DICTIONNAIRE CRITIQUE

 

Mode de production Cybernétique : Exploitation des passions humaines dans le but d’augmenter le contrôle sur les populations. L’ensemble des informations produites par ce contrôle sont analogues au Capital. Qui contrôle le flux du Capital domine le monde dans le mode de production capitaliste ; qui contrôle le flux d’informations domine le monde dans le mode de production cybernétique. Le mode de production Capitaliste accumule capital (forme abstraite du pouvoir) et ouvriers (forme concrète humaine du pouvoir). Le mode de production Cybernétique accumule informations de contrôle (forme abstraite du pouvoir) et éléments[1] (forme concrète humaine du pouvoir).

La contradiction majeure du mode de production Capitaliste est l’épuisement physique et intellectuel des ouvriers par une exploitation sans bornes, ce qui provoque leur révolte (explosion des passions laissées libres dans ce mode de production). Ces révoltes engendrent la naissance de la classe des Logiciens chargée d’effectuer une régulation (développement du contrôle) de l’exploitation des ouvriers par les Bourgeois. Les révoltes passionnelles (révolutions) sont canalisées par les logiciens qui en prennent la direction en coopération avec les Bourgeois – Léninisme, fascisme, démocratie représentative. Finalement l’exploitation de ces passions est réalisée par la construction d’un compromis : la Société du Spectacle[2] (consommation marchande et pseudo-passionnelle des ouvriers devenus employés[3]).

L’effondrement graduel de la composante Capitaliste de la Société du Spectacle sonne la prise de pouvoir de la partie Logicienne et la fin de la Société du Spectacle devenant Société Cybernétique.

La contradiction majeure du mode de production Cybernétique est que la compression passionnelle (perte des pseudo-libertés de la Société du Spectacle) provoque les révoltes (Explosion des passions réelles) des employés de plus en plus privés de leurs pseudo-passions. Nulle nouvelle classe ne pouvant apparaître, les Cybernéticiens dans l’impasse où ils se sont mis, sombrent dans le nihilisme. Les employés se transforment progressivement en éléments dont les révoltes seront de plus en plus radicales – si le degré de liberté passionnelle tend vers zéro alors le degré de radicalité des révoltes tend vers l’infini.

Le seul moyen de continuer la production d’un flux d’informations, donc la maîtrise du monde par cette Élite devenue nihiliste, est d’augmenter le contrôle (perte des libertés et compression des passions par la peur) en utilisant des catastrophes artificiellement construites pour tenter de juguler, à long terme et avec peu d’espoir, la révolution qui couve.

H.G.H

  1. Sans dent, selon la rhétorique du pouvoir

  2. Guy Debord, La société du spectacle, 1967

  3. Employés au sens large : salariés, indépendants, petits commerçants…