Bonjour,
J’ai lu, avec intérêt, l’ensemble de vos textes (1) publiés sur le site « Les amis de Bartleby, ils préféraient se taire », qui semblent tenter une timide sortie hors du piège de « l’anti-complotisme » – capsule en dérive où s’est enfermée la totalité de la glorieuse gauche radicale pour confabuler avec l’ange exterminateur de la société cybernétique qui la pilote – en publiant vos thèses, ainsi que celles de Fabio Vighi.
De cette Amicale profuse, il ne s’agit pas, bien sûr, de diminuer l’éminent mérite. Un Debry, qui n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir de « l’anti-complotisme », s’en est chargé, avec le talent qui lui appartient, et dont j’ai modestement signalé l’extraordinaire valeur heuristique (cf.birnam.fr), qui tend à protéger de toute suspicion, même la plus légère, le fumeux grand « Tout » – que vous définissez avec la grâce d’un cumulus qui s’effondre sur une plaine chargée par les flots de la falsification, roulant devant eux leurs amas de débris. Le doute est devenu l’un des péchés cardinaux de la société cybernétique ; doute que chaque esclave au sens rassis est tenu de condamner fermement, s’il veut que son maître lui reconnaisse le privilège de porter, avec sa gueule, sa laisse.
Vous affirmez avec assurance que « rares sont ceux qui se sont aventurés à essayer de dire quelque chose ces derniers temps », affirmation à l’emporte-pièce et un tantinet abusive (2) ce me semble, quand on considère ce qu’il reste du monde en dehors de celui dans lequel tournent, avec leurs hochets désolants et sur leurs chevaux en bois augmenté, ses simili-contestataires – le Syndicat des Anesthésiés en Colère. Mais peut-être un second tour d’horizon vous sera-t-il nécessaire ? Vous trouverez donc sur le site birnam.fr, qui n’est pas le seul à avoir décrit le coup du monde, loin de là et heureusement, un ensemble de textes et de thèses qui, paradoxalement, aux arbitres des élégances contemporaines, gens du Concept jusqu’à provoquer l’hilarité générale si l’on s’en tient à leur course en crevette dans le marigot (3), ont dû paraître insuffisamment novatrices – ceux-là n’ont même pas réfléchi à l’emploi de ce terme apologétique – dans la forme comme dans le contenu ; indignes d’un référencement ou même d’une quelconque citation de la part de leurs très nombreux lecteurs ; et ceci en presque deux années d’existence de ce site. C’est ce qui était nommé, il y a encore une paire d’années et assez timidement : conspiration du silence et même censure quelquefois ; mais on n’arrête pas les progrès de l’Inquisition, ni même ses complices qui pullulent la torche à la main pour éclairer leurs contemporains. Mais il est vrai que nous n’avons pas essayé de dire : nous avons dit et, pire encore, nous l’avons écrit sur birnam.fr et tout de suite, avec raison et modération, quand la plupart de ces experts en quelque chose, truc, bidule et quelquefois machin, taisaient prudemment leurs gueules sous les bombes à fragmentation de l’idéologie ; se touchaient pour savoir s’il leur en restait encore, et de quelle couleur elles étaient ; et quand ils allaient sortir de leurs confortables tranchées pour leur faire effectuer un saut qualitatif en arrière – à leurs bijoux, pour se lancer à la poursuite des complotistes, des conspirationnistes, des « no-pass », des « no-vax », de tous ceux qui ne filaient pas droit dans la « nouvelle normalité ». Le site birnam.fr devait recouper insuffisamment, pour reprendre un mot de l’Amicale, ou recouper dans le mauvais sens de ce terme, pour autant que ce mot en ait gardé un dans l’invraisemblable basilecte d’époque et son abondance empoisonnée.
Ces malheureux contempteurs de la numérisation, depuis longtemps commencée, n’ont pas eu l’ombre d’un soupçon, face à la pseudo-pandémie, pas même que le virus apparaissait pour que le monde continue à être gouverné. Après avoir lu attentivement quelques-uns de ces « de gauche », je me demande souvent s’ils savent ce qu’est une machine se déplaçant en faisant système avec son appendice biomécanique, pour faire un « Tout » d’une mobilité certaine, eux qui ont pronostiqué la disparition de la classe dominante – incapable de gouverner – du prolétariat, du travail, de leur sexe encombrant, d’un tas d’autres choses, et devraient intituler leurs travaux : Sur un ensemble de découvertes selon lesquelles toute critique de la phase finale du capitalisme est devenue inutile, et comment le Moloch nous a dévorés. Ils pourraient ainsi commencer leur chapitre sur le virus : « Il n’y a aucune chose existante de laquelle on ne puisse demander la cause pourquoi elle existe. Car cela se peut demander du virus ; non qu’il ait besoin d’aucune cause pour exister, mais parce que l’immensité même de sa nature est la cause pour laquelle il n’a besoin d’aucune cause pour exister, et nous dispense d’envisager ses premières conséquences pratiques pour ce qu’elles doivent rester hors de toute observation, comme de toute raison ; c’est ce qu’il nous fallait démontrer, ne fut-ce qu’en nous n’y intéressant pas ». En considérant ce malheureux milieu où la roublardise et l’arrivisme tiennent lieu de pensée, ce laboratoire de la société cybernétique d’où de nombreuses chimères ont pris leur premier envol, on avait compris qu’il n’y avait plus qu’une seule science dont ils s’appliquent tous à développer l’unique règle qui est d’un maniement relativement rudimentaire : celle de tout faire disparaître dans le non-relaté, comme un professeur d’université fait disparaître la copie de l’un de ses étudiants et falsifie les bordereaux de présence à l’examen. On y admet, à la rigueur, quelques discussions, passablement molles, sur la date à laquelle on prend sa dose et sur la suivante à laquelle on présentera son autre bras. Mais il est vrai que nous vivons une époque où l’on byzantinise à tout propos et sur tous les sujets, jusqu’à spéculer en roue libre, pendant l’invasion cybernétique, sur le nombre de sexes inédits que peut contenir le pantalon d’un intellectuel de la gauche radicale.
