre certains résultats profitables au petit nombre, qu’enrobe cette loi de la valeur d’un aspect objectif et d’une pellicule prétendument « scientifique »… L’automation recherchée de la décision dans les domaines subalternes du gouvernement de la société cybernétique, afin de décourager les désobéissances d’employés frappés par le mal moral – le mal du siècle – ou qui voudraient poursuivre leurs propres buts, ou pour éviter qu’ils en sachent trop long et déduisent vite et simplement, n’a pas encore couvert tous les pans du gouvernement de la société cybernétique ; ils agissent tous comme des machines, mais tous ne sont pas des machines. Ce « Docteur Mabuse » collectif ne se reconnaît qu’une seule obligation : maintenir l’infernale cadence de sa progression et ne développer que les instruments qui lui permettent de passer de l’enfer marchand au paradis cybernétique, cet « abîme de terreur ».

Qu’un quelconque cartel puisse mettre le feu chez ses concurrents, ou qu’il empoisonne un fleuve, ou qu’il entretienne une armée de tueurs dont il négocie les contrats comme s’il s’agissait, somme toute, d’une affaire aussi banale que l’explosion d’un réacteur nucléaire, qu’un gouvernement apparemment choisi par les esclaves, comme « le syndicat des amis du crime » l’est véridiquement par ses « optimates », puisse se livrer à des actes de barbarie sur sa population, à défaut d’aller les commettre plus classiquement chez son voisin dont il sait que celui-ci lui rendra la politesse, ou qu’il assassine ses vieillards sous le prétexte fallacieux qu’ils sont improductifs, ou qu’il fabrique une maladie, qu’il invente une épidémie en suivant une logique de répression purement sadienne travestie en logique sanitaire et en « zèle humanitaire », qu’il transforme ses parlements, qui n’étaient déjà pas grand-chose, en bivouacs pour ses manipules, et nous voilà dans l’impensable. C’est une position vouée à l’échec que de postuler l’inconscience de son adversaire quant à ses actions coordonnées, quant à ses moyens et à leurs véritables buts, qu’une armée de faussaires et de ténébrions médiatiques couvre d’un manteau d’infamie supplémentaire.

2- de l’être modérément : en surévaluant le motif économique, d’une manière trop unilatérale, et en faisant passer au second plan le facteur spirituel ; en limitant le nombre de causes et de corrélations à établir entre l’apparition miraculeuse du coronavirus et la situation économique et sociale ; en évitant, bien sûr, de considérer la situation prérévolutionnaire engendrée par les dernières innovations du gouvernement mondial de la marchandise dans un grand nombre de pays comme étant l’une des causes essentielles de cet arrêt simulé de l’économie par l’imposition d’une décroissance autoritaire et l’instauration d’une illusoire politique des limites, signatures d’une opération d’expropriation généralisée et d’une guerre essentiellement dirigée contre la population.

3- de l’être tardivement : les nombreuses vérités que contient le texte de Fabio Vighi auraient assurément mérité d’être dites dès le début du « Coup du monde », si elles n’avaient pas été déjà dites par d’autres que l’on fait mine d’ignorer. Leur utilité en aurait été incontestablement plus grande car elles auraient pris place au moment adéquat, au même titre que le texte de Gianfranco Sanguinetti : « Le despotisme occidental ».

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Plutôt que d’accepter, n’en rien dire comme d’une maladie honteuse, l’ensemble consternant et pitoyable des textes émanant du milieu informé auquel vous appartenez, il eût été préférable d’effectuer rapidement la recension critique de ces immondices de la pensée neutralisée, ainsi que le but tactique visé consciemment par un grand nombre des fabricants de ces fables publiées sur tous les supports c’est-à-dire ménager des délais à l’opération oligarchique en cours ; dissimuler les véritables intérêts qui s’agitent à l’arrière-plan de cette faillite de l’esprit organisée de longue date par une faune interlope qui a voulu croire tous les mensonges qu’elle a entendus, qu’elle a vus, et chez qui l’on ne réchauffe que les plats empoisonnés par l’information, puisque pour nombre d’entre eux, leurs contrats leur interdisent d’en cuisiner des véridiques et des méchants.

