« On ne peut pas plus isoler la politique que la civilisation du règne de la machine. Je définirai grossièrement la machine comme toute création de l’homme qui le libère, si peu que ce soit, de l’une quelconque des limites que la nature lui a imposées, ou qui accroît ses possibilités d’action. La nature de la machine est telle que, pour en faire usage ou pour en tirer le rendement maximum, les hommes ont besoin d’une portion plus grande de la surface du globe qu’il ne leur en fallait avant que la machine ne fût inventée. Pour atteindre un rendement satisfaisant, et même du simple fait de leur existence, les machines d’aujourd’hui exigent que toute la terre leur soit ouverte.
Qu’il s’agisse de la fabriquer, de l’employer ou de consommer la moisson qu’elle a permis de récolter, il ne faut que peu de terre et peu d’hommes à une charrue de bois.
Une charrue d’acier exige plus de terre, un monde déjà plus étendu. Il faut beaucoup d’hommes pour la faire ce qu’elle est : prospecteurs, mineurs, puddleurs, ouvriers des hauts fourneaux, fabricants d’outils, entrepreneurs de transports, commerçants. Avec la charrue d’acier, l’excédent de production est plus grand qu’avec la charrue de bois : la charrue d’acier a besoin d’un plus grand nombre de consommateurs. A une charrue à tracteurs, il faut un monde encore plus vaste. On nourrit les chevaux à la ferme tandis qu’il faudra peut-être faire venir de centaines de kilomètres le carburant destiné au tracteur.
N’importe qui peut se faire un porte-voix et amplifier ainsi ses paroles. Mais, pour construire un téléphone qui les transmette en tous lieux, il a fallu à l’homme des générations d’inventeurs et de savants appartenant à un grand nombre de nations différentes. Pour réunir tous les petits éléments nécessaires à la fabrication d’un téléphone, il faut aller dans tous les pays. Même si un homme les avait tous sous la main et pouvait inventer seul le téléphone, il lui faudrait encore un interlocuteur qui en fit usage avec lui et, pour en tirer le rendement maximum, il aurait besoin de toute l’humanité. On peut aujourd’hui téléphoner au bout du monde, mais nul ne peut se téléphoner à soi-même. Plus la machine est perfectionnée, plus elle apporte d’améliorations, plus nous avons besoin de toute la terre et de toute l’humanité aussi bien pour la fabriquer que pour l’employer.
Dans le monde de la machine, la distance ne se mesure plus en kilomètres, mais en minutes. Il y a moins loin aujourd’hui de New York à Londres qu’il n’y avait, au temps de George Washington, de New York en Virginie. On fait le tour du globe en avion en dix fois moins de temps qu’on en mettait pour faire parvenir les nouvelles de la Doctrine de Monroe de la Maison Blanche à Buenos-Aires. Les rumeurs, la panique, les millions de dollars ou de francs peuvent traverser les océans plus vite encore – aussi vite que l’éclair.
A bien des égards, le monde actuel est pratiquement unifié. Même les Ethiopiens, qui viennent bien bas dans l’échelle du progrès mécanique et de la civilisation, ont été amenés à tenir compte de ce fait. Une des premières communications adressées par l’Ethiopie à la S.D.N déplore l’impossibilité dans laquelle se trouvait ce pays de faire connaître au monde sa situation. L’Italie disposait de tout le matériel nécessaire pour parler chaque jour aux yeux et aux oreilles de l’humanité et l’Ethiopie n’en avait aucun. Pourtant, notre monde est ainsi fait qu’il a dépensé des millions uniquement pour satisfaire le besoin qu’il éprouvait de connaître la thèse de l’Ethiopie. La Société des Nations a communiqué cette thèse au monde entier par T.S.F., tandis que des Américains allaient porter un microphone jusque devant l’Empereur. Du jour au lendemain, New York fut prêt à payer bien plus cher pour un mot d’Addis-Abeba que pour un mot de Washington. Du jour au lendemain aussi, il devint possible d’assister à Paris au bombardement de la ville, jusque-là inconnue, de Dessié, quelques jours après qu’il se fut produit. Les Ethiopiens apprenaient qu’il existait en dehors de leur pays un monde d’une incalculable étendue, et le monde civilisé entendait parler d’une Ethiopie arriérée, dont l’existence pouvait, semblait-il, bouleverser nombre de plans établis dans des pays bien éloignés d’elle. Nous vivons désormais tous dans le même monde ; plus nous sommes civilisés et plus notre communauté est étroite, plus nous sommes solidaires les uns des autres, plus notre monde est un.
L’humanité est-elle placée, de ce fait, en face du problème qui consiste à créer des institutions lui permettant de se gouverner efficacement elle-même ?
