ET AU MILIEU ROULE UNE CIVIERE… La ganache radicale & alentour au temps du carnaval de la mort 

PREFACE POUR UNE ANTHOLOGIE, EXTRAITS *

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« Dessine-moi un mouton » Saint-Exupéry

La plupart des tendances de la gauche radicale, ou gauche de conversion cybernétique, telles qu’elles ont proliféré depuis plus d’un demi-siècle en Occident sur le cadavre de l’ancien mouvement ouvrier, comme d’immondes moisissures, sont infâmes et méprisables. Issues de ce qui fut une destruction intentionnelle – une synchronisation réussie dans les années 70 du siècle passé – à laquelle elles ont participé avec un enthousiasme qui n’a été modéré que par les récompenses reçues, la majorité de ces tendances sont également folkloriques et caricaturales dans ce qu’elles se flattent d’être et réclament à grands cris que nous leur reconnaissions : leur capacité à ébranler, ne fût-ce que verbalement, les structures profondes de la domination et de l’exploitation capitaliste, que la société cybernétique porte désormais à son comble grâce à ses innovations techno-scientifiques.  Pendant plus d’un demi-siècle, ces tendances n’ont été que les éléments avant-courriers et expérimentaux de cette société cybernétique, tant sur le plan pratique que théorique.

Ces tendances ont désormais rejoint la défense ouverte de la société cybernétique, ainsi que leurs positions sur nombre de sujets l’ont plus que suffisamment démontré.

Il suffit de se référer à leurs déclarations pendant le leurre pandémique, quand elles ont très majoritairement rejoint la meute médiatique oligarchique et l’ont docilement assistée dans son orwellienne opération de police, décrite sous le terme générique d’anti-complotisme, qui est le nom de l’arme de destruction cognitive dirigée contre la partie de la population qui s’est opposée au coup du monde et à ses instruments de soumission aggravée. Cette gauche radicale a non seulement collaboré, sans état d’âme, à la criminalisation de la critique sociale, mais a également participé à la construction de quelques concepts de faible portée, puis les a intégrés dans un cadre théorique préfabriqué fourni par le gouvernement mondial, dans le but de légitimer ses dénonciations, de les appeler et d’en multiplier la production décomplexée. Il s’agissait pour cette minorité active du parti médiatique de conférer un certain lustre moral à l’expression de la plus indigne des servitudes intellectuelles dans laquelle ce parti de l’esclavage révisé baigne depuis de nombreuses années. Les quelques exceptions individuelles, issues de ce marasme, ont toujours su, pour la plupart, rester fort discrètes et ne pas inquiéter, par leurs minuscules doutes et hésitantes considérations, les partisans de l’atrophie morale contemporaine, tout en se plaignant mezzo voce des « effets secondaires » qu’elle induit dans les têtes prosternées d’un public, qu’elles ont par ailleurs, peur de perdre ou de choquer par des avis hétérodoxes. Elles n’osent jamais remonter aux véritables profiteurs et commanditaires de l’entreprise de désinformation massive qui a suivi le coup du monde, ni même citer un seul personnage connu pour ses affabulations sur ce sujet, puisqu’elles en côtoient plusieurs, pacifiquement et sans honte. Elles fuient tout débat à ce sujet et ont une incroyable disposition à l’occulter quand il existe. S’il faut souligner que si ces exceptions individuelles n’ont pas participé à la chasse aux complotistes, elles se sont bien gardées, toutefois, de désigner les comploteurs et leurs complices. Il faut croire que ces exceptions disparates trouvent, malgré les réticences qu’elles éprouvent à se plier à cette omerta édictée par de troubles officines – jamais décrites – un évident intérêt à rester ensemble dans leur enceinte sacrée, plutôt qu’à se diviser sans nécessité sur un sujet dont elles nient la portée réelle ; en passe d’être effacé des annales historiques comme tout événement révélateur.

Il faut se souvenir aussi que cette gauche radicale a apporté un soutien inconditionnel au libéralisme autoritaire, car c’est ainsi qu’ils définissent, avec bonhommie, la tyrannie cybernétique, dans la guerre aux formes multiples et désormais non-conventionnelles – la véritable guerre menée par cette tyrannie – , qui oppose l’Otan, par l’intermédiaire du pion kiévien, à la Russie ; et dans laquelle les plus tarés de ces cons sont incapables de pressentir autre chose que la confirmation de leurs fantasmes imbéciles ou de leurs désirs sans consistance de chiens pavloviens qui ont attendu le déclenchement de la sonnette pour hurler avec les loups (cf. le journal numérique et pro-ukrainien Lundimâtin-Lundimouton dont l’une des réussites a été de libérer l’hébétude de sa clientèle par la production d’un grand nombre de thèses irriguées par la plus franche des déconstructions).

Et enfin, pour parachever par un exemple probant, cette indécente collaboration dans laquelle trempe cette gauche radicale, il n’est que de faire référence à ses positions tardives sur l’extermination prévue et provoquée, méthodiquement organisée, des Palestiniens, par le gouvernement d’apartheid israélien depuis plusieurs mois dans le camp de concentration de Gaza. Sans oublier celle qui a lieu depuis de nombreuses années en Cisjordanie où les Palestiniens sont devenus une population expérimentale. C’est-à-dire l’objet de toutes les formes de violences et d’oppression à la disposition d’un Etat moderne. Devenu une expression totalitaire et avouée des consortiums internationaux de dévastations et d’appropriations économiques – ce pseudopode s’appuie particulièrement sur des rackets spéciaux, chefs-d’œuvre d’élaboration politico-financiers, d’extorsion de l’impôt extraordinaire auquel sont attachées, depuis sa naissance, l’existence et la survie de cet Etat colonial et ségrégationniste ; projection nécessaire à la survie de l’empire cybernétique dans un Moyen-Orient dévasté par les guerres et les désordres de toute nature que cet empire a suscités pour se rendre le maître de ses ressources : l’eau et le pétrole entre autres, après avoir fait de ce Moyen-Orient l’un des pivots géopolitiques de sa barbarie suréquipée… Ce ne sont pas les protestations sans moyens et indignations morales très limitées des actuels anarchistes gouvernementaux sous idéologie américaine – ils ne l’ont toujours pas reniée et passée au crible d’une critique sans concessions –, pendant l’élémentaire et traditionnelle session d’agitation pré-électorale, qui changeront la donne ou donneront le change. Au mieux ils n’obtiendront que la relative élimination d’un agent oligarchique confirmé et de sa clique d’énervés – une synthèse idéologique au service de la gauche du Capital – dont les avantageuses clauses du contrat prévoient déjà le transfert dans un club plus prestigieux –, avant l’arrivée d’une nouvelle clique moins reconnaissable et au recrutement plus diversifié.  Elle manifeste déjà ses véritables appétits sous ses hypocrites et molles protestations humanitaires afin de transformer l’extermination antisémite des Palestiniens en un petit point de rhétorique dans le long déroulé de son programme de déshumanisation sociétale, afin de ravaler l’ignominieuse façade de l’établissement gauchiste, trop connu pour ses spéculations habituelles. Ce ne sont finalement que de pauvres tergiversations nominalistes d’une fraction active de la nouvelle police autour des pratiques génocidaires modernes et de leur longue liste d’améliorations, jamais reconnues, d’anciennes techniques – le débat en est relancé jusque dans la cour de la Sorbonne.