« Or, il y a trois sortes d’esprits : les uns savent découvrir ce qu’il leur importe de connaître ; d’autres savent discerner facilement ce que d’autres leur présentent ; enfin, il en est qui n’entendent ni par eux, ni par autrui. Les premiers sont excellents ; les seconds sont bons ; et les autres parfaitement nuls. » Machiavel

birnam.fr

14 décembre 2021

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Notes :

1 – L’ensemble des références à ces deux textes, celui de l’Internationale Négative ainsi que celui de Fabio Vighi peuvent être trouvés sur le site « Les Amis de Bartleby ».

2 – Sans négliger par ailleurs la volonté de certains représentants oligarchiques d’ouvrir un second front dans le but de soulager la décomposition ukrainienne par l’imposition d’une nouvelle contre-offensive arrière : ce qui a motivé les raides et récentes protestations de plusieurs pays sur le choix du ou des territoires sur lesquels ces braves gens se proposent – ou se proposeraient – de mener leurs actions de représailles en organisant un inédit Sedan, sur la base d’une nouvelle dépêche d’Ems par eux-mêmes écrite depuis Gleiwitz ; sans nous dire quelles sont les proportions de populations injectées qu’ils seraient – ou sont – prêts à sacrifier pour assurer les bénéfices de leurs commanditaires, pour ne pas vaincre une fois de plus ; sans même que les innombrables commentateurs, même les plus insolents, de cette énième déception sur une défaite en cours, qui gonfle joyeusement les cours de la bourse, envisagent que ce deuxième front, déjà ouvert, est désormais perdu – tant les talents qui s’y sont exercés étaient incomparables par leurs compétences.

3 – C’est désormais l’un des maîtres-mots de la société cybernétique. On a pu remarquer, depuis quelques temps, son usage excessif dans de nombreux domaines déjà frappés et reconstruits par des chapelets d’algorithmes ; cela jusqu’en géopolitique et sans négliger la guerre qui, elle aussi, a été, grâce à diverses simulations, « simplifiée » à l’excès, jusqu’à être menée méthodiquement et avec économie, maffieusement, sans munitions, sans stratèges ni tacticiens, avec, peut-être, des « troupeaux-sol » sans même que l’on définisse les qualités acquises par celui-ci avant les réductions d’effectifs qui suivront le déminage. Participer à la défaite en « simplifiant » sa réalité… Dans la société cybernétique « on peut, sans rien dire à personne, doter un mot d’un sens nouveau qui ne sera connu que de quelques-uns ; on peut éviter l’emploi d’un mot auquel est attachée une mauvaise réputation, et le remplacer par une périphrase aseptisée : « police » est donc devenu « service de proximité sociale » qui est aussi la nouvelle définition de « syndicat », les maîtres ayant de la sorte, enregistré la fusion des différentes branches du contrôle, dont l’une s’est éloignée à l’infini dans la représentation, et à rejoint l’autre ; on peut aussi niveler les sens, affadir la force évocatrice de certains mots, les banaliser volontairement par un usage à tout propos : ainsi de « passion », « solidarité », « tolérance », « catastrophe » etc. D’autres mots encore sont enrichis par des adjectifs qui naguère étaient appliqués à d’autres domaines : les pluies sont donc acides, les neiges chimiques, les vents nucléaires, la terre stérilisée, le vivant brevetable, le citoyen informé ; ce sont autant de nuances nouvelles que ces réalités ont gagné et qui nous prouvent que le champ de l’expérience humaine reste ouvert. Par une métamorphose supplémentaire et qui ne doit en rien surprendre, un génocide est chimico-nucléaire, un putsch sismique ou hydrologique, une guerre météorologique, un état d’urgence électrique… » Brèves remarques sur des catastrophes récemment survenues & les prochaines, mars 1989. On a même pu remarquer que c’est jusqu’aux femmes que le processus de « simplification » s’est étendu, si complétement que le concept en a été durablement assoupli et si bien que n’importe quel homme peut prétendre, désormais, mieux l’être.