Nous ne pouvons pas – maintenant que nous avons donné à notre monde ce système de muscles que sont la production et la consommation en masse ; cette circulation sanguine : navires à vapeur, chemin de fer, automobiles, aéroplanes ; ce système nerveux, l’électricité – attendre de lui qu’il fonctionne comme au temps où nous n’en avions pas fait un organisme unique. Si cet organisme commun est atteint d’une maladie, nous ne pouvons pas raisonnablement espérer le guérir en laissant chaque nation soigner sa part de nerfs, de sang et de muscles séparément, soit à l’aide de ses propres remèdes, soit par l’intervention de ses propres médecins.
Nous ne pouvons pas non plus nous passer de ces muscles, de ce sang et de ces nerfs. Il est vrai que nous avons pu le faire autrefois, au temps où nous étions, politiquement, des êtres unicellulaires comme l’amibe. Mais une fois que, du germe dont nous sommes sortis, naissent des muscles, du sang et des nerfs, il nous devient impossible de vivre sans eux, comme de vivre sans une tête qui gouverne efficacement le tout. Ils ont pris une importance désormais vitale.
C’est une erreur aussi grande de croire que nous n’avons pas besoin de nous préoccuper de ces quelconques organes de liaison parce qu’ils sont relativement peu volumineux que de penser que nous pouvons encore vivre sans eux puisque nous avons vécu sans eux autrefois. Ceux qui disent que nous pouvons nous abstenir de faire du commerce extérieur parce que ce commerce ne représente qu’une faction du commerce national, pourraient soutenir aussi bien que nous pourrions nous passer de muscles puisqu’ils sont moins volumineux que nos membres. Le sang et le système nerveux n’alourdissent guère le corps ; cependant, tant qu’ils subsistent, le reste du corps, même s’il a été privé de nourriture et réduit à la peau et aux os, peut recouvrer la santé. La faible fraction de l’eau qui s’écoule par le déversoir suffit à maintenir sain le lac tout entier ; c’est l’absence de tout écoulement qui fait une mer Morte. Sous peine de nous empoisonner par stagnation, nous ne pouvons pas plus nous dispenser de participer au commerce, aux communications du reste du monde, de rester en contact avec lui que nous ne pouvons « désinventer » la vapeur, l’essence, les machines électriques ou autres.
Ces machines communes au monde tout entier, fabriquées par le monde tout entier, qui sont à la fois les tributaires et les génératrices, posent inévitablement à nos nations bien des problèmes à résoudre dans leur vie collective. Ces problèmes de relations humaines ne peuvent être réglés que : a) si l’une des nations impose par la force la solution qu’elle croit être la meilleure ; b) par accord mutuel. Tant que les machines étaient primitives, la méthode de la force était praticable. Aujourd’hui, il n’est plus possible à quelque Rome moderne d’imposer sa loi. Nous n’avons donc pas à choisir entre la loi imposée par la conquête et la loi imposée par l’accord. Nous avons à choisir entre la loi acceptée et l’absence de loi, entre le gouvernement indépendant et l’absence de gouvernement. Pour pouvoir décider en commun de la solution à appliquer à l’un quelconque des problèmes de notre vie collective, il faut qu’au préalable, nous nous soyons mis d’accord sur la manière d’arriver à ces accords, ou à ces lois, de les appliquer, de les mettre en vigueur et de les réviser en temps utile. Le premier problème à régler par accord mutuel est le problème constitutionnel qui consiste à créer un gouvernement effectif du monde ».
Ce texte est extrait du livre de l’agent d’influence américain* Clarence K. Streit intitulé « UNION OU CHAOS ? Proposition américaine en vue de réaliser une fédération des grandes démocraties » dont la traduction française fut publiée en janvier 1939 aux Editions Médicis. Nous pouvons dire de ce gouvernement mondial – le gouvernement de la marchandise qui sourd de partout, dont beaucoup semblent douter encore de l’existence et n’en faire qu’une affirmation gratuite ou une hypothèse farfelue, c’est selon la qualité du sommeil pendant le chaos – que le coup du monde du virus sans fin est l’aveu le plus brutal et conséquemment la démonstration la plus convaincante :
a) par la mise en place de procédures de contrôle et de surveillance qui couvrent uniformément des continents entiers grâce aux technologies du panoptique cybernétique, qui préludent au grand vide qu’implique le remplacement numérisé – le dataïsme et ses chirurgies extractives.