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Du passé, de ce qu’elle a en réalité combattu parce qu’il n’était ni moderne, ni suffisamment aplati pour obéir à ses ambitions et à son rôle social, cette gauche radicale n’est que l’héritière de l’aspect le plus misérable et le plus honteux : la domination des représentants et des différentes formes d’organisations totalitaires que cette couche sociale a sécrétées pour soigner, avant tout, son intégration sociale ; et s’asseoir, à son habitude, sur des représentés réduits à l’utile et traditionnel silence, le seul et véritable commun des exploités. Ces tendances de la gauche radicale ont fait survivre cet héritage en le modernisant par l’apport d’un ensemble d’éléments nouveaux emballés dans une logomachie subversive. Phraséologie qui dissimule, presque toujours sous un aspect abscons et prétentieux, le contenu profondément répressif et obscène de cette contre-révolution ininterrompue : la libération de la marchandise et la production concomitante de structures de contrôle sur l’ensemble d’une vie mise au travail – ce n’est pas le travail qui a disparu mais le revenu. Cet irrésistible mouvement en tenailles a flanqué le processus d’accumulation tertiaire – habillement déguisé par le substantif déconstruction dans le vocabulaire nettoyé et reconstruit de l’ennemi – sur lequel s’est appuyée la société cybernétique à sa naissance. Il s’agissait, non seulement, de sauvegarder et de restaurer les vieux garde-fous du capital qui avait été ébranlés, en majeure partie par lui-même, au terme de sa phase d’innovations économiques et techniques et conséquemment sociales et politiques, mais aussi de recomposer, là où il avait été véritablement attaqué par les prolétaires et parfois avec un indéniable succès, l’ensemble de ses défenses autour d’une série de fausses contestations spectaculaires. En les affinant autour de quelques thèmes extraordinaires fabriqués en laboratoire, en les articulant autour de revendications partielles mystifiées et mystifiantes – ce qui est globalement désigné sous le terme de « libéral-libertaire » et qui mériterait d’être reprécisé avec vigueur et sans équivoque – l’unique but visé a été le renforcement du système bureaucratico-marchand. Système dont la société cybernétique est l’accomplissement rationnel et l’apogée. Il lui fallait acquérir une pérennité par le signalement précis de ses côtés les plus fragiles et les moins défendus ; lui ouvrant par cela-même de nouveaux débouchés – le sociétal contre le social : une affaire lucrative et désormais l’une des branches en expansion géométrique de l’industrie de la contrainte et de ses différentes sections R&D. En le débarrassant par avance de son véritable négatif dont cette gauche radicale a soutenu, en parlant benoîtement la langue de ses maîtres, qu’il n’existait plus – la classe ayant été dissoute ou cassée au profit de la masse indistincte, qui est l’un des marqueurs sémantiques de la défaite du prolétariat, et non pas de sa disparition – s’est accomplie la manœuvre dont cette gauche radicale était en grande partie l’ouvrière idéologique. La construction du sociétal, sur la base de revendications tournées et de la destruction de la conscience de l’aliénation, décrit avec une grande précision le véritable théâtre d’opérations sur lequel les manipules idéologiques de la classe dominante furent échelonnées avec subtilité, et les combats de substitution où les milices de la fausse conscience furent engagées. La victoire fut obtenue en enlisant et en égarant les esclaves dans la défense en profondeur – dont le sociétal est l’expression achevéedu labyrinthe économique pseudo-libéral et de la forme de gouvernement tyrannique qu’il a engendrée, tout en prolongeant la survie d’anciennes formes de commandement politique. Et cela, en partie, dans le but de calmer l’éternel petit prurit de démocratisme sans conséquences dont souffre une partie des contremaîtres et subalternes de la domination et de l’exploitation. Mais en réalité, par le grotesque maintien du parlementarisme et de toutes les corruptions et fraudes qui lui sont attachées depuis les origines, sont reconnus les éminents services que ce groupe social rend à la classe dominante. Est satisfait, non moins illusoirement, son désir de partager avec ses véritables maîtres le fruit de leurs rapines communes et que ce démocratisme fantasmagorique de contes de fées couvre soigneusement de sa sainte idéologie d’indignations mesurées et sélectives. L’obtention de quelques strapontins politiques, dans le gouvernement des masses et la gestion du pillage, assure à ce groupe social l’occasion non seulement de vivre crapuleusement, en parasite, sur le dos de ses électeurs et de ce qui a été réduit au rôle d’un public passif, mais aussi de prétendre être l’opposition  ; d’y croire plus intensément à chaque crise du capital, qui lui procure l’occasion d’assister et de contribuer, à chaque fois, à la concentration du pouvoir réel en très peu de mains, d’en ramasser les miettes avec ravissement.