4 – On s’étonne encore, comme d’une chose inédite, que l’Etat israélien, le cinquante et unième, cette effrayante abolition des juifs par leur propre gouvernement, utilise l’arme de la famine pour parfaire l’ethnocide auquel se livre cet Etat, dans sa projection normalisatrice et sa mimésis « protestante », sur les Palestiniens, leur double expiatoire, dans le camp de concentration de Gaza, quand la presque totalité des Etats occidentaux l’ont utilisé : 1- historiquement sur leurs propres populations (en Irlande, qui est le plus connu des exemples ), 2- partout où ils ont étendu leurs possessions et leur domination, 3- le succès de cette arme ayant été universellement reconnu, ils l’ont scientifiquement améliorée par l’invention de « l’abondance empoisonnée » et ses famines segmentées.

CORRESPONDANCE

 « Monsieur CALVEZ,

Je n’ai pas pour habitude de tailler des bavettes sur des entités métaphysiques, des êtres imaginaires, et parfois des chimères, avec un perroquet borgne empaletocqué dans les foutaises idéologiques structurant son champ de perception, comme autrefois, pour d’évidentes raisons, l’on se refusait à engager un duel au sabre avec un homme-tronc, malgré ses amusantes provocations. A lire vos misérables affirmations, une conséquence d’un siècle de progrès démocratique, il me semble que votre tête, aussi, s’est éloignée et que, par la même occasion, cette montgolfière chassieuse, catapultée dans un ciel de magnifiques abstractions, vous manque pour juger sainement des boueuses croyances auxquelles vous adhérez ; flaques de sanies médiatiques que vous nous allongez si pieusement pour vous définir ; crasses émises par une propagande trop connue et qu’une élémentaire délicatesse de mœurs m’empêche de répéter. Elles font de vous le citoyen-modèle de la plus parfaite des utopies (a). Votre cas est désespéré et je ne suis pas médecin.

Monsieur Michéa-le-champêtre tonitruant a donc trouvé, grâce à vous, son lecteur idéal. Une si parfaite défense d’un aveugle de métier de la part d’un sourd de rencontre mérite en contrepartie sa récompense. Vous devriez lui demander de vous livrer quelques centaines de grammes du foie gras que son épouse fabrique – le meilleur du coin où il habite*.

11 février 2024

Jean-Paul Floure

NB : La dernière phrase de mon commentaire était un sarcasme. Il est remarquable que les raides anti-complotistes, qui se sont décernés mutuellement des brevets d’authenticité morale, qui ont été peu ou prou délateurs chevronnés des supposés complotistes lors du précédent raz-de-marée informationniste, pour le confirmer de leur zèle d’aboyeurs ou parce qu’ils sont des anarchistes gouvernementaux et d’Etat, qui précédemment ne voyaient de coup d’Etat nulle part en voient désormais partout et cela à la moindre des occasions, afin de parfumer leurs proses d’eunuques. Il leur faut s’adapter mélodramatiquement au rythme d’une clientèle qui s’échappe vers des horizons moins altérés par leur présence et leurs mensonges. Les chaînes de la logique sont quelquefois surprenantes chez les neutralisés – effrayés à l’idée que l’on puisse les soupçonner d’être des fascistes – qui ont du courage : après.