Car il faut vraiment être un trou du cul, et celui-là, ces curés de basse-époque, il le portent effrontément à hauteur de visage tel un blason ou un saint- sacrement, pour oser affirmer, au bout de deux années de « coup du monde », dans le sarcophage électronique, comme une excuse : « D’un autre côté, nous préférerions qu’ils fassent fausse route, car s’il est vrai que « le marché boursier ne s’est pas effondré en mars 2020 parce qu’il a fallu imposer des confinements ; au contraire, il a fallu imposer des confinements parce que les marchés financiers s’effondraient (4) », ceux pour qui l’idée de liberté humaine revêt encore un sens ont de gros soucis à se faire pour leur avenir proche. ». Avenir si proche qu’il vient de disparaître derrière ces citoyens rectilignes, en deux temps et trois mouvements, avant qu’ils aient pu cligner d’un œil, ou même faire un tour dans leur lit avant d’en tomber. On retrouve ici l’une des grandes niaiseries de la subversion garantie, qui promet toujours pour demain ce qui est arrivé avant-hier, que ces radicaux serviles avouent aujourd’hui à leurs aficionados, quand il ne s’agit plus de convaincre ou de se convaincre du coup du monde, mais de considérer la prise de pouvoir consécutive à ce coup du monde survenu juste à temps, miraculeusement, pour renforcer les conditions dans lesquelles ce pouvoir s’exerce depuis fort longtemps ; et du calendrier annoncé de ses opérations successives coordonnées à l’échelon mondial. Ils ont offert à leur clientèle une déroute supplémentaire, comme s’ils avaient l’obligation d’en augmenter la grande collection qu’ils ont héritée de leurs prédécesseurs staliniens, en bridant leur compréhension des événements en cours, en les menant par le bout du nez et en leur offrant une palette de raisonnements fallacieux, alors que les faits se présentaient au cube et au carré devant leur porte. Ils ont préféré ne pas voir, ceux qui maintenant préféreraient faire…
Fausse route ? Jusqu’à très récemment ils étaient avec un indéniable courage – car il en faut du courage pour tenir sous les moqueries et les insultes – et une persévérance de mouton d’avant-garde, les abonnés de toutes les déroutes sur le marché des explications ; à l’instar de toutes les petites maisons de tolérance de la gauche radicale : ainsi Lundimouton qui recycle jusqu’au maquillage de vieilles putains de la marchandise et de l’Etat pour justifier la logique vaccinale de nasse*, ou ce pauvre Praline tchao, ces séminaristes de la dialectique abusés par tant d’intelligence déployée, mais de si peu d’esprit – la valeur c’est le pal, ils ont glissé dessus – flanqués d’une psychanalyste en cale sèche à Berlin, ou le recyclage du pâle et minuscule trotskiste Vincent le pétitionnaire. L’explication paraît beaucoup plus simple si l’on consulte les innombrables textes publiés par l’ensemble de ces tendances de la critique apologétique et méliorative dans la chambre d’échos. Vous trouverez sur birnam.fr quelques considérations sur cette gauche radicale et ses diverses infamies, ses découvertes de « troublantes coïncidences » selon les plus délurés des compagnons de route de la nouvelle classe. L’essentiel de leur travail consiste à faire en sorte que les faits qu’engendre la société cybernétique dans sa progression irrésistible, dans la vie de tous et, par force, dans la vie de chacun, ne soient jamais marqués, qu’ils soient relégués dans l’énigmatique perpétuel ; que personne ne s’occupe à les enchaîner par un raisonnement de causalité qui, finalement, n’appartient qu’à ceux qui possèdent le gouvernement effectif de la catastrophe. « Rien n’est sans raison d’être » disait un philosophe. Dans la société cybernétique on ne critique pas, on commet des sacrilèges.
En chemin, nous avons égaré jusqu’aux fameux critiques de la bureaucratie, qui n’ont rien trouvé à dire sur cette étrange réalité, sortie de ses gonds, qui, partout, les cerne de ses incroyables merveilles ; elles paraissent déjà familières à nos contemporains, adoptés par la méga-machine qui leur a injecté un certificat de loyauté, qui contestent aigrement qu’on le leur refuse périodiquement, qui le revendiquent bruyamment pour leurs enfants et leurs vieillards ; qui leur est si nécessaire pour accomplir leur destin sans gloire. Mais pire encore que ces pauvres gens que leurs maîtres ont contraint de s’habituer à l’innommable, et dans de nombreux cas à l’aimer en supprimant tout le reste, ce sont ces gens qui ont brutalement levé le pied, qui faisaient profession de raconter la méchanceté de ce monde.
