RAPPORT PROVISOIRE SUR L’APPARITION MIRACULEUSE DU COVID-19 & LES RESISTANCES QU’IL SUSCITE (1)

 

« Dans la société cybernétique, résidu du nombre et du chiffre, ce qui fait nombre finit par ne plus compter, ou du moins pas plus qu’une unité dans une grande soustraction. Précédemment le concept de masse a décrit le théâtre des exterminations effectuées : peut-on considérer l’homme en dessous de cent mille exemplaires, quand n’importe quel stratège industriel se vante de disposer d’une rente d’un million d’hommes – son unité comptable ? A quinze mille exemplaires, il ne s’agit que d’une simple discussion technique entre employés sur le gouvernement du travail dans la sphère du mérite marchand dont le postulat est : « Demain, je déciderai qui sera mort et qui sera vivant. ». DESORMAIS, ou Quelques règles d’hygiène pour le parc des objets, considérations succinctes sur les notions de population, de maladie, & de gouvernement. Septembre 2003

Le pronunciamiento du covid-19, ce « TchernobyL virologique » qui a permis à plusieurs gouvernements occidentaux de neutraliser, dans la stupeur, la sphère de l’infra-politique afin de ployer le travail, n’a jusqu’à ce jour – 26 AVRIL 2020 – rencontré aucune opposition véritablement déterminée, si l’on excepte quelques réactions d’indignation morale provoquée par ce désarmement social, et l’instauration de lois scélérates généralisant et imposant « la logique relationnelle », en passant de l’expérimental à l’opérationnel sur une grande échelle(a). Ces réactions se satisfont de n’être, assez généralement, que pures discussions techniques, elles se résument ainsi :

Sur l’efficacité du confinement : est-il une méthode efficace contre la propagation du virus ? Les plus compétents répondent par le doute ; mais ils sont incapables de nous dire clairement pourquoi plusieurs gouvernements l’ont choisie, à l’exclusion de toute autre méthode (b). Leurs raisonnements semblent paralysés, incapables de conclure ; leur refus d’outrepasser des cadres idéologiques convenus, de s’écarter de grilles d’analyses usées, les mettent à la remorque des explications spectaculaires. Celles-ci gardent toujours plusieurs coups d’avance. S’ils doutent de la nécessité d’un confinement sur l’espace bureaucratico-marchand, ils n’iront pas jusqu’au refus : leur doute a un effet émollient, ils croient sans croire ; et s’ils ne croient vraiment pas, ils n’ont vraiment rien à opposer aux sophismes ambiants ; la plupart restent dans de vagues généralités qui n’engagent pas même leurs auteurs. Ils concluront plus tard, quand ils s’estimeront hors d’un danger si complaisamment décrit par ses aficionados. Ils ont au moins une excuse : ils ne sont ni médecins, ni représentants ; ils invoquent le grand degré de prudence, qu’il faut tenir en pareilles circonstances ; du moins s’ils s’en sont persuadés de longue date. Beaucoup de taupes se sont égarées dans leurs galeries.

 

 

 

 

 Sur la nécessité d’un effacement rapide d’un grand nombre de libertés*. Il s’agit, le plus souvent, de considérations juridiques d’une profonde sagacité, mais il nous faut oublier l’essentiel quand nous en prenons connaissance : leurs raisonnements parlent de libertés qui, dans la plupart des cas, n’étaient, déjà, que vaguement tolérées, et d’une manière purement abstraite, toujours dans l’intérêt des marchandises. Elles n’étaient parfois plus pratiquées, sévèrement réprimées, souvent, et dans le plus complet mépris des lois existantes, disparues dans des labyrinthes d’amendements, et des cascades d’interprétations léonines. Dans certains cas, le simple rappel de leur existence constituait déjà un délit sanctionné préventivement par toute une série de pratiques inavouées, mais connues – l’année 2019 nous a fourni à ce sujet d’innombrables exemples – un compendium des menaces et des châtiments. Les ordonnances, décrets – quel que soit le nom dont l’arbitraire tentaculaire, qui se démasque aujourd’hui, baptise les actes de son dynamisme – ne sont que l’officialisation d’un état de fait qui a trouvé désormais la pleine légitimité d’une légalité simulée, mouvante(c). Ces libertés ne pourront plus être invoquées ; elles ne sont ni utiles, ni nécessaires dans le système de la marchandise à son crépuscule ; elle réalise son concept sur les « espaces de la mort vivante » (d) que sont devenues les équations de béton – dans lesquelles la survie est assignée à résidence, stockée, manipulée, surveillée. Dans la société cybernétique, il vaut mieux ne pas connaître ses droits, et admettre qu’ils ne cessent de croître ; c’est ce qui donne une saveur toute kafkaïenne à la moindre des protestations.