*Je ne doute pas que si ce bucolique bobo s’était installé auprès d’une tribu d’anthropophages du côté de Bornéo ou de Java, plutôt que chez les Panaris ou les Tournioles aux coutumes et traditions obscures des déserts abandonnés du Sud-Ouest, ce serait chez lui que les meilleures préparations culinaires auraient lieu. Dans le Parti Médiatique, on évite désormais de parler de dentisterie, les doigts ont pris la relève – plus ils nous manquent, plus on est dans le vrai. Il est également vrai qu’à monter sur les tréteaux, ce boboglier domestique s’est condamné à faire le bouffon sur France-culture.

(a) La perversion de certains concepts chez vous est remarquable : où et quand avez-vous vu que le peuple choisit ses représentants et que la voie de ce qui était désigné, autrefois et chez certains auteurs, comme « alternance unique » est désormais fermée – il y avait donc une permanence ouverte après minuit que l’on ignorait ? Vous devriez relire les précédents opus de votre vedette. Pouvez-vous nous définir ce que vous entendez par le mot « peuple » dont vous vous soûlez, au lieu de braire comme un âne quand vous me lisez ? »

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L’un de mes commentaires, presque sympathique, somme toute, sur un extrait du dernier livre de Jean-Claude Michéa paru sur le site d’informations échologistes « Les Amis de Bartleby » ayant appelé l’aigre réprimande d’un nommé Calvez, je lui ai répondu : à la hauteur de ses mérites et des sophismes auxquels cette créature adhère avec l’ensemble de ses paralogismes constitutionnels. Ma réponse après avoir été publiée, comme l’avait été précédemment mon léger commentaire sur les pages 126-127 du dernier livre de Michéa-les-coïncidences, a été, au bout d’une vingtaine d’heures retiré de ce site. Emporté et crucifié dans cette censure, le commenteze de ce pénible Calvaire sur mon commentaire et, paradoxalement, le commentaire d’une délicate plante opportuniste se présentant comme un lecteur assidu de ce même site. Celui-là me reprochait de n’être, car eux le sont, ni civilisé, ni de bonne compagnie, puisque ne mettant pas de miel là où ce délectable réfractaire attendait que je l’étale pour qu’il puisse avaler ses sacrements. Cet extrait de troupeau ayant subi ce scandaleux manque de matière et de plaisirs sur son monticule – dans cette venelle informatique où ce fidèle apparaissait – réclamait à demi-mot la censure de mes méprisants propos sur la démocratie, son idéologie, sur les anti-complotistes… Il est vrai que j’y avais mis du fiel et peut-être pire pour ces derniers – les anti-complotistes – dont l’espèce a proliféré dans la garenne intellectuelle où ces larrons d’élevage avaient leurs aises pour y cultiver leur gangrène expérimentale et leur gloire. Ces experts en psychopathologie politique ont participé à la vaste campagne de dénonciation organisée par le pouvoir oligarchique pendant la pseudo- pandémie, afin de le parfaire dans l’une de ses plus évidentes conséquences policières. Ils méritent que l’on se souvienne de leurs œuvres.

Enfin, pour préciser, j’ai aussi commenté le test de loyauté effectué par Jean-Claude Michéa sur une chaîne culturelle : cet homme d’essence ordinaire s’étant poussé de la hure, jusque dans la capitale où il a son micro, dans le but d’accrocher de petites et hilarantes suites à son ouvrage. On peut toujours l’admirer, dans la fonction de Zopire, là où il se donne dans un saignant « podcastre », lui et son régiment de platitudes, qu’il a mené tambour battant.

On peut également voir, sur le site « Les Amis de celui qui tait sa gueule », à l’endroit exact où l’emporte-pièce de ces censeurs a fait son trou, juste au fond du silence rempli par le mur de briques de ces calfats, leurs pitoyables justifications. Il est vrai que ces « Copines du Lieutenant Drogo » n’ont jamais prétendu être « Les exécuteurs testamentaires de Billy Budd ». On y est comme sur un radeau, chez eux, plutôt que sur un navire de combat (cf. Le texte sur les limites de la médecine du fameux cycliste Olivier Rey : un record de leurres).

8 mars 2024

Jean-Paul Floure

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