b) par la gigantesque synchronisation que permet l’ensemble de ces techniques informatiques – la mise au pas de tout et de tous –, imposée de manière impériale par la domination cybernétique qui opère par catastrophes successives et de manière indifférenciée sur chaque parcelle d’une vie en mille morceaux. En sont un merveilleux exemple les attaques en tornades dont le Conseil de Défense français use de manière si inconsidérée contre sa population et non pas contre le virus, à la suite du coup d’Etat du 23 MARS 2020 organisé par les stratèges du désastre locaux, afin de neutraliser le refus de leurs politiques destructives, sur la base d’une menace grandement et volontairement exagérée, sinon inventée. C’est une menace qu’ils ont réussi, par la suite, avec l’ensemble de leurs pratiques effectives, à faire exister réellement afin de légitimer leur prise de pouvoir. Nous l’avons, à la fin, l’épidémie artificiellement produite, conduite par des moyens licites, connus et acceptés de tous ; relancée autant de fois que nécessaire : une épidémie modulée et contrôlée selon les exigences sociales et économiques que la société cybernétique crée en livrant à ses populations une guerre sociale hors limite – qu’elle poursuit jusque dans le réduit biologique de l’homme. Là où le changement climatique n’est plus que d’un faible rendement en tant que fable médiatique et instrument d’une politique des limites imposée autoritairement, l’outil nécropolitique – le traitement pseudo-vaccinal perpétuel, l’immunité imaginaire à tempérament- complète la panoplie de la gouvernementalité cybernétique récemment utilisée ad nauseam. Il ouvre des perspectives inédites en matière de direction de l’élémentariat pendant l’effondrement du welfare state ; comme si cela était le seul et véritable but auquel toutes les décisions avouées ou secrètes du Conseil de défense et de ses putschistes se rattachent. Ces décisions entraînent des actions qui ne manquent en aucune manière d’une cohérence générale et d’un certain degré de rationalité, effrayantes par leurs folles géométries en matière de suppression des libertés. L’esclavage est désormais décrit comme une série de privilèges à acquérir et à conserver sur la base d’un simple test de loyauté à répétition – une piqûre de rappel pour vous souvenir de votre maître et de ses bontés dont il faut taire les conséquences. Pour la classe qui vient d’arriver à la domination mondiale, il s’agit moins de soigner que de gouverner sa négation, qu’elle vient de définir, par un ensemble d’actions efficaces sous prétextes sanitaires.
c) par l’accroissement presque incontesté de l’artificialisation biotechnologique de la vie humaine dont le traitement pseudo-vaccinal mis en place, à l’échelle planétaire, est l’un des protocoles terroristes. Il complète un arsenal déjà bien agencé et bien fourni en matière de modifications de la vie. Les exemples sont innombrables, mais rarement posés en relation les uns avec les autres, comme si on se heurtait à un tabou quand il faut aborder « la reproductibilité technique de l’humain » qu’entraîne la mutation vers une société cybernétique achevée et ses fantasmes d’humanité augmentée. La mercantilisation du corps humain, devenu collection de pièces détachées négociables, est inséparable de la p.m.a.g.p.a, de l’ingénierie génétique, du tri eugéniste des populations qui a commencé à la vue de tous, de l’extinction de la pensée réduite à de simples mouvements algorithmiques.
d) par la fin proclamée de la scission ontologique entre l’être humain et la machine, qui est une conséquence directe du mode de production capitaliste – les lois de Ford consacrées par Google et Big Pharma ; fusion revendiquée ouvertement par de nombreux groupes humains constituant l’épine dorsale du syndicat de la machine qui s’est développé autour de l’expropriation de la vie et des nouvelles enclosures. Pour l’homme, il s’agit moins de vivre ou d’exister que de fonctionner dans le flux permanent des choses : sous le virus, cet incroyable objet métaphysique autour duquel vibrionnent les diafoirocrates et les morticoles expérimentés : la prolifération cybernétique et l’homme-machine qu’elle engendre, ce scarabée sur le dos – le paralytique disponible dans son exosquelette, véritable modèle de la destinée humaine au temps de la réification généralisée, condamné à la répétition sans fin des mêmes gestes spécialisés.
e) par la disparition voulue et programmée de tout rapport social non prophylactique, déterminé de part en part par la loi de la valeur, au profit de la logique relationnelle – la connectivité totalitaire des cybernéticiens, véritable conclusion de la chaîne de production industrielle – seule forme de rapport social tolérée sur l’espace social des objets qui tend à coïncider avec le monde, et va jusqu’à prétendre l’être : le monde comme marchandise, la marchandise comme monde, qui en se réalisant nous a introduits dans le mode de production cybernétique en intensifiant l’exploitation de l’homme par l’homme. Il ne s’agit pas d’un basculement mais de la conclusion d’un long processus perçu depuis plus de deux siècles par les « inaptes à plus » : « je préfèrerais ne pas… ». Dans la société cybernétique, le travail est devenu coextensif à l’existence entière de l’élémentariat.