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Les diverses usurpations mémorielles, que l’ensemble des tendances de la gauche radicale utilise, retourne et manipule, dans le but de justifier sa présence au monde, dissimulent avec une efficacité qui désormais tend vers zéro, les minuscules corps doctrinaux dont elle se réclame après avoir construit leurs armatures conceptuelles – les différentes idéologies de la « déconstruction ». Celles-ci sont de véritables sublimations de la fonction sociale que les gestionnaires de cette gauche radicale occupent dans l’économie de la société cybernétique. Sous une logomachie faussement révolutionnaire se dissimulent en réalité les développeurs des structures de contrôle que cette société impose à tous, partout et en permanence, afin d’asseoir et garantir les dernières expropriations auxquelles elle a participé. La célèbre phrase de Marat selon laquelle « le despotisme marche au pouvoir absolu par des voies opposées » illustre à merveille leur rôle dans la société cybernétique et leur alliance de fait avec la classe dominante de cette société dont ils sont les progresseurs et les projecteurs obéissants – la couche techno-scientifique disciplinée dont les sécrétions idéologiques ne visent qu’à faire disparaître, en première instance, leur véritable rôle au service des progressions de l’esclavage. Leur prétendu refus, cristallisé dans de nébuleuses abstractions, s’exprimant le plus souvent dans une rhétorique émeutière, mais toujours prête à retourner dans sa niche d’opportunités au premier choc. Sans véritable contenu autre que la défense et l’illustration d’une servitude augmentée, ce refus dans la discipline doit être pris, à la fois, comme une affirmation et une confirmation de l’ordre actuel – l’idéologie américaine et ses multiples dérivés techniques : la part la plus spectaculaire du parti de l’aliénation radicale servant à dissimuler les dernières prouesses de la société cybernétique en matière de contrôle des populations, de distribution et d’exploitation du travail, de recomposition urbaine, de progression de la banlieue universelle, d’innovation en matière de surveillance du panoptique et de cartographie des oppositions réelles afin de les anticiper, sinon de les conduire utilement dans le sens souhaité, ne fût-ce qu’en rompant avec le cercle de fer d’une ancienne légalité étouffante pour l’affiner, en leur permettant l’émeute sans lendemain : celle qui permet de justifier le règne de la police et de l’indignation médiatiquement outrée.

Ces tendances sont presque toutes, et presque toujours, sans véritable intérêt pour peu qu’on ait la patience de les examiner de près, ou qu’on les considère avec ennui ainsi qu’elles le méritent toutes. Acharnées qu’elles sont à se répéter en permanence les unes, les autres, elles se confirment mutuellement des opinions d’une consternante conformité avec les buts de la société cybernétique dont elles préfèrent ignorer ou nier l’existence. La plupart sortent d’usines spécialisées dans la production, à jets continus, de lieux communs, de falsifications, de pseudo-concepts, de simulacres informatifs, et alimentent un marché intellectuel en perpétuelle décomposition – sa principale qualité. Avec cette conséquence attendue : le lancement précipité de produits innovants oriente vers sa fin le processus général dans lequel la totalité de la vie intellectuelle dans la société cybernétique a été engagée par ses différents promoteurs, acteurs et propriétaires. Il n’y a désormais plus aucun doute que l’automation presque totale de la vie intellectuelle permettra à l’idéologie de la société cybernétique d’accomplir de grands progrès, en la débarrassant des regrettables approximations de ces gâte-sauces. L’inconsistance de la pensée qui règne sur ce marché n’est dépassée que par la profonde veulerie des vies à l’attache qui s’y déclinent et s’y déchaînent dans des formes d’aliénation dont on peut dire, sans grand risque, qu’elles ont eu peu d’équivalents dans le passé. Les nombreux simulacres de pensée qui se rattachent à ces ruminations machinales et déshumanisées, pratiquées sans même qu’un effort soit fait pour les tempérer par quelques joyeuses violences de la part de leurs victimes, ne sont que la projection surdimensionnée d’un esclavage incontestable et bavard, satisfait de lui-même jusque dans ses pratiques ; dans la galerie des glaces, l’autre est le même ou le contraire pour faire bon poids et bonne mesure.

Ces tendances sont des bulles de spéculation échappées d’un néant que leurs locataires rêvent d’aménager en parcs d’attractions subventionnés. Zones établies sur un modèle connu et éprouvé, invariable, où viennent s’ébattre leurs propriétaires et leurs associés dans des week-ends prolongés à l’infini sous le pâle soleil de leurs dérisoires convictions. Elles sont, à la fois, des panic-rooms pour quinquagénaires intégrés, des écoles de formation pour les enfants calibrés de la contre maîtrise techno-bureaucratique et le prélude évident de l’utopie cybernétique dont les crétins les plus notoires et les plus sonores ne perçoivent, pour l’instant, que l’immonde poésie programmatique tout en éprouvant le plaisir que procure la chasse aux hérétiques dont le leurre pandémique a été l’incritiquable prodrome. Rappelons aussi que les plus avancés des avant-gardistes de ce néant n’ont pas vu d’un mauvais œil se multiplier les diverses spoliations et confiscations décrétées par les tenanciers du collectivisme cybernétique. Ils y ont même collaboré avec un grand degré d’enthousiasme, chacun ajoutant une perle de son cru à l’une des plus grandes campagnes de délation planifiée et organisée par le Parti Médiatique depuis un demi-siècle – l’anti-complotisme est devenu l’un des points centraux de l’idéologie dominante de la société cybernétique : le complotiste étant devenu, après le terroriste, le seul ennemi à combattre et à abattre (…)

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(…) Indignés, Nuit Debout, Soulèvements de la Terre et autres trucs et robinsonnades intégrées de la géographie des aliénations renouvelées sont de parfaits exemples de ces tendances et bulles de spéculations de la gauche radicale, ne fût-ce qu’à considérer d’un œil désabusé les carrières qui s’y déroulent et s’enroulent autour de quelques impostures bureaucratico-marchandes – l’ensemble des thèmes usés jusqu’à la corde, mais obligatoires, que cette contre-révolution préventive traîne derrière elle et rêve d’imposer au monde entier : le climatisme étant un parfait exemple par ce qu’il tente d’imposer socialement et politiquement. Ce sont des caricatures de monde où des impuissants, habillés en masse chez Décathlon par plastique et chaussés par Chine, satisfaits de leurs altérations cognitives – Foucault-Deleuze-Descola-Bruno Latour et consorts – et de leurs uniformes, parce que celles-là comme ceux-ci sont de ternes confirmations de leur nullité existentielle, viennent exécuter un service, dont il faut craindre qu’il ne devienne bientôt nécessaire dans la moindre des communes de France. Elles auront l’obligation de s’équiper d’une bassine géante et de provoquer sous conditions, par les réquisitions adéquates, une émeute en rase campagne chaque dimanche en vue d’assurer, le reste de la semaine, l’ordre dans l’ensemble d’un pays qui a accepté d’avoir le cou tordu et les oreilles vrillées par le mouvement des éoliennes ou d’être aveuglé en regardant les reflets du soleil sur les toits des hangars photovoltaïques…