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La note 4 de votre texte mérite, à elle seule, un plus long développement, et de passer de la « suspicion » à une affirmation sans fard, au sujet de cette gauche radicale, dans toutes ses tendances. Elle a fait système avec tous les oppresseurs de la société cybernétique, d’où qu’ils viennent, et cela depuis belle lurette. Elle est une partie importante de l’Entente oligarchique et caresse depuis toujours, dans tous les sens, sa clientèle avec un tesson de bouteille : la culpabilité. Elle vient, de fait, de rédiger son acte de dissolution publique, par l’ensemble de ses actions et de ses déclarations sans équivoque pendant la pseudo-pandémie. Elle n’a pas eu besoin d’une Rosa Luxembourg, pour illustrer d’un assassinat sa merveilleuse conversion au despotisme cybernétique dont elle a été l’un des avant-courriers les plus prolixes. Les militants de l’utopie-capital ne sont pas peu fiers d’avoir enfin fait un choix dont leurs maîtres ont eux-mêmes fixé les termes, qu’ils ont admis sans barguigner. Ils ont souscrit, pour une grande partie d’entre eux, quand eux-mêmes n’en ont pas écrites dans leur langue déjantée de plus extraordinaires encore, à toutes les déclarations oligarchiques concernant la nouvelle organisation sociale.
Cette affirmation sans fard sur le rôle fonctionnel et illusionniste de cette gauche radicale dans la société cybernétique, qui se base sur son état de fusion avec les instances de la domination, est un préalable à son rejet pratique, là où elle paraît, ou veut paraître, avec ses innocents aux mains pleines, avec leurs têtes de sidérés ; c’est le mot que toutes les chenilles processionnaires tombées de la branche cybernétique, toutes ensembles, emploient depuis le mois de mars 2020. Ce rejet pratique que cette gauche bureaucratique en conversion cybernétique connaît, elle doit également l’éprouver matériellement ; c’est l’ensemble de ses structures organisationnelles qui doivent être désertées et combattues pour ce qu’elles sont réellement : des instruments d’adaptation au pire de la société cybernétique.
« Ceux qui le pouvaient ont voté les « crédits de guerre » et ont légalisé le Coup d’Etat du 23 mars 2020, cet acte partiel du coup du monde, qu’ils ont fait semblant de ne pas voir. Ils ont aussi rampé comme des chiens couchants devant les dernières innovations en matière de contrôle des populations. Ils ont fait du zèle et tenter d’étouffer ou de tuer les critiques anti-cybernétiques venues de la population en reprenant en chœur les calomnies écrites dans les bureaux d’études du complexe pharmaco-industriel. D’autres, les fameux faux-culs protestataires, qui avaient la gueule toujours ouverte pour donner des leçons au monde entier sur tous les sujets autorisés, ont souscrit passivement, sans l’ombre d’une honte, à toutes les mises au pas de tous les gouvernements de la marchandise qui ont couvert cette planète de leur réseaux de solidarité et de connivences. Ils ont collaboré d’enthousiasme à l’invention et à la définition du nouvel ennemi intérieur que contient incidemment leur « anti-complotisme ». Il nous faudra revenir sur cette construction idéologique élaborée par les services spéciaux de la société cybernétique et diffusée par leurs haut-parleurs, des plus spontanés aux plus exercés dans cet art de la déception. Ils se manifestent par là-même à l’attention de leurs contemporains en leur fournissant la liste presque complète sur laquelle ils ont couru s’inscrire d’enthousiasme pour adorer une fois de plus le veau d’or ; ou se poser sur sa croupe tel un vol de charognards surveillant les alentours pour y trouver leur pitance bureaucratique et accomplir leurs campagnes de rectification de la conscience en parlant le langage du pouvoir. Car ces notoires du mensonge le dénoncent, en permanence, ce nouvel ennemi intérieur – qui s’agrège parfois en masses incontrôlées dans la rue, parmi lesquelles ils ne trouvent plus place pour l’encadrer de leur activisme –, ce vibrion humain qui les empêche, à la fois, de jouir paisiblement et sans mauvaise conscience de leurs chaînes ordinaires ; et de participer à l’invention et la gestion critique des nouvelles, en dénonçant les maillons faibles, en indiquant les zones de progression possibles pour coloniser l’âme humaine, l’envoyer paître dans le cul-de-sac métavers, le corps étant devenu ce morceau de chair qui peut être pliée et repliée dans tous les sens possibles, assaisonnée de tous les additifs disponibles sur le marché aux esclaves, vectorisée vers les avenirs les plus effroyables de l’utopie-Capital.
Cet ennemi intérieur, ou plutôt cette anomalie soudainement apparue dans le programme de la domination, qu’il faut corriger à tout prix et par tous les moyens car il a refusé d’adhérer à l’ensemble des petits cauchemars garantis, prévus de longue date, organisés en suivant les habituelles règles hiérarchiques ayant cours dans ce milieu où tous les confusionnismes sont rassemblés pour rendre l’air de plus en plus irrespirable au fur et mesure qu’ils se déploient et envahissent la vie quotidienne (cf. la ielisation para-sexuelle et classificatoire, d’un néo-fouriérisme appauvri, pétri par l’hypocrisie, le ressentiment et la haine de soi comme mètre-étalon d’un rapport au monde basé sur la mise au travail de passions domestiquées et retournées). Ces gauchistes cybernétiques, que tout séparait hier encore, en groupes misérables et méprisables, impuissants et concurrents, car chacun campait en équilibre instable sur un fragment dérisoire et pathétique du territoire de l’aliénation, tel un coq génétiquement modifié, languissant sur son tas de fumier idéologique ; rien ne les rassemblant tant que ce qui les broie en une poussière de refus en haute dilution dans les rognures du partiel et du détail microscopique grandis à la dimension cosmique d’un combat de titans. Ils sont enfin en connexion avec leurs pratiques réelles dans lesquelles ils pataugeaient depuis une éternité comme dans un cercle maudit – puisqu’ils errent dans le vide, il faut qu’ils soient tous emportés… En prétendant se tenir à la périphérie de ce qui s’effondrait, ils étaient en réalité au centre de ce qui émergeait – son avant-garde obscène. Ils ont reconnu dans la société cybernétique l’authentique incarnation du véritable parti qu’ils ont toujours rêvé de servir ; le véritable dieu caché qu’ils attendaient sous des noms trompeurs. Les sectes grotesques et spécialisées dans lesquelles ils croupissaient en étaient, à la fois, les lointaines et mauvaises copies mais aussi les métastases repérables de ce qui faisait progressivement système et s’agglomérait dans ce pays inconnu – la citadelle cybernétique.