Sur la fiabilité des statistiques déclarée par tant d’experts appointés par l’Etat maffieux, et les différents rackets qui composent sa coupole gouvernementale ; à qui il faut faire confiance, une fois de plus. Faut-il rappeler, que, selon le proverbe, « il y a le mensonge, le satané mensonge, et les statistiques » ? Les chiffres publiés, dont certains sont d’ignobles inventions, donnent un aspect objectif et incontestable à la falsification en cours. Ils généralisent l’univers du discours clos en écrasant les faits sous une caricature déshumanisante, et permettent sournoisement la mise en place ouverte d’une authentique politique de ségrégation qui est avouée et pratiquée, sous couvert de l’amélioration et de l’affinage d’une protection sanitaire virtuelle, à laquelle beaucoup adhèrent sans véritable réflexion. Les nouvelles lois sur les pauvres sont admises comme allant de soi, et n’ont plus besoin d’être écrites ; un gigantesque travail d’intériorisation sociale est mis à l’œuvre sur la base d’un volontariat culpabilisé, l’urgence prétendument sanitaire constituant la seule légitimation du processus en cours ; la vie nue, et sa pseudo-préservation au prix de toutes les violations, devient l’ultime affaire de la barbarie cybernétique. Il faut remarquer l’allure que prennent l’ensemble des énoncés – le langage de la dissimulation – de la terreur sanitaire, qui utilisent une forme syllogistique : ce sont de paisibles considérations sur la force de travail, et les « inaptes à plus » tels qu’ils furent définis, au moment du « baby-boom », à la fin de la seconde guerre mondiale.

Les chiffres permettent, également, une décontextualisation de l’épidémie, et sur cette base, pour les autorités et leurs troupeaux de domestiques, de s’affranchir de toute vérité : ce qui est affirmé mensongèrement peut être nié tout aussi mensongèrement, en même temps. Ce qui compte c’est l’effet de sidération obtenu dans l’instant : les énoncés deviennent absolument prédictifs, puisque construits sur ce modèle : demain il y aura ou il n’y aura pas d’attentat à Paris. Pris dans le champ de tir permanent de l’information qui opère selon le modèle du bombardement stratégique, l’individu désorienté renonce et accepte sans qu’on le lui demande expressément. Il préfère fuir dans la direction prévue, et trouve refuge dans l’examen dérisoire, étroit, paralysant, de détails qui ont perdu leur importance depuis les premiers jours de l’apocalypse froide, si jamais ils en avaient eu une. Porté par la logique de l’absurde obligatoire, il s’acharnera sur l’absence de masque grand public, plutôt que sur la présence renforcée de ses maîtres. C’est ce qu’on lui demande : rester dans les strictes limites d’une science des solutions imaginaires, où l’on peut atteindre l’excellence rapidement, et cela au prix d’un savoir minimal. Les spécialistes du « compteur des morts » qui crachotent des chiffres, qui affiche ses performances plusieurs fois par jour, opèrent par intimidations répétées, sur la base d’images prélevées selon de grossières techniques de fabrication, de mensonges éhontés, de faux témoignages, d’accusations calomnieuses, d’escamotages dignes de joueurs de bonneteau, de faux débats qui sont de véritables soliloques à plusieurs voix, qui clament une même opinion sur plusieurs tons, comme si chacun des salauds en piste avait sa tête branchée sur un unique klaxon, pour aboyer les ordres.