Attirés en masses compactes par l’aura d’un pseudo-illégalisme que des experts en contestation ont réussi à leur fourguer en petites fioles brevetées, ces glandus-sacs-à-dos-gourdes-birkenstocks de la raison marchande passent et pérorent sans fin sur un ensemble de thématiques et de programmes qui passionnent uniquement les mangeurs de tofu de la middle-class vertueuse : vieux ados comateux en route pour la biocoop, apologistes d’une violence épisodique dont ils se réjouissent d’être les victimes car cela démontre leur force, dodelineurs absorbés devant leurs écrans et perpétuels électeurs apeurés en mal de représentants, car chez eux tout finit dans un bureau de vote et dans les mains de leurs bureaucrates-assouplisseurs. Soucieux d’être perpétuellement à l’avant-garde des gens bons de la société cybernétique, quel que soit le sujet abordé : de la culture des navets à l’urbanisme, en passant par la sexualité et les navets transgéniques de la culture, sans oublier l’éducation des enfants qui ont eu le malheur de naître parmi ces crétins convaincus, ils prennent leurs nombreuses danses de Saint-Guy de bouffeurs d’herbes agités par les possibles futurs de l’utopie-capital auxquels ils adhèrent, pour de véritables alternatives au capitalisme, comme précédemment leur libération mentale était annoncée, prétendaient-ils, par les signaux de petite fumée qu’ils émettaient dans leur aplatissement de normo-marginaux. Ils ne sont finalement que les produits les plus honteux de la mutation du capitalisme, la clinquante camelote que la société cybernétique nous démoule lors de chacune de ses progressions et qu’elle nous impose fatalement : sa disgracieuse avant-garde, son humanité dans le laboratoire, effrayée en permanence d’être en retard d’une normalisation dans le mouvement général de la réification marchande dont elle gère ouvertement et sans complexe de larges pans techno-scientifiques d’amélioration de l’aliénation. Ces allumés de la raison marchande réalisent la prétention totalitaire de cette société cybernétique de vouloir tout régler, surveiller et contrôler, en descendant jusqu’aux plus infimes détails de l’existence, qui finalement n’intéressent vraiment qu’eux, puisque c’est autour de ces détails que s’organise la plus grande partie des structures de contrôle dans lesquelles la plupart de ces zombies des ruses de la fragmentation numérique trouvent leurs métiers : cette ligne logistique infinie que l’utopie-capital déploie dans sa guerre contre le vivant.

 

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En se drapant, par exemple, d’une manière caricaturale et tout idéale, dans une frugalité tous azimuts, ils légitiment l’ensemble des dépossessions et des dissociations que cette fraction avancée de la classe des logiciens se propose de gérer ou qu’elle gère déjà ouvertement. Son idéologie globale et ses multiples déclinaisons répressives en dessinent les contours avec un grande précision – woke, cancel culture, déconstruction, cultural studies, théories et études de genre, études décoloniales, écologisme châtré, anti-industrialisme injecté, anarchisme queer, transsexualisme chimiquement fabriqué et assisté, positivisme machiniste émerveillé et transhumanisme (être comme un bœuf en France), anti-complotisme et autres munificences de la régression planifiée et du ramollissement cérébral. Se nourrissant de ce qu’elles séparent et cloisonnent, broient en d’invraisemblables domaines et labyrinthiques spécialisations, ces infinies déclinaisons d’un programme de crétinisation méticuleusement ajusté à chacune de ses clientèles, qu’il est loisible à tout un chacun de retrouver et de déchiffrer sous de multiples manifestations, sont des organismes épiphytes allant jusqu’à croître les uns sur les autres dans un mouvement de prolifération brownien. Ces bulles de spéculation se développent autour de ce qu’elles prétendent défendre contre des agressions qu’elles s’entendent à entretenir par toutes sortes de biais. Ces avant-gardes de la société cybernétique s’apparentent à des commandos de chasse chargés d’effectuer des nettoyages préventifs là où cette société redoute des attaques ou prévoit d’effectuer de nouvelles conquêtes (…)

 

(…) La plupart du temps un oubli complaisant recouvre rapidement ces bulles de spéculation, dès qu’elles ont effectué leurs tâches, comme si elles avaient été frappées par un sort programmé avant même leur venue dans ce monde si tolérant pour les vagissements les plus incongrus. Et elles-mêmes qui n’ont pas de mémoire et la combattent quand elles la rencontrent, s’oublient d’heure en heure dans un fatras de proclamations contradictoires, face à un public complaisant qui, finalement, ne demande qu’à être violé dans des positions rares. Ce qui est dit ou proclamé sur un ton de certitude tranchante s’abolissant de fait par sa simple élocution, dans laquelle réside le plus souvent la seule ambition visée par un énonciateur dont on s’aperçoit dans les temps qui suivent qu’il était à lui seul et en même temps un con, une pute et le néant. Ce qui est dit, parce que cela a été dit, entrave toute possibilité de réalisation qui d’ailleurs est souvent considérée négativement : les crétins notoires se prenant au jeu de la réalisation d’énoncés aussi fumeux en sont fréquemment les premières victimes.

Souvent ces tendances ou bulles de spéculations sont purement esthétiques dans leurs postures les plus grandiloquentes. Les plus agitées ne soulèvent que la boue dont elles sont nées, pour y retourner un fois qu’elles y ont gravé leurs durables empreintes. Il ne s’agissait pour elles, somme toute, que de contribuer aux débordements du néant – leur seule véritable demeure – ou d’intervenir momentanément, sur quelques points spécifiques de la société cybernétique dont elles gèrent la défense.

Ces bulles de spéculation du radicalisme servile sont parfois affectées par un côté « service spécial » de la marchandise, qu’elles n’arrivent plus à contenir dans les strictes limites des ridicules acronymes, ou noms d’effrois qu’elles se choisissent afin qu’une clientèle d’éberlués et d‘ébaubis s’imaginent qu’elles sont venues au monde pour réchauffer les épaves d’anciens espoirs. Ces espoirs fanés et épuisés de mille manières, dont elles se revendiquent, elles les tiennent savamment échoués depuis des lustres dans leurs marécages conceptuels d’une si froide hypocrisie que cela nous rend, en comparaison, l’immonde bêtise du philistin de naguère presque aimable. Celui-ci, malgré sa veulerie profonde et son inhumanité constitutionnelle n’avait pas encore atteint cet état de connerie et d’hébétude désespérée, sans remède, où se complaisent les mules spéculatives de la déconstruction dans leur pétrification politique et sociale. Dans l’enceinte de l’utopie-machine, qu’elles alimentent de leurs chimères, avec la cadence de machines à dégueuler du fumier aux abords d’une étable saturée, elles ne sont le plus souvent que les messagères de l’esclavage cybernétique, son banc d’essais ultime. Quelques-unes, les meilleures et les plus avantageuses du point de vue de leur utilisation sociale, sont simples et claquent comme des coups de fouets. Leur clientèle captive les découvre au moment où ceux-ci s’abattent sur elle et alourdissent les conséquences du désastre et de leur servitude. L’écologisme châtré en vogue dans la technostructure de la société cybernétique, désormais mâtiné d’un sympathique transhumanisme tartiné sur tous les aspects de la réalité, en est le plus parfait des exemples : son évidente spécialité a consisté dans la définition et la reconnaissance des nouveaux périmètres marchands sous couvert d’un anticapitalisme de basse intensité devenu une marotte de ce groupe social.