Pour cette gauche de conversion cybernétique, le virus est une révélation sacrée, sous laquelle se dissimule une prise de pouvoir qu’ils ont volontiers admise, parce qu’ils lui ont construit une partie de sa piste d’atterrissage idéologique – l’ensemble articulé et pullulant des idéologies-minute de la déconstruction et de l’écologisme constituant l’armature spirituelle de la société cybernétique. Cette révélation, une apparition de nature presque religieuse, leur est aussi incontestable que le fut auparavant la contre-révolution russe chez les plus débiles d’entre eux, aussi intouchable que tous les mythes successifs qu’ils ont défendus bec et ongles, aussi véridiques que toutes les parodies de révoltes dans lesquelles ces estafettes du néant trempent et prolifèrent dans un mouvement brownien. Ils sont passés du réchauffement climatique au virus sans fin et à ses diverses croyances sans l’ombre d’une hésitation, celui-ci structurant le réel de ses contraintes avec beaucoup plus d’efficacité et d’à-propos que ne pouvait le faire la menace climatique et sa tendance, en l’absence de véritables chocs rapprochés et rapides, clairement identifiables, à se dévaluer au fil des ans, puisqu’aucun gouvernement n’a osé mettre en place, sans atermoiements, le programme de restrictions à destination de la population que cette menace écologique devait logiquement entraîner et que le coup viral entraîne par nécessité et dont nous apprécions aujourd’hui les tumultes.
Ils viennent de reconnaître leur seule et véritable pratique que plus rien ne peut dissimuler aujourd’hui : que la dissolution publique des anciennes organisations lourdes du garantisme masquait en réalité l’existence de nouvelles structures, plus souples, se développant et s’étendant en rhizomes, mieux adaptées à la dernière société de classes qu’elles ont en charge de protéger. C’est aussi une chance inespérée, pour eux, de voir récompensé leur vieux gardiennage de la passivité spectatrice, avec laquelle ils ont tissé des liens organiques. Ces liens sont indissolubles parce que de cette passivité, ils sont les profiteurs avisés et l’élite qui l’entoure de ses services aliénants. Passivité qui est leur richesse et qu’ils relancent en permanence sur des objectifs de substitution pour diluer le refus et sur des leurres pour le satisfaire ; passivité dont la destruction signifierait leur ruine immédiate, en tant qu’exploiteurs. Elle serait pire qu’une mise au chômage partiel dans un secteur industriel de pointe de l’économie, puisque nous assisterions au prodrome du véritable effondrement de la société cybernétique qu’aucun gag culturel supplémentaire, en matière d’exploitation et d’anéantissement passionnel, ne pourrait cacher, pas même sous une allure artistique, comme Néron. La mise en place du despotisme cybernétique représente leur survie prolongée et la fin de leur mauvaise conscience. Apparemment sans explications face à ce qui advient, ils ont finalement admis la voix du maître : on l’entendait confusément à l’arrière-plan de leurs déclarations incendiaires : leurs pulsions destructrices sont toujours entièrement tournées contre toutes les formes d’humanité qui sont incompatibles avec les intérêts de la société cybernétique.
La divinité maffieuse, le Moloch ressuscité, amélioré et dévoilé, à qui ils ont livré leurs âmes de grande qualité, est revenue pour se livrer à une orgie de sacrifices que ces élus, unifiés miraculeusement de l’extérieur où a toujours stationné leur conscience, célèbrent et accompagnent de leurs déclarations folles. Elles sont taillées dans la langue si particulière de l’équarrissage cybernétique – le iel en est une excellente illustration, le parfait résumé, la sublimation absolue, qui définit l’élémentariat débarrassé de toutes ses encombrantes attaches, purifié de tout esprit particulariste, flottant dans l’indifférence la plus totale, accroché à la mère de toutes les chaînes, enfin devenu la plus malléable des matières et peut-être aussi la plus productive de toutes, car sacrifiable, telle une monnaie vivante, jusqu’à la moindre de ses parcelles devenues productives. Les plus effrontés des synchronisés de dernière vague, qui ne veulent pas être soupçonnés de modérantisme, parce qu’ils ont à gagner quelque chose dans le désastre en cascades qu’est la société cybernétique, accompagnant ce tsunami d’ignominies déversées sur le monde, ont même dénoncé le gouvernement de la peur – comme un vulgaire Zopire Onfray, un Chomski adapté et multi-services – pour ses accès de faiblesse, son manque de vigueur, ses lenteurs à réaliser son programme et ses prétendues incohérences en matière de terreur, se recommandant évidemment d’une longue tradition en ce domaine et, chez les plus vaniteux de ces nouveaux affameurs, prêts à supprimer le pain pour défendre les lois du cirque, d’un certain degré de professionnalisme dans les solutions expéditives ; le camp de relégation devenant la clef de voûte de la fabrique du consentement ; et son dernier chapitre – le rébus sans peine – trop longtemps caché à ses éditeurs et à ses lecteurs qui devront comprendre qu’il fallait retendre les ressorts de toutes les confiscations, de toutes les privations, par une critique en règle de leur odieux relâchement. Ces employés organiques de l’aliénation, ont même tenté d’infiltrer l’opposition, afin de la neutraliser et de la retourner, en proposant l’abolition du passe pseudo-sanitaire au profit du marquage obligatoire et généralisé du cheptel humain. Refuser l’un pour accepter l’autre : le choix entre le gourdin et la matraque ; ils ont eu les deux, ceux qui ne seront jamais assez piqués. Ces injections, formes matérialisées de l’injonction à n’être qu’une particule docile sur l’espace social des objets, sont, sans aucun doute, l’un des soubassements d’une politique de contrôles et de contraintes supplémentaires de l’élémentariat : ils iront plus loin, une fois cette phase effectuée, ils ne resteront pas à la piqûre à répétition qui n’est qu’une introduction au monde de la logique relationnelle accomplie.
