Monsieur,
Vous êtes-vous relu ? Car vous me paraissez comme un expert dans une science qui attend encore son nom, et qui, d’évidence, illustrera le vôtre d’une gloire incomparable, si vous nous l’inventez sur le champ.
J’ai apprécié, à sa juste valeur, cette vieille perle marxeuse, que vous avez su dénicher, dans les décombres du parti stalinien français : ce balancement entre un prétendu « mouvement réel » connu des seuls élus – une sélection, aux critères mystérieux, qui plaît aux instances – et la pensée personnelle – tout ce qui déplaît à ces mêmes instances : ne sert pas ses visées publiques ou secrètes. C’est un des charmes de toute bureaucratie.
Je tiens, également, pour une perle du même collier, ce machin controuvé de l’objectif – la roue d’une providence sécularisée qui tourne follement, et dont on prétend être l’unique interprète, sinon le servant, en haut de la pyramide – et du subjectif – le détail oublié qui broie les rayons.
Il y a encore quelques trucs et accessoires que vous utilisez d’abondance, qu’il serait fastidieux de décrire parce que connus, épuisés.
La seconde phrase de votre courrier est au mieux une grossière imbécillité, au pire une ignominie. Mais dans les deux cas, votre goût pour l’uniforme laisse à penser. Qui donc pourra, désormais, vous soupçonner d’une once d’intelligence, après que vous m’avez vanté les grandes qualités de votre machine à évacuer les pensées personnelles, à l’entrée de votre galerie des glaces ?
Votre recours permanent à une sorte de marxisme décharné, mécaniste, roboratif, a quelque chose de débilitant. Désespérantes, vos péroraisons kilométriques, assénées sur un ton docte et pédagogeux autant que péremptoire. Ne vous manque que la férule.
Il faut revoir votre logiciel, ou retourner dormir dans votre sac à malices. Tant de science, apparemment, pour vous égarer sur votre motte cybernétique.
Enfin votre mauvaise parodie de la grande époque aurait eu une chance d’emporter mon adhésion, si elle avait été ainsi signée : « pour Guerre de classe, le Maréchal Staline ».
Cordialement,
Jean-Paul Floure
14/04/2020
Bonjour,
Bien que vos notes personnelles puissent être justes à certains endroits, il faut bien se rappeler que la vérité ne se situe que dans le mouvement réel de l’histoire et non dans les pensées personnelles et subjectives de tout un chacun, quelle que soit leur possible intelligence. Cela parce qu’elles ne peuvent déboucher au final que sur la reproduction du Capital. Nous vous invitons donc à lire Marx et Hegel pour saisir le mouvement réel de l’histoire.
Bien à vous.
GdC