 

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Ces tendances du radicalisme servile sont les ombres portées des pulsions dévorantes de la société cybernétique sur les territoires que celle-ci se propose d’envahir ou d’enlacer dans de supplémentaires disciplines. C’est en permanence que la société cybernétique laboure son monde par de longues éventrations planifiées afin d’y semer ses horreurs et un personnel de garde – les symbiotes du panoptique réformé – afin que tout puisse suppurer en paix dans la plaie préméditée. Il lui faut y déposer les bornes cadastrales de la régularité et de la propriété pour y établir fermement son utopie. La société cybernétique ne tient vraiment qu’à récolter ce qu’elle sème : les confiscations, les privations et les restrictions et censures sur lesquelles elle fonctionne avec une relative perfection et dans une fausse conscience en béton.

De ces innombrables tendances, quelques-unes méritent d’être conservées comme un témoignage fiable sur l’état d’imbécillité auquel peuvent parvenir de petits groupes d’humains pour peu que le chemin pour y parvenir, sans difficultés insurmontables, leur soit longtemps montré dans le couloir qu’elles meublent de leurs pulsions réformatrices. Nombre de ces bulles de spéculation qui paraissent spontanées dans leur phase initiale sont en réalité suscitées par le gouvernement de la société cybernétique. Le public est dans l’obligation de les tolérer comme on tolère avec bienveillance un sale petit morveux dans une famille présomptueuse sous l’emprise de l’éducation positive. Ces tendances du radicalisme servile sont de braves filles, un peu gâtées, remuantes et parfois piquantes au commencement de leurs apparitions dans la fonction de Zopire : c’est une fatalité dont on doit s’accommoder par nécessité. Tout le monde sait, depuis leurs gestionnaires avisés jusqu’au dernier des gendarmes de la Creuse que le gouvernement des apparences leur dépêche pour protéger leurs débordements prévus, bruyants et publicitaires, qu’il faut souvent les émonder des quelques indésirables excessifs qui s’y sont perdus parce ce qu’ils ont cédé aux inepties des nouvelles croyances automatiques ; après qu’on les a attirés par les farces et attrapes que le gouvernement des émotions et des passions tient dans son sac à malices. Sa nouvelle police fonctionnant comme une parfaite milice jusque dans sa diversité querelleuse, il ne faut jamais s’inquiéter de l’avenir de ces rejetons de l’enfer, car il est tout tracé, cet avenir de la désinformation.

Ces bulles de spéculation, véritables machines de déception, recevront toutes les aides prévues pour ne pas quitter le rail de la servitude qu’elles alimentent de leurs passions tristes, filant, toutes voiles dehors, vers l’embaumement idéologique. Elles rejoindront plus tard les autres meutes de la nouvelle police dans des bacs à sable prévus de longue date, dans un jardin déménagé avec la régularité d’un métronome. Elles répondront, telles des insectes photophiles, au moindre signal des lumières médiatiques de l’époque ; elles participeront à l’empoisonnement général, sur les thèmes de prédilection que l’état-major des grandes têtes molles leur prépare avec minutie et renouvelle à chaque saison. Leur ordre d’apparition hors du sac à malices, les contorsions prévues, suivent les sévères nécessités d’un code promotionnel qu’il est loisible à tout un chacun de considérer avec désabusement quand il passe au large des têtes de gondoles des médias, ces supermarchés de l’infamie.  Au premier rang, à la vue de tous, l’étincelante pacotille qu’il faut fourguer au plus vite, à tout prix, avant la date de péremption inscrite sur l’emballage. Dans le rayon, un peu à l’écart, le second choix : ce qui reste des anciennes modes ; ce qui n’intéresse plus que de rares archivistes ou des collectionneurs de baudruches. Elles sont destinées à une consommation de masse qui n’a jamais été trop exigeante en matière de qualité et qui d’ailleurs n’en a jamais eu les moyens. Elle s’en moque éperdument du moment qu’elle est rapidement satisfaite, que sa demande vorace est flattée. Elle a été suscitée par des moyens connus de tous, car appliqués à l’ensemble des productions imposées par la société cybernétique, de la nourriture aux livres…

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(…) Le gauchiste radical, ce crétin à la pensée gélatineuse, toujours rabattu par quelques joyeux coups de matraques dans le sentier commun où il marche sur la tête, équipé par des études dont il est le seul et le dernier à ne pas vouloir considérer la profonde imposture, la futilité et l’usage policier, prendra, pour débuter dans la carrière protestataire, le maquis dans le dédale universitaire ou dans celui des grandes écoles. Il se hissera ainsi dans la posture qui lui permettra, par la suite, toutes les reptations tarifées et certifiées sur la base des qualifications purement virtuelles qu’on lui aura accordées parce qu’il aura suivi l’ensemble des consignes, qu’il est le dernier à ne pas vouloir comprendre, imposées par la bureaucratie du savoir, et dans laquelle il espère jouer un rôle et trouver un emploi. L’administration de la décadence sanctionnera sa course aux qualifications par de vagues diplômes couronnant des pseudo-études, assez généralement effectuées en sciences sociales ou dans des domaines afférents, puisqu’il semble que dans ces domaines, récemment inventés pour satisfaire prioritairement la demande des futurs chiens de garde de la société par une sélection aux critères soigneusement inversés, toutes les bouffonneries sont conseillées, recommandées et rendues possibles grâce à une subversion et à un retournement complet du critère d’égalité ; en reconnaissant fraternellement, de facto et parce qu’il est venu, à chaque illettré tombé dans l’éclosoir, l’ensemble des compétences et des capacités qui, autrefois, ne pouvaient être acquises que par des études regrettablement et notoirement exigeantes. En règle générale, ces soutiers du savoir désintégré, rassemblés sur la base d’une ignorance fraîchement acquise, fabulent sur ce qu’ils cherchent dans la précipitation de leurs pseudo-études en ergotant pendant des éternités sur ce qu’ils ne trouvent pas, pour autant qu’ils le cherchent ou acceptent de se priver d’en avoir les moyens, hormis les rares subventions accordées en règle générale aux plus soumis d’entre eux qui, par cette méthode et quelques autres, plus discrètes, se jouent des contrôles. C’est justement parce qu’ils se proposent d’être les complices du système par leur médiocrité affichée que le système les récompense. Par la suite, ces études sans substance aux méthodes obscures, sont authentifiées par d’étranges professeurs s’adoubant réciproquement depuis plusieurs décennies dans des bains d’admiration réciproque. Ceux-ci surviennent avec la régularité de préfaces pondues dans une maison d’édition et de complaisance, pour l’affliction des derniers lecteurs. Ces diplômes extraordinaires sont destinés à être échangés sur le marché de la passivité, après avoir été remis de force par des maîtres guère plus instruits qu’eux, à ces tristes et futurs ténias de l’organisation des apparences, à la suite de plusieurs sessions de grèves régulières et obligatoires permettant de réduire autant que possible le volume des études nécessaires à la formation accélérée d’une crevette de l’idéologie aux convictions d’essuie-glace.