Autrefois, l’on disait : « quand le vrai a cessé d’exister presque partout, le faux peut relever son nom légalement ». Nous avons donc vu des anarchistes parler comme des hommes d’Etat, des socialistes se spécialiser dans « la chasse aux pauvres », des communistes psychiatriser les poches de résistance là où elles se formaient – le prétendu devenir-phobique de franges importantes de la population –, des libertaires ne jurer que par la suppression de toutes les libertés et finir par admettre que la contrainte est aussi un droit de l’homme, peut-être même le seul qui mérite d’être défendu, des écologistes profiter de l’aubaine pour fusionner encore plus parfaitement avec les organes de propagande de la tyrannie et en rajouter une couche dans la contre-révolution par percolation ; et tous ensemble hurler en faveur de l’esclavage, participer ou laisser passer les attaques en tornade du conseil de défense. Attaques essentiellement dirigées contre la population, avec le virus pour moteur apparent. Le plus beau rêve d’un gauchiste de conversion cybernétique, c’est de devenir conseiller gouvernemental » (5).
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Quant à vous, « l’Internationale Négative » – un nom trop petit posé sur un aussi grand sac plein de rien qui laisse déborder son inexistence, quand ce n’est pas son vide, des deux côtés des Pyrénées – qui paraissez sur le champ de bataille, avec beaucoup de retard, en roulant de gros yeux et en secouant un sabre trop lourd pour d’aussi petites mains, qui pensez-vous tromper réellement avec votre minuscule « digest » cryptique, écrit post festum, en basic contestataire de dernière saison de la marchandise, avant un léger basculement, sur son axe, du dogme en cours? Comme pour rattraper les balourdises émises à jets continus par cette gauche radicale, et faire oublier soit sa complicité dans la mise en scène du coronaruption, soit son long silence. Car il est là l’essentiel de votre apport, le principal de votre contribution aseptisée : un enfumage supplémentaire au moment où ce qui se produit a plutôt besoin de clarté que d’une traduction dans votre langage cosmétique, expérimental ; une mise sous un uniforme acceptable dans l’ensemble des Universités de France et de Navarre et pourrait même vous valoir un poste de maître de Conférences en sciences humaines pour l’ensemble de vos œuvres dans le domaine de la langue de bois et ses surcodages. De cette burlesque cacolangue, vous nous fournirez le dictionnaire très complet à une date ultérieure, la machine enigma en option ; nous l’espérons. A vous lire on a presque envie de l’établir, ce fantastique dictionnaire : ne pas dire société cybernétique mais régime – il gouverne ; ne pas dire Capital mais Argent – il est partout ; et ainsi de suite pour Abstraction, Science, Tout…L’on fera une exception pour certains mots qui sont des sortes d’autonymes. L’on voit trop bien, et l’on comprend encore plus vite, ce qui se profile dans votre labyrinthique palimpseste, trop rapidement établi avec ses majuscules proliférantes, apparemment, à partir du seul texte de Fabio Vighi, de l’Université de Cardiff, dont la première publication date du 16 août 2021. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’est pas trop bousculé le prof, pour accoucher des quelques utiles vérités que contient son texte, vous encore moins en nous livrant prudemment votre quintessence bulbeuse dans la troisième semaine de novembre 2021 et que l’on pouvait lire ailleurs, en clair. « Quel curieux retard, à une époque où l’information court si vite »…
Professeur que vous critiquez, assez vertement, puisqu’il ne s’est pas exprimé en suivant les méandres de votre batterie de concepts en acier inoxydable que vous proposez à vos lecteurs, en bons disciples de Frankenstein, depuis votre bloc opératoire, mais en utilisant « l’outillage rouillé du marxisme » à qui vous déniez toute pertinence pour aborder, de fond, le sujet qui vous a passionné si longuement dans votre maquis estival. « Outillage rouillé » certes, à force d’avoir dormi – dans son fourreau, comme la trop fameuse épée du poète lusitanien – entre les mains des spécialistes en marxologie qui l’ont dévitalisé et tourné en faveur de l’expertise technocratique ; c’est-à-dire rendu incapable de rendre compte des découvertes dont vous nous contez les merveilleuses pépites ramassées (5) avec le brouilleur qui s’interpose. Remarquons au passage que votre vigie à Cardiff, qui ne s’est fait que trop attendre pour que vous puissiez nous livrer vos premières et originales réflexions sur un sujet aussi ardu et conflictuel, utilise comme il se doit cet « outillage rouillé » ; que celui-ci semble posséder d’évidentes qualités résiduelles**, exactement là où ce professeur tardif ne répète pas, sans trop y réfléchir, comme s’il avait contracté le tétanos en touchant la lame de sa truelle, quelques vieilles perles marxeuses, que vous tentez de faire disparaître de votre démonstration (cf. entre autres, la trop fameuse limite historique absolue du capitalisme, ce conte pour attardés, que monsieur Vighi a repris chez des marxistes cybernétisés d’extrême-gauche qui semblent ne plus croire avec autant de ferveur à leurs articles d’arrière-boutique. Ils commencent à sentir le défraichi depuis qu’ils ont franchi le mur du çon, avec Sandrine Aumercier, occupée à faire des trous dans le vent, et Clément Lacroûte en éclaireurs). Il faudra bien que tous ces « parfaitement nuls » s’aperçoivent que nous venons de passer l’ensemble des limites internes au capitalisme qu’ils croyaient – en bons petits bourgeois moralisateurs et revendicateurs – valables pour l’éternité ; que le gouvernement mondial de la marchandise était tenu de respecter, ou que la logique des choses lui imposait par automaticité, ou parce qu’eux-mêmes pensaient que tout devait continuer comme devant, comme si nous étions toujours au commencement de la chose. De cette limite postulée absolue, elle vient de s’en affranchir et nous en invente, bien au-delà de leurs pires cauchemars, des extraordinaires, des vertes et d’autres encore dont le destin sera de s’effondrer sous d’invraisemblables poussées. De l’ensemble des lois de la marchandise, par étourderie méthodique, ils en avaient écarté une seule, paradoxalement, puisqu’ils nous décrivent, en bons cybernéticiens, un contenant dénuée d’extérieur ; comme les autres qui avaient pour axiome que leur ennemi ne viendrait pas sur leur flanc pour les briser. Il y a des limites qui n’existent que pour être franchies.