f) par la progression de toutes les formes que la censure peut emprunter, qui conduisent à l’interdiction de penser décrite par les lumières de l’époque sous l’appellation générale de « théorie du complot », ou complotisme. Cette inquisition moderne peut être reconnue, schématiquement, sous trois formes prédominantes et spectaculaires, structurant la sphère de l’information livrable à la consommation publique, afin d’éteindre toute opinion indépendante ou d’empêcher la possibilité qu’elle se forme :
– l’anti-complotisme médiatique d’intervention rapide et sommaire quand le doute perce et se matérialise dans de larges portions de l’élémentariat. Cet anti-complotisme obéit à de stricts principes d’exposition, toujours les mêmes, quand la classe dominante est attaquée. Il irrigue la presque totalité de la sphère intellectuelle de la société cybernétique – on reconnait un logicien à son adhésion de principe et de cœur à cette idéologie : ne pas y adhérer reviendrait pour lui à s’exclure de fait de cette sphère. Il y perdrait l’ensemble des privilèges qui y sont afférents : position sociale, revenus, notoriété, proximité du pouvoir et bien évidemment la bienveillance de celui-ci… L’anti-complotisme est un principe de cohésion qui rassemble le chien de garde médiatique et l’intellectuel critique : cette chimère médiatique élaborée et entretenue dans les chenils institutionnels – à toutes fins utiles.
– un complotisme de basse intensité se concentrant essentiellement sur la construction d’un ennemi imaginaire qui change selon la cible à convaincre, et l’ignorance à exploiter ou le refus à capter. C’est un contre-feu depuis longtemps utilisé par les services d’intendance bureaucratico-marchands. Lassant par sa structure répétitive, il est une preuve supplémentaire que les défenseurs de la classe dominante ont une incapacité foncière à renouveler leurs récits de prédilection. Ils sont les adeptes du principe que ce qui a toujours marché jusqu’ici, marchera toujours, indépendamment des circonstances sociales et économiques.
– une fausse critique accompagnant joyeusement ce qui est tombé sous les coups de boutoir de la société cybernétique – on commence à le savoir que le petit chat est mort-, mais refusant de voir la bête transgénique qui s’est levée en remplacement ; que cette fausse critique appelle de ses vœux dans sa supposée innocence. Elle est remarquable, non pour ce qu’elle refuse, mais pour ce qu’elle accepte nécessairement. Cette fausse critique rassemble aussi bien des cercles de précieuses ridicules – des châtreuses de charme butinant sur le vieux cadavre du marxisme afin de l’épurer encore et encore – jusqu’à des supplétifs postés très en avant dans le glacis médiatique pour couvrir ses flancs. Cette fausse critique recouvre la presque totalité du périmètre de ce qu’il est convenu de nommer : gauche radicale ou gauche de conversion. Elle fait partie de l’avant-garde expérimentale du complexe informationniste de la société cybernétique. Elle l’appuie par ses innombrables déconstructions programmatiques (cf. Nuit Debout, écologisme, L.G.B.T, etc). L’anti-complotisme puise dans ce laboratoire de toutes les décompositions affranchies ses meilleurs éléments de propagande, aussitôt recyclés sous des aspects plus acceptables dans les médias « mainstream ».
g) par la déposition, par des séries de coups d’Etat, de la démocratie formelle et de ses institutions en décomposition accélérée sous le choc du clientélisme et de la corruption, au profit d’organisations et de sociétés en partie secrètes, réseaux et structures, oligopoles spécifiques et puissamment alliés, lobbies et maffias qui ont pris, et se disputent, le gouvernement nihiliste et décadent de la société cybernétique par des séries de complots au grand jour, de révolutions de Palais, d’assassinats, de désastres, de désordres pilotés ou de luttes de factions qui semblent devenir les seules techniques de gouvernement vraiment populaires. Le coup du monde cybernétique a au moins cet avantage de mettre la superstructure politique à l’unisson de son infrastructure économique et sociale en convertissant à ses normes les lourdes et coûteuses fictions et mythes politiques qui l’encombrent et qui tendent à ne plus être crus ou respectés. Pour le dire avec ironie, nos grands démocrates, entre « la loi acceptée et l’absence de loi, entre le gouvernement indépendant et l’absence de gouvernement », c’est le conseil de défense qu’ils ont choisi, qui finalement maintient soigneusement leurs prérogatives ; et le calendrier électoral qui assure leurs propriétés. Toute usurpation tendant à devenir légitime : c’est au nom de la république que l’Empereur Auguste règne ; c’est au nom de la liberté que le Sénat redouble de zèle et se roule aux pieds du tyran.
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