Le con radical commettra par la suite sous l’œil attendri des médiatiques aux admirations tarifiées selon un barème spécifique et en fonction des transgressions autorisées et académiques, quelques héroïques coups de mains en donnant une conférence d’apeuré, aux termes longuement et prudemment soupesés par les tenanciers de l’officine qui l’emploie ; en publiant un article dans un journal subventionné, publiquement ou secrètement, fabriqué pour recueillir ses colères, c’est-à-dire ses rôts satisfaits sur les sujets les plus convenus et finement triés afin de ne pas instruire ses contemporains, sinon en les trompant plus que de coutume ; en violant un tabou ; en fabriquant un livre pour obéir au cahier des charges, ouvrage scientifiquement recopié sur d’autres jamais cités où il nous révélera ce que tout le monde sait depuis longtemps mais que lui, l’éternel cocu intellectuel de première classe, était encore, et apparemment, le seul à ignorer : sur la presse, on ne la dénoncera jamais assez ; la pollution, elle est partout ; les nouvelles technologies, réduites à deux ou trois abus qui empêchent la méga-machine de fonctionner utilement ; l’économie, elle n’est jamais assez distributive; la fin de la société de classes, toujours totalitaire ; le sexe, sujet de prédilection des castrats de nouvelle vague qui, grâce à la chimie, se reproduisent sans difficulté dans ce milieu, comme des lapins en Australie. Par la suite, et pour obéir au code promotionnel de la falsification, la ganache radicale donnera, de sa voix de châtré, un pauvre coup de gueule, un exercice de loyauté dans un studio de radio ou de télévision, là où les plus grandes et belles convictions viennent mourir comme des vagues de fuel lourd sur une plage déjà mazoutée, ce que les disciples – la tendance ou la bulle de spéculation – décriront, le jour même, comme une nouvelle prise du palais d’Hiver par des mouettes. Au pire, il périclitera avec ses convictions en carton et sa collection de fétiches adorés, que ses managers en nov-concepts lui changent d’un trimestre sur l’autre, devant le reflet que lui renvoie son généreux miroir médiatique, flaque d’eau croupie où naviguent les espoirs promotionnels de cet adhérent de toutes les farces intellectuelles aspirant à changer le monde : en changeant de sexe ou de quartier, en subissant une inversion de polarités, en reconstruisant perpétuellement la gauche, en nuançant la couleur de ses tromperies. Monde dont il feint d’ignorer la surrection tout autour de lui, qu’il ne reconnaît pas, alors que celui-ci est le sarcophage de ses espoirs. Il ne l’a pas reconnu dans ses coloriages. Il finira journapute, sociologue ou quelque chose d’approchant dans la grande déchetterie, ou bien encore mouton d’avant-garde dans un parc d’attractions protestataires – on dit désormais artiste quand on en rencontre un, à qui sa mère, en le laissant sortir, a oublié de mettre quelque chose pour le finir. A l’écouter pérorer, on acquiert rapidement la certitude que ce qui lui manque, il ne le retrouvera jamais dans le désordre de ses illusions. Et s’il lui reste un semblant de savoir-faire dans la répétition qui est son cœur de métier, il deviendra révolutionnaire officiel et rétribué – fonctionnaire secret ou patenté du Parti Révolutionnaire Institutionnel tel qu’il a été créé en 1792 et réformé après les journées de juin 1848 – dans un coin du zoo où ce normo-marginal signera des pensées fabriquées en série sur les chaînes de montage de l’inquisition : des ready made en quelque sorte, où il découvrira, sidéré comme il sied, une fois par mois et toujours quand il est à la remorque des pseudo-événements organisés pour lui et auxquels il participe, le monde dans lequel il croit vivre, pour tenter de l’apprendre à ceux qui le connaissent déjà.

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(…) Désormais le mépris accompagne ces tendances de la bouffonnerie. Quoi qu’elles fassent ou qu’elles disent ou qu’elles écrivent, elles inspirent la méfiance, le dégoût, sinon le sarcasme. Nombre d’entre elles ont de troubles rapports avec un Etat qu’elles prétendent haïr mais qui leur est une véritable mère nourricière sur de nombreux aspects qu’il n’est plus besoin de décrire ou de cartographier une fois de plus, tant ils sont connus par tous ; et même recherchés ou revendiqués ouvertement par les plus imbéciles et significatifs représentants de ces tendances. Il ne s’agit pas uniquement de cette tourbe malheureuse de petits fonctionnaires ou postulant à l’être, toute honte bue, qui finissent par lasser par la médiocrité de leurs ambitions affichées et leur platitude existentielle – qui en a vu un, les a tous vus. Il y a aussi cette armée mexicaine de métiers baroques que la marchandise traîne derrière elle comme une longue ligne logistique, qui semblent n’avoir été créés que dans le but de procurer une occupation fantastique et des appointements déplorables à une partie des enfants du fonctionnement et du contrôle, de la prévision et du programme cybernétique – le syndicat de la machine. En outre, ayant épuisé toutes les patiences et tous les mandats qu’elles tiennent de leurs maîtres – en apparence d’elles-mêmes pour les crédules – il ne leur reste plus, à ces tendances, une ombre disponible où dissimuler leurs erreurs et leurs chicanes, leurs lâchetés, leurs falsifications, leurs lentes décompositions sur zad – là où on a pu apercevoir quelques-uns de ces rejetons de la petite bourgeoisie intellectuelle, partis aux champs afin d’échapper à l’ange exterminateur cybernétique, avec lequel iels se sont pourtant enfermé.e.s fièrement pour dialoguer sur la qualité du néant à filer sur leurs rouets à bavardages qu’iels confondent avec les haches de bronze qu’iels fondent dans leurs toilettes sèches idéologiques.