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On lit dans un texte réédité sur le site birnam.fr, dont la première date de parution est l’année 1972, ceci : « Le nouveau monde social est un monde d’objets, tous assujettis à la même loi implacable de la logique d’un pouvoir qui est le pouvoir de la logique. Dans ce monde, si l’on s’en tient aux apparences, le faux vrai devient le symétrique du faux. Tout ce qui favorise le développement de la structure est vrai, tout ce qui l’empêche est faux, c’est-à-dire qu’il faut l’éliminer en y substituant une construction symétrique parfaitement logique »(7). On ne peut pas mieux dire.
J’écrivais en 2004, à propos du courant intellectuel auquel vous appartenez et dont vous tentez le sauvetage : « Cette société qui s’est assurée de ne jamais être contredite, à moins d’avoir elle-même formé ses contradicteurs, laisse déferler son industrie du néo-concept, sans se préoccuper de logique, ou de quelque chose qui pourrait y ressembler, même de loin comme une forme indécise dans le brouillard. Il suffirait d’énumérer les ultimes brouillages médiatiques pour donner une exacte description de ce que les cybernéticiens redoutent ou ne veulent pas. On y trouverait l’explication de quelques pseudo-mystères, et conséquemment le secret de plus en plus mal gardé, de la défaite de certaines révoltes. La situ-industrie, qui se prétend, devant ses commanditaires et pour ne point tarir les sources de financement, secteur de pointe dans la production et l’emploi de techniques d’égarement de la négation, opère en réalité à partir de quelques procédés pauvres depuis longtemps connus et formalisés (a). En revanche, ce qui la différencie radicalement de la période précédente de la falsification et de ses falsificateurs, c’est qu’elle est capable de les combiner rapidement à partir de la négation. Elle doit s’y substituer, et proliférer sur ce qu’elle considère comme un gisement de matière première d’un nouveau genre, et qu’elle transforme en lucratifs monstres idéologiques destinés à l’extermination mentale des citoyens informés. La situ-industrie n’a pas d’autre énergie que celle qu’elle tire de la négation qu’elle doit contenir, et chez qui elle doit lever des émotions pour perpétuer et moderniser le système absurde de la survie »(8)
Vous trouverez également sur le site birnam.fr, prochainement, la publication de L’ANALOGIE STRUCTURALE, première contribution à la critique de la logique politique, 1972-1976, texte fondamental pour la compréhension de la société cybernétique et du nœud borroméen dans lequel nous sommes emprisonnés. Vous pourriez en faire votre miel.
Jean-Paul Floure
14 décembre 2021
NOTES
(1) Critique de l’économie politique du virus (suivi de la prophétie autoréalisatrice de Fabio Vighi) par l’Internationale Négative sur « Les Amis de Bartleby, je préfèrerais ne pas… »
(2) Une liste peut vous être communiquée.
(3) Ainsi après avoir donné dans l’anti-complotisme, avec ce fameux Debry, Ces amis de la douce torpeur, qui n’avaient rien perçu et presque tout oublié, plongent frénétiquement dans le complotisme et nous expliquent doctement : « Nous savons bien sous quels qualificatifs ces thèses et celles de Fabio Vighi qui les ont inspirées seront automatiquement qualifiées : les accusations de « conspirationnisme » ou « théorie du complot » sont bien utiles pour discréditer sans les examiner toutes critiques courageuses et perturbantes… » Les italiques sont de notre fait et permettent de souligner l’extraordinaire mutation de cette amicale. Quant à nous, nous ne nous sommes pas permis, pas un seul instant, d’évoquer la couardise des anti-complotistes comme l’une des motivations principales de leurs performances au service du coup du monde.
(4) Fabio Vighi « La prophétie autoréalisatrice » Publiée sur les « Amis de Bartleby
( 5 ) Notice sur la Brigade des Acclamations, à paraître.
(6) Vous remarquerez, en passant, que les textes publiés sur birnam.fr sont en libre disposition. Parmi les lecteurs du site vous êtes les premiers à prétendre avoir trouvé là-bas ce qui était ici (cf. sur le travail et l’information). Etes-vous contre les circuits courts ?