Sur l’incohérence, l’amateurisme, l’impréparation, l’imprévoyance d’un gouvernement d’incapables notoires, ou la critique esthétique. Il s’agit, quoique présentée sous une forme critique, de la meilleure défense des exécutants du pronunciamiento du covid-19. Elle condamne le style plutôt que les résultats : « s’il avait été moins long la face du monde en eût été changée ». Cette fausse critique du bout du nez, qui se présente sous de multiples aspects, dans les médias mainstream, et dans ceux qui se prétendent hors du système, appartient dans ces grandes lignes à l’opposition intégrée et contrôlée. Elle est comme un pompon sur la cerise du gâteau, dans lequel cette opposition prétend à la plus confortable des parts : personne ne doute que ces cakes auraient mieux fait s’ils avaient eu la conduite des affaires. Cette fausse critique du pouvoir devrait aussi nous expliquer pourquoi ces plus intelligents se font toujours conduire par les crétins qu’ils croient choisir régulièrement, et acceptent longtemps, après de vastes élections truquées ; mulets dont ils comparent périodiquement les mérites respectifs. Il est évident que ces piliers de la démocratie de la marchandise n’auraient pas détruit le « système de santé » ; qu’ils auraient chèrement vendu leur peau pour le conserver, comme ils ont toujours su le prouver par leurs multiples exploits. Cette fausse critique dissimule la planification de la destruction du « système de santé », non pas par le seul libéralisme, mais comme une nécessité interne du capitalisme qui a été poursuivie, et réalisée par l’ensemble des représentations de la marchandise, et de l’Etat, « cette caisse d’assurance de tous les brigandages » ; dont les couleurs ont varié selon les époques. Il s’agissait plutôt, pour nombre de ces représentants de la soumission de faire main basse sur une grande partie du salaire différé des assujettis, comme une réduction effective de la masse salariale ; de surveiller, à la baisse, les coûts du travail, et de tenir, dans le même temps, la population dans une hypnose de masse, quant à l’emploi réel de la totalité des capitaux prélevés. L’ensemble des scandales qui ont secoué l’édifice de la santé, dans toutes ses composantes, le prouve avec une rude insolence. La restriction drastique des services assurés s’est traduite par une croissance exponentielle des coûts. L’absence de masques, de tests, de lits n’est une incohérence que dans la mesure où l’on a la naïveté de créditer les gouvernements de la marchandise d’une volonté de s’occuper du bien-être de leurs populations, plutôt que des intérêts de leurs commanditaires. Ces paris sur l’incohérence et l’amateurisme laissent une porte de sortie à ces gouvernements, qui ont volontairement désarmé les défenses, et ce, de longue date. Il faut craindre que le pronunciamiento du covid-19 ne trouve son aboutissement dans une série de joutes juridiques ritualisées, et d’interminables procès où seront sacrifiés les comparses prévus à cet effet, comme dans un grand carnaval final, à l’instar du « scandale du sang contaminé ».

Enfin, et pour conclure provisoirement sur ce point : il nous semble que les incohérents, les amateurs, les imprévoyants et tutti quanti, se sont plutôt concentrés, et accumulés d’une manière singulièrement fantastique dans cette opposition intégrée et contrôlée, qui n’a fait qu’objectiver ses principales qualités, qui ne lui ont jamais fait défaut dans les meilleures occasions. C’est la marque de fabrique de cet épouvantail que d’avaler tous les mensonges de ce qu’il prétend combattre, et d’en rajouter comme si la pénurie, en cette matière, guettait. Tout à son confort dans la pseudo-négation, et parce qu’elle croyait que cela durerait, cette opposition n’a rien vu venir, et se cantonne, par profession, dans des discussions sur des points annexes de la propagande. On doit la tenir – et elle-même se tient glorieusement – pour rien, dans la marche des événements et leur suite nécessaire. Nous sommes dans cette « république des lapins gouvernée par des furets ».

Sur le volet économique du pronunciamiento, la plupart des commentateurs se sont transformés en de vulgaires économistes qui nous assènent depuis Sirius quelques misérables lieux communs – toujours les mêmes depuis nombre d’années – ; et des pronostics qui mériteront d’être rappelés plus tard dans une anthologie des prédictions, tant leur exactitude soulève dès maintenant le rire. Il n’est que de se souvenir des prophéties, émises par ces graves savants,  sur « la fin du travail » au moment même où le capitalisme levait plusieurs centaines de millions d’hommes et les réduisait à l’état de quasi esclaves, dans des zones géographiques dévorées par la pollution, la maladie et les pénuries, pour produire des flots d’objets éphémères ; marchandises créées pour être détruites sans délai, sans même qu’on y touche, sans tenir compte d’aucune autre considération qu’un très faible profit immédiat ; qui n’est plus le seul critère à prendre en compte dans l’expansion de la catastrophe. Le véritable rôle des gouvernements de la marchandise étant d’assurer, coûte que coûte, au-dessus de cette géhenne industrielle gouvernée à coups de fouet, l’existence dévalorisée d’une masse de producteurs négatifs endettés et perpétuellement insatisfaits, afin de la tenir dans la pseudo-réalité du système totalitaire bureaucratico-marchand, emporté vers son néant régulièrement secoué par la stratégie du désastre.