Où que nous dirigions notre regard, c’est désormais une véritable débandade que nous apercevons, sans honneur et sans courage, après que la révolte des gilets jaunes a démontré la radicale inutilité de cette gauche du despotisme cybernétique par où sont arrivées nombre de bonnes idées d’amélioration de l’esclavage – les lois de Ford revues par Foucault, Deleuze, Derrida et autres cavaliers de la déconstruction dans une nuit sans bout. Ce n’est plus un secret, c’est même devenu une plaisanterie que se racontent les machines, au moment des derniers réglages du transhumanisme. Il n’y a que les maîtres et leurs médias qui aient besoin de cette gauche radicale comme le piment d’une vie quotidienne totalement colonisée. C’est un étouffoir aux utilisations très calculées dans les progressions de la société cybernétique – l’écologisme en est le meilleur exemple par ce qu’il attire, rassemble et disperse, une clientèle de cadres et de symbiotes fonctionnarisés en quête d’un supplément de fausse conscience, de harpies aux sexes neutralisés, de mâles déconstruits, de consommateurs des derniers temps, d’électeurs déçus, de sarouals informatisés et de drapeaux noirs taillés dans un coupon de tissu acheté dans des boutiques chics qui faisaient auparavant dans le string idéologique et culturel – Deleuze-Guattari-Lyotard – avant de se reconvertir dans les farces et attrapes de la subversion intégrée façon anarchisme queer.

 

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La révolte des gilets jaunes qui les a si profondément surpris et dépités a mis un terme définitif à l’existence de l’ensemble de leurs courants politiques décrits sous le terme policier faussement unificateur d’ultra-gauche ; et a rendu encore plus pitoyable leur normo-marginalité assistée qui n’est que l’un des accessoires très calculés de leur intégration dans la société cybernétique – le sociétal, ce collectivisme des ténèbres et des affairistes de l’Xploitation des passions. Il a dessiné sans complaisance leur groupe social qui fuit à genoux dans cette fameuse nuit sans bout à la découverte de ses chaînes. Chacun d’entre eux rampant droit devant lui, en suivant fidèlement le cercle vicieux dans lequel il s’est enfermé, poursuivi par son propre fantôme. Chacun déplore tant de méchancetés, si soudaines, infligées par l’Etat cybernétique, et bascule ce qui lui reste de reflets utilisables dans l’eau tiède de ses ambitions, avec les cris d’un poulet qui a été plumé pour être jeté dans le bouillon d’une sombre tyrannie. Avec le regret que ses maîtres aient pris soin de l’avertir du destin funeste qui le guettait à la fin de sa course. Sans même lui laisser le temps de faire une dent pour mordre la poussière. Chacun d’entre eux avec ses spéculations, chaque jour plus fumeuses les unes que les autres. Le coup du monde cybernétique les a frappés comme la foudre, dans un grand nettoyage à sec, avant la mise au tombeau de toutes leurs belles espérances.

Mais ce qui mérite d’être souligné dans cette glauque déconfiture de la gauche radicale engouffrée dans son interminable tunnel intellectuel : ce sont les mensonges qu’elle égrène en caressant son chapelet béni par les autorités du moment. Sous couvert d’une critique dont elle a abandonné les concepts fondamentaux, quand elle ne les a pas conchiés, comme si cela pouvait conférer une véracité supplémentaire à ses falsifications, elle dissimule sa dérive continue et accélérée au service d’une domination fondée sur la défense d’une exploitation prolongée, s’étendant sur tous les domaines de la vie. Cette gauche radicale a perdu, en se transformant en force programmatique du système, en se mixant médiatiquement avec toutes sortes d’immondes rogatons idéologiques, jusqu’à son messianisme de vieille pacotille subversive qui lui servait de cotillons retroussés ou de langue de belle-mère pendant les tristes fêtes où le prolétariat coulait à flots – et à pic. Car si l’on en croit ses affirmations quotidiennes, en dehors de son milieu d’enfants de chœur dans ses chapelles en ruines, rien n’existe. Avec cette prétention puérile que si cette bande de pieds plats de la gauche de conversion cybernétique n’y voit goutte, c’est parce qu’il n’y a rien à voir, ou rien qui mérite d’être perçu ou d’être retenu, ainsi qu’une anomalie dans un champ de vision. Ils allèguent cela avec une amertume affectée qu’ils versent à pleines bolées autour d’eux, effrayés d’apercevoir la renaissance, sous des formes rudes, d’une critique qu’ils croyaient avoir assassinée pour de bon. Ils le répètent : s’ils n’ont rien vu venir, il est plus qu’évident que nul autre n’a pu voir venir quoi que ce soit, ni même prévoir. Son anti-complotisme avéré est avant tout un grossier déni de la réalité. C’est un mensonge indigne et intentionnel, mais bien dans la logique d’une époque où tout doit s’apprécier et être consommé à chaque fois, comme un moment de pure nouveauté devenu un état durable pour la monade informée qui ne vit, pour l’éternité, que dans l’instant qui passe ; avec ce subtil avantage qu’elle paraît perpétuellement renaître au monde dans un jour sans fin, avec des yeux tout éblouis de voir l’affreux spectacle qui s’y déroule. Jour que rien n’a préparé, décidément. Ce qui est arrivé était non seulement prévisible, mais les formes sous lesquelles cela s’est produit avaient été décrites à plusieurs reprises. Du côté des gouvernants, il y avait eu des modélisations informatiques et des expérimentations à petite échelle. Et parmi eux, nombreux étaient ceux qui voulaient passer du laboratoire au terrain, à la suite de simulations prometteuses de ce type de terreur, et particulièrement ceux qui sont parvenus récemment au commandement des affaires (…)