(7) Sur le mode de production cybernétique – 1972. Quatrième édition, birnam.fr
(8) Jugement sur les fins d’une offensive, mars 2004. Un extrait est disponible sur birnam.fr. Il constituait une réponse aux petits patrons marxisés de la revue Krisis, qui nous contaient leur crainte de voir le travail disparaître. Nous les rassurions à ce sujet. On trouvait dans cet opuscule également ceci : « La crise du capitalisme » a trouvé sa solution complète dès la première moitié du siècle dernier grâce à une équipe allemande qui a développé une pratique de la valorisation du capital humain, qui a fait l’admiration de tous les gouvernements de la marchandise qui se sont succédé depuis ; et sans vouloir recourir à la théorie du complot, qui désespère de larges cercles de l’inquisition médiatique, cette pratique constitue l’un des arcanes de l’art de la domination dans la société cybernétique ». Comme tout le monde peut le comprendre désormais.
(a) Je réduirai à sept ou huit les sophismes du nihilisme logico-mathématique, y ayant quelques-uns de si grossiers, qu’ils ne méritent pas d’être remarqués.
° Ce Lundimaton équipé d’un S.Q, qui mérite de passer à la postérité pour avoir, naguère, coulé un aphorisme de bronze : « Pour soigner l’homme du Capital, rien ne vaut la médecine du Capital ». Voilà qui fait d’un Véran, une sorte de poète mineur de la nécropolitique.
**ADDENDA
En rétablissant une partie de la chaîne des causalités matérielles du « coup du monde ». S’il est un reproche à faire à Fabio Vighi, ce n’est pas d’être complotiste, mais :
- de l’être insuffisamment : en excluant de nombreux faits de malthusianisme économique survenus précédemment dans la sphère productive ou en ne les analysant pas pour tels ; comme si une sorte de guerre clandestine et permanente, hors limites, élargie à tous les secteurs de l’économie, avait été livrée depuis de nombreuses années d’une manière désordonnée mais consciente par toutes sortes d’agents d’une économie ouvertement maffieuse et employant sans vergogne ses méthodes, en les rénovant par l’adjonction de nouvelles techniques (la construction des méthodes spéciales de dépouille financière, par exemple, qui accompagnent, appuient et sélectionnent les ravages techno-industriels dans le but d’en accroître et d’en consolider les effets, afin d’être dans le définitif et l’indiscutable) ; en élargissant leurs zones d’activités jusqu’à des domaines qui avaient été, jusqu’à très récemment, laissés à l’écart ou négligés ; en se souciant comme d’une guigne de l’amas de principes moraux destinés à présenter aux peuples les désastres en cascades de la société cybernétique, ses catastrophes fabriquées, sa politique du bord de l’abîme comme des résultats hasardeux, jamais réellement prévus, jamais vraiment voulus dans leurs diverses conséquences, toujours lucratives et toujours renforçant le système qui les a choisi pour se maintenir.
- Ce sont les ulcères et les plaies du monde qui font la santé, la fortune et la force de la société cybernétique. La sensation toujours manipulée des innombrables nuisances engendrées par la production et la consommation des marchandises est devenue un facteur de soumission aggravée, ne fut-ce que par l’imposition acceptée de nouvelles limitations pour toute possibilité de libération réelle. Il ne s’agit pas tant de lutte contre le réchauffement climatique, par exemple, que de faire croire aux assujettis, pris dans ce piège, qu’il leur reste, au moins, un intérêt en commun avec ceux qui les gouvernent en multipliant de « durables » contraintes pour les « sauver ».
- Le mal économique a été transformé et divisé rationnellement en instruments de gouvernement dignes de Machiavel : les cybernéticiens ont reconnu dans cette déchéance généralisée, aussi bien morale que matérielle, leur propre puissance émancipée des soucis du fragile mode de production agraire et de sa civilisation qu’ils ont détruit pierre après pierre tout en effaçant son souvenir sous une nuées de calomnies – l’idéologie du progrès sous ses multiples formes. Ils y ont trouvé un programme de réjouissances, une exigence vitale, et de quoi décourager leurs opposants pris dans la tourmente des urgences écologiques et la recherche ponctuelle de remèdes chimériques – les spécifiques d’un néo-réformisme aussi illusoire que les précédents. La pollution qui était, semble-t-il, le malheur de la pensée bourgeoise est devenue sa véritable splendeur matérielle et la meilleure de ses récoltes dans le jardin de l’utopie-capital où tous les « projecteurs » du néant se sont assemblés en ordre de bataille pour nous en trouver toujours de nouvelles, dans ce laboratoire de toutes les expériences possibles. Ce ne sont finalement que les méthodes séculaires du Capital qui ont été grandement améliorées et transposées, que l’on a préféré ignorer – par paresse intellectuelle, parce que l’on veut croire aux excuses des gouvernants, parce que l’on a un fonds idéologique commun avec eux, ou simplement pour se rassurer – avant la survenue de la relance par le coronaruption, sa « logique vaccinale de nasse ». Il n’est finalement que l’aboutissement d’un processus qui était prévisible et, désormais, il s’est transformé en « gentlemen agreement » entre les multiples factions composant la coupole maffieuse du gouvernement mondial de la marchandise, qui se sont trouvées un point d’accord et dont l’unique crainte est de voir disparaître, ou remises en question, toutes les formes de désastres qui ont été développées historiquement autour d’un unique motif qu’ils redessinent inlassablement : gouverner le monde sans qualité de la marchandise, ce miroir de leurs âmes.