On se souvient également des nombreuses déclarations d’une armée d’experts, appointés par les autorités en la matière, sur le fameux « peak oil » ; et des pauvres déraisonnements informés qui s’ensuivirent sur la survie du capitalisme au début du nouveau siècle, et sa renaissance décarbonée. Cette fois-ci parce qu’ils n’ont rien su prévoir, parce qu’ils se sont entendus à le faire, parce qu’ils ont été surpris dans le sommeil de leur raison, ces enlisés nous martèlent leurs discours en leur donnant des atours objectifs grâce à leur pseudo-science économique – le sabre en bois au fond de la boutique à sophismes – et qu’ils déversent dans l’océan de l’information, comme un pétrolier disperse sa modeste cargaison au large d’une côte, déjà submergée par un tsunami. Les plus garantis, par les brevets qu’ils se décernent mutuellement dans des concours de bavardages, feignent de découvrir des processus depuis longtemps engagés, et pontifient sur le boomerang qui revient, qu’ils viennent juste d’apercevoir en basse altitude. D’autres semblent vouloir mesurer des kilomètres avec un double-décimètre qu’ils n’ont jamais sorti de son étui. Mais la palme revient à ceux qui pratiquent l’inversion des causalités : débutant par le virus, ils finiront par nous expliquer pourquoi il y des taches sur le soleil. On ne peut, ni ne doit, soupçonner d’aucune hérésie, ces attardés de toutes les idéologies de substitution qui, au moment d’une brutale accélération du fonctionnement de la société cybernétique, et de l’instauration d’un ensemble de lois spéciales sur le travail et son gouvernement, se rassurent en considérant cela comme une péripétie, somme toute, aussi banale, rationnelle et mécanique qu’une baisse tendancielle du taux de profit, si souvent invoquée par quelques boussoles détraquées, non pas par l’effondrement du capitalisme, mais par le capitalisme du démantèlement, de ses essais de retrait et ses battements désordonnés, pendant une phase de violente contraction. Le capitalisme se retire sur ses objectifs et ses fondamentaux, et met ses esclaves dans l’obligation d’effectuer un saut anthropologique supplémentaire pour sa survie. La tentative d’une ultime recomposition de la domination, comme si cela relevait encore du champ des possibles, s’inscrit entre une déshumanisation forcée et/ou rien – le bonheur des pierres. Ceux qui, déjà, ne pouvait pas choisir leur avenir, ont désormais l’occasion d’en apprécier l’absence.

Il faut croire qu’avertis par les alarmes incessantes de leurs critiques quant à la survie de leur monde, ses propriétaires effrayés ont su tirer les conclusions qui s’imposaient, face à l’emballement de l’ensemble des dégradations produites par le capitalisme à son stade cybernétique. Par un renouvellement de leur art du gouvernement, par d’ultimes innovations en cette matière, ils se portent par avance sur le terrain d’un affrontement prochain, qu’ils définissent en nihilistes accomplis.

Il n’y a aucun crédit à apporter aux convictions fluctuantes de ceux qui sont incapables de nommer(e) le vaste coup d’Etat qui se déroule sous nos yeux, de décrire le jeu des forces qui l’ont rendu possible et le soutiennent, leur nombre, leur puissance, leurs qualités, leurs faiblesses ; d’analyser les quelques raisons pour lesquelles ce coup d’Etat élargi(f) se produit, comment il a été préparé et taylorisé à l’échelon de plusieurs pays, avec quels réseaux publics, ou clandestins, avec quels types d’hommes, pour quelle durée, et quelle est sa véritable finalité, quelle est l’étendue du champ de bataille qui paraît, quels seront les affrontements obligés, pour quelles défaites, ou quelles victoires, et pour qui. Les néo-médiatiques, qui n’ont jamais rien mordu, que la poussière dans leur grande majorité, n’ont apparemment rien trouvé à opposer, sinon quelques croyances et vagues rêveries qu’ils supposaient inoxydables. La rouille du temps les a recouvertes.