Le contexte désastreux dans lequel tout avait glissé, que tout le monde, sauf les ganaches de la gauche-laboratoire ou gauche-fabrique, savait, imposait, telle une réplique dans ce genre de situation funeste, une réponse rapide et ferme. Les hommes qui gouvernent la société cybernétique n’ont de principe de modération dans aucun des domaines qu’ils gèrent. La répression des gilets jaunes, en France, a été un exemple suffisamment parlant. Le but à atteindre par le coup du monde était de mettre chacun hors d’état de se défendre ou de nuire, par l’étalage et l’usage le plus complet de la force que leur incroyable arsenal leur permet d’atteindre. Il s’agissait d’obtenir le meilleur état de sécurité que leur prise de pouvoir exigeait. Mais c’est aussi un calcul insensé qui a commandé cet usage immodéré de la force. C’est un pari qui oublie le principal chez son adversaire, fatalement destiné à renaître après cette attaque en tornade. Afin de garantir les chaînes de l’esclavage, il leur fallait briser à coups de bâton l’incendie qui avait commencé. Il y en a eu pour tout le monde : pour ceux, les moins nombreux, qui ont eu suffisamment d’audace pour se révolter contre les aspects les plus liberticides de la pseudo-pandémie, cette opération de police mondialisée, mais n’en ont jamais eu assez pour le faire avec efficacité, car trop dispersés et séparés ; pour ceux qui dormaient pendant les artificieux embarras – hypnose de masse et test de Milgram géant – dans lesquelles la société était plongée par ses propriétaires, ou regardaient prudemment ailleurs dans le but de ne pas déranger les pacificateurs dans leurs œuvres d’enrichissement maffieux et de concentration de la propriété ; pour ceux d’une classe moyenne faite d’innocents la tête dans le cul qui pérorent sur le sexe qui est devant ou qui suit, réduits à l’état d’hypothèse métaphysique par des raisonnements ingénieux pendant l’invasion. Par cette généreuse et impitoyable distribution qui n’avait rien d’équivoque et qui n’a éveillé aucune remontrance circonstanciée de notre garde-chiourme intellectuelle, déjà confinée par son genre d’activités spécialisées et aveuglée par ses imbitables théories, il fallait repousser aux calendes grecques l’inévitable conclusion.

La burka mentale de cette gauche radicale, portée comme une mue du dernier chic pendant la courte paix sèche (2008-2018), les a rendus non seulement incapables d’apercevoir le monde dans lequel ils vivaient avec leurs certitudes – Hannibal ne franchira jamais les Alpes ! – mais aussi de formuler le moindre soupçon quant à la nature réelle du monde dans lequel ils dorment. Ces ganaches glosent à l’infini sur la rationalité si spécifique du gouvernement mondial de la société cybernétique, qu’elle semble défier de nombreuses lois qu’ils pensaient connaître et avoir compris, voire oublié. Ils semblent étonnés que leurs maîtres qui utilisent ces armes en les combinant avec beaucoup d’aisance – réformes économiques qui ont rétabli l’esclavage, abolition du salaire, structures politiques despotiques, médias totalitaires, poignardeurs et émeutes vite oubliées, désastres médités, assassinats, guerres…, ne tiennent aucune considération des conséquences qu’elles provoquent. Ils ont rendu caduques nombre de lois qui furent utiles à leurs prédécesseurs pour conserver leur pouvoir. Dans la décomposition générale qu’ils souhaitent, ils sont devenus incapables de comprendre que les buts qu’ils se proposent d’atteindre avec ces armes entraîneront leur destruction. Et quoique leurs machines soient en veille permanente pour leur livrer toutes sortes de calculs et de scénarii, ils ont perdu de vue les résultats engendrées mécaniquement par le coup du monde, comme s’ils étaient, somme toute, des à-côtés négligeables de l’affaire dans laquelle ils se sont engagés si vigoureusement. Poussés par les circonstances déplorables auxquelles ils voulaient échapper, ils ont la faiblesse de croire qu’ils ont encore des délais dans l’affaire qu’ils ont engagée si vivement au bord de l’abîme afin de s’en extraire. Ils n’ont pas une claire appréhension des effets que cette rupture – des règles qui étaient acceptées avec plus ou moins de bonne grâce par l’ensemble des belligérants par une sorte de pacte turpide et silencieux – entraînera à moyen terme sur l’état moral de leurs esclaves et sur les actions que ceux-ci seront contraints d’entreprendre ; et donc de quelles illusions leurs maîtres les ont désencombrés à la suite de leur incursion impétueuse dans le magasin des porcelaines. Procédé qui vaut pour exemple de méchancetés à commettre en retour. Bref, les gouvernants, qui viennent d’arriver, ont fait le choix stratégique de la bestialité afin d’appuyer leur prise de pouvoir, fatigués qu’ils étaient des compromis mal assurés, violés, par toutes les parties en présence. En contrepartie beaucoup ont désormais compris qu’on ne doit en aucune manière la vérité à ceux qui vous mentent avec autant d’insolence et d’aplomb ; que la force est disponible à qui veut s’en servir quand il n’y a plus aucune liberté à défendre, mais à conquérir. S’il y a des premières fois en tout, il y en a aussi des ultimes.

Jean-Paul Floure

* Ce texte est constitué de plusieurs extraits de la préface de la première partie d’un ouvrage en deux tomes devant paraître aux éditions Birnam.

Post-scriptum : Nous appelons « déconstruction » le mouvement intellectuel franco-américain et anti-critique qui a accompagné dès les années 60 l’accumulation primitive tertiaire – qui s’est poursuivie en restructuration industrielle dans la plupart des pays occidentaux – sur laquelle s’est appuyée la naissance de la société cybernétique. Nous commençons désormais à percevoir les moyens qui ont permis ce mouvement et les buts qu’il se proposait d’atteindre sous l’égide des différentes structures économiques qui l’ont déclenché, conduit, financé, et dont il est l’élégante idéologie, l’esprit domestique d’un monde sans esprit. Nous ne prononçons ce terme, qui définit une pratique générale de falsification idéologique, ou ne l’écrivons, qu’avec un profond sentiment de dégoût et de répulsion ; et cela aussi bien pour les théories manipulatrices que ce mouvement d’avant-garde de l’exploitation a générées, que pour les individus, plutôt opportunistes, qui s’en sont fait les porteurs. Il n’est pas inutile de rappeler que ce mouvement – qui s’est fait l’apologète, comme par hasard, de plusieurs propagandistes nazis : Gadamer, Carl Schmitt, Heidegger… – a participé, lui aussi, à la destruction de l’université française tout en vivant de ce désastre, souhaité par tous à des fins d’adaptation.

 

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