- Ce monde, ou ce qu’il en reste sous la conduite de ses possesseurs nihilistes, menace, perpétuellement, de perdre de vue ce qui le structure centralement depuis de nombreux siècles, ce qu’eux-mêmes poursuivent par tous les moyens à leur disposition, les yeux grands ouverts, sans jamais l’atteindre, mais qui leur semble toujours aussi enviable qu’aux premiers jours de leur existence en tant que classe – sous ses différents aspects et représentations diplomatiques : organisations bureaucratiques, partis, syndicats, trusts, sociétés secrètes, réseaux, propagande… Et donc, en oubliant ce principe de leur constitution, en le laissant bafouer, de se dissoudre à tout moment et nous mettre tous dans la regrettable obligation de trouver nécessairement, ou restaurer, un tout autre principe.
- On admet, désormais et avec raison, le rôle de la loi de la valeur dans la survenue et l’agencement des désastres en cascades qui frappent le monde à coups redoublés ainsi qu’une fatalité – le dessein involontaire de la marchandise, on feint de le croire – engendrée mécaniquement depuis de lointaines origines, mais presque impossible d’admettre l’une de ses faces constituée d’un mélange, plus qu’évident, de volonté humaine – variable selon les époques – de pratiques et de méchancetés, au sens machiavélien de ces deux termes, d’actions et de choix stratégiques en vue d’atteindre certains résultats profitables au petit nombre, qu’enrobe cette loi de la valeur d’un aspect objectif et d’une pellicule prétendument « scientifique »… L’automation recherchée de la décision dans les domaines subalternes du gouvernement de la société cybernétique, afin de décourager les désobéissances d’employés frappés par le mal moral – le mal du siècle – ou voudraient poursuivre leurs propres buts, ou pour éviter que ceux-ci en sachent trop long et déduisent vite et simplement, n’a pas encore couvert tous les pans du gouvernement de la société cybernétique ; ils agissent tous comme des machines, mais tous ne sont pas des machines. Ce « Docteur Mabuse » collectif ne se reconnait qu’une seule obligation : maintenir l’infernale cadence de sa progression et ne développer que les instruments qui lui permettent de passer de l’enfer marchand au paradis cybernétique, cet « abîme de terreur ».
- Qu’un quelconque cartel puisse mettre le feu chez ses concurrents, ou qu’il empoisonne un fleuve, ou qu’il entretienne une armée de tueurs dont il négocie les contrats comme s’il s’agissait, somme toute, d’une affaire aussi banale que l’explosion d’un réacteur nucléaire, qu’un gouvernement apparemment choisi par les esclaves, comme « le syndicat des amis du crime » l’est véridiquement par ses « optimates », puisse se livrer à des actes de barbarie sur sa population, à défaut d’aller les commettre plus classiquement chez son voisin dont il sait que celui-ci lui rendra la politesse, ou qu’il assassine ses vieillards sous le prétexte fallacieux qu’ils sont improductifs, ou qu’il fabrique une maladie, qu’il invente une épidémie en suivant une logique de répression purement sadienne travestie en logique sanitaire et en « zèle humanitaire », qu’il transforme ses parlements, qui n’étaient déjà pas grand-chose, en bivouacs pour ses manipules, et nous voilà dans l’impensable. C’est une position vouée à l’échec que de postuler l’inconscience de son adversaire quant à ses actions coordonnées, quand à ses moyens et à leurs véritables buts, qu’une armée de faussaires et de ténébrions médiatiques couvre d’un manteau d’infamies supplémentaires.
- de l’être modérément : en surévaluant le motif économique, d’une manière trop unilatérale, et en faisant passer au second plan le facteur spirituel ; en limitant le nombre de causes et de corrélations à établir entre l’apparition miraculeuse du coronavirus et la situation économique et sociale ; en évitant, bien sûr, de considérer la situation prérévolutionnaire engendrée par les dernières innovations du gouvernement mondial de la marchandise dans un grand nombre de pays comme étant l’une des causes essentielles de cet arrêt simulé de l’économie par l’imposition d’une décroissance autoritaire et l’instauration d’une illusoire politique des limites, signatures d’une opération d’expropriation généralisée et d’une guerre essentiellement dirigée contre la population.
- de l’être tardivement : les nombreuses vérités que contient le texte de Fabio Vighi auraient assurément mérité d’être dites dès le début du « Coup du monde », si elles n’avaient pas été déjà dites par d’autres que l’on fait mine d’ignorer. Leur utilité en aurait été incontestablement plus grande car elles auraient pris place au moment adéquat, au même titre que le texte de Gianfranco Sanguinetti : « Le despotisme occidental ».
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Plutôt que d’accepter, n’en rien dire comme d’une maladie honteuse, l’ensemble consternant et pitoyable des textes émanant du milieu informé auquel vous appartenez, il eût été préférable d’effectuer rapidement la recension critique de ces immondices de la pensée neutralisée, ainsi que le but tactique visé consciemment par un grand nombre des fabricants de ces fables publiées sur tous les supports c’est-à-dire ménager des délais à l’opération oligarchique en cours ; dissimuler les véritables intérêts qui s’agitent à l’arrière-plan de cette faillite de l’esprit organisée de longue date par une faune interlope qui a voulu croire tous les mensonges qu’elle a entendus, qu’elle a vu, et chez qui l’on ne réchauffe que les plats empoisonnés par l’information, puisque pour nombre d’entre eux, leurs contrats leur interdisent d’en cuisiner des véridiques et des méchants.
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« Or, il y a trois sortes d’esprits : les uns savent découvrir ce qu’il leur importe de connaître ; d’autres savent discerner facilement ce que d’autres leur présentent ; enfin, il en est qui n’entendent ni par eux, ni par autrui. Les premiers sont excellents ; les seconds sont bons ; et les autres parfaitement nuls. » Machiavel