(a)« La vie après le confinement ça sera la même que celle pendant le confinement, mais sans être confiné, c’est-à-dire qu’il faudra respecter tout ce qu’on vous demande de respecter lorsque vous sortez, ça aussi il faut le dire » F.BIZARD sur R.T France

(b) Il nous faut rajouter, désormais, cette autre question : pourquoi le « déconfinement » est-il devenu ce problème si complexe que nombre de complices de ce coup d’Etat, qui pour la plupart ont perdu jusqu’au sens d’une discrétion élémentaire, réclament-ils la continuation du confinement sous d’autres noms ?

(c) « Seules des personnes privées peuvent se rebeller ; seuls ceux qui participent au pouvoir public sont capables de haute trahison. » FICHTE, Fondement du droit naturel. Nous laissons la suite du raisonnement à de plus savants en cette matière.

(d) « Scheerbart, qui rêvait d’édifices et de villes de verre, considérait l’aspirateur comme un instrument indispensable, nécessaire non seulement pour nettoyer les logements, mais également les rues et les parcs. Et quand bien même il ne resterait ni feuilles mortes, ni poussière, il faudrait encore l’utiliser contre les insectes et la vermine, pour que rien, absolument rien ne dérange les paysages planifiés. Cela donne l’impression que finalement les hommes devraient s’aspirer eux-mêmes, parce que c’est seulement s’ils disparaissent que l’ordre devient une réalité définitive. » L.FOLDENYI, AZ ELEVEN HALAL TEREI, Les espaces de la mort vivante.

(e) Ils obéissent à la règle du tact qui veut qu’on ne dérange pas les gens par l’évocation de choses qui pourraient leur faire de la peine – un coup d’Etat par exemple -, qu’on les alarme en mentionnant les libertés qu’ils ne possèdent plus, et dont l’absence les fait, peut-être, souffrir. On n’a jamais vu autant de révolutionnaires attachés à la tranquillité de l’Etat, indifférents à l’extension et à l’approfondissement de toutes les formes de la misère. Ils ont même d’étranges capacités à nous en inventer de nouvelles.

 (f) Il faut soupçonner l’existence d’une sorte de « projet Camelot » actualisé, comme si la fabrication des « Révolutions orange » dans le glacis est-européen devait trouver le complément d’une seconde phase de transformation en Occident. Le projet Camelot (1964) « devait permettre aux gouvernements alliés des Etats-Unis de pouvoir se soutenir dans les cas de révolte, et de mettre en place des mécanismes de prévention. Le « projet Camelot » « devait étudier la situation politique de treize pays d’Amérique Latine (Cuba était un souvenir proche), de trois pays au Moyen-Orient, de quatre pays d’Extrême-Orient. » G. MENAHEM, La Science et le Militaire, 1976. Bien qu’ils le voulussent clandestin, les initiateurs durent faire semblant de l’abandonner, à la suite de révélations inopportunes et partielles, sur le Chili. Le projet gagna en perfection, et intégra de plus en plus de domaines des sciences sociales, en même temps que les études étaient parcellarisées et raffinées à l’extrême, tandis que les centres de recherches se multipliaient, certains pouvant paraître indépendants, d’autres appartenant à des firmes multinationales. L’un des résultats de ce projet, dans sa nouvelle répartition, fut de relier, dans un plus grand secret, par des fils invisibles, des cellules d’études dans lesquelles travaillaient des experts, des chercheurs qui devaient garder l’impression, ou la donner, d’une relative liberté de choix et d’initiative dans leurs recherches, quoique cette liberté ne fût qu’un leurre, comme l’indépendance proclamée des centres de recherche et des cellules d’études. » Brèves remarques sur les catastrophes récemment survenues & les prochaines, Mars 1989.

*Nous ne parlons pas des permissions accordées par la marchandise, tolérées et encadrées par l’Etat, souhaitées et encensées par les médias, discutées sans fin par les leurres de l’hyper-critique, recommandées par les têtes prostituées des philosophies de l’ordre, utilisées par le personnel de l’aliénation comme amélioration des rapports de production sur les territoires de l’urbanisme punitaire, et comme sédatifs passionnels au moment des révoltes. Ces permissions accompagnent les pulsions du néant, et donc protégées.