
« J’aime beaucoup l’idée de vrais moutons sur la scène. Je présume qu’on leur mettrait un petit sac sous la queue ; car ces animaux-là fonctionnent continuellement. » Georges SAND
Le groupe Palim Psao résume, presque à lui seul et avec une certaine perfection, le rôle des dernières avant-gardes dans la société cybernétique. Il est celui dont le seul métier avouable fut, très récemment, de ne rien voir venir, avec un entêtement buté malgré les faits qui se présentaient au carré et au cube depuis un demi-siècle. Il n’a jamais su, dès qu’il a voulu se cogner la réalité par l’un de ses désolants côtés, éviter de sombrer dans une morne paralysie intellectuelle – la critique neutralisée par sa répétition sur un mode mineur – comme s’il avait été touché par l’éternelle malédiction : celle qui avait précédemment guetté, frappé et emporté irrémédiablement, dans le siècle passé, la majeure partie des avant-gardes vers la défense transgressive et promotionnelle de la nouvelle classe dominante – celle qui se formait en une gigantesque ligne logistique autour de la défaite du prolétariat, pour l’accompagner dans sa mutation en élémentariat ; classe dominante qui naissait de la troisième accumulation primitive et dont nous pouvons considérer la fracassante victoire : la nécessaire rénovation de l’esclavage qui marque de manière indélébile l’Occident et la Chine quand elle est en voie d’achèvement dans le reste du monde.
Les nombreuses soumissions, effectuées sans délai par la totalité du groupe Palim Psao, pendant le coup du monde, ont été racontées et décrites, il y a quelque temps, par l’un des progresseurs techno-marxistes de cet inoubliable contrefeu, comme une éprouvante « bulle théorique » (1) où l’esprit, qui les avait si souvent caressés de son souffle, s’est retiré dans sa marée la plus basse en compagnie de quelques tétraplégiques du Concept. Ces soumissions – dont l’anti-complotisme fut le pivot autour duquel l’ensemble de leurs déclarations se sont organisées – ont amené cette avant-garde de jobastres, en suivant la pente de leur activisme verbal, à se ranger, tactiquement et ouvertement, du côté des oppresseurs à la seringue et à « la distanciation sociale » : cet instructif et brutal résumé de la logique relationnelle, vers laquelle est orientée la totalité des rapports sociaux manipulés et reconfigurés de la société cybernétique.
Ces agneaux de la subversion autorisée, qui traînaient de symposiums en colloques leur réputation de maquisards d’amphithéâtres, sont passés, dans la grande broyeuse de la marchandise, de l’état de brouteurs de tous ses mensonges, du réchauffement climatique – ce marronnier toujours en fleurs dans un printemps propagandiste éternel – aux diverses âneries saisonnières émises sur l’exploitation du pétrole et les « limites énergétiques du Capital », sur la supposée « fin du travail » engendrée miraculeusement par la micro-informatique et l’automation, sur la problématique existence du prolétariat et la fin de la lutte des classes. Aneries lessivées constituant la majeure partie de leur fonds de commerce en pneus crevés dérivant au fil des modes idéologiques qu’ils se faisaient un devoir de suivre et d’appuyer sans tergiverser jusqu’à très récemment. Ils commencent désormais à percevoir le lointain écho de l’effondrement en cascades de leurs croyances spectaculaires sous les basculements d’une propagande qui s’est fatiguée de la répétition de ses propres thèmes. La réalité était telle que la décrivaient les experts gouvernementaux et les médias de masse, sauf les quelques réserves que ces farouches guerriers anticapitalistes étaient tenus de faire savoir au monde afin de s’en faire supporter. Dans cette farce bien entendue, il ne leur fallait point paraître pour ce qu’ils sont : des aveugles professionnels dans la cour des miracles du démo-spectacle, ainsi que leurs textes et travaux divers, boussoles détraquées marquant de leurs aiguilles accusatrices leurs obsessions de spectateurs de première classe, le prouvent d’abondance – la valeur c’est le mâle (2). Il ne leur fallait point donner l’impression de courir derrière les apparences produites par la société cybernétique afin de légitimer son existence et celle de son gouvernement, de s’y accrocher désespérément, mais plutôt de les accompagner, en contrepoint, de leurs proses fuligineuses et de leurs grandes illusions. Il leur fallait y imprimer, en supplément, leur image de marque de détracteurs respectueux d’un capitalisme qui a vécu ; et, par la même occasion, de spécialistes officiellement reconnus en retour par des autorités qui n’ont plus rien de singulier et de mystérieux puisque celles-ci se manifestent ouvertement à la curiosité du public. Elles affichent leurs appétits au grand jour et distribuent à l’envie, sans se dissimuler, leurs différents programmes d’amélioration de l’esclavage pour les prochaines décennies. Ces Palim salauds, spécialistes de la dévalorisation marchande lui ont donné la fameuse et vertueuse garantie idéologique d’extrême-gauche et par cela même ont pleinement joué leur rôle en tant que structure de contrôle d’un secteur latéral et indispensable de l’élémentariat : l’avant-garde acceptable. C’est une avant-garde de connivence qui est déléguée à la production et à la gestion conceptuelle et rhétorique de la logocratie cybernétique et de ses innombrables impostures ; celle qui est chargée de la surveillance, de l’emploi et du renouvellement de la critique apologétique du système marchand ; celle qui participe au contrôle cognitif de la classe moyenne en égrenant les habituels gémissements sophistiques d’un désespoir convenu et tournant à vide autour de quelques vieux trucs de la résignation sociale. Ceux-ci ont été repeints à neuf pour l’occasion, dans le but de nourrir par des escroqueries sans originalité une fausse conscience cannibale prête à tout, jusqu’à couvrir d’un voile de moralité et de légalisme les raisonnements préventifs de la terreur, ceux par lesquels s’annoncent les pratiques réelles du gouvernement de notre époque. Cette fausse critique est une affaire lucrative et son principe est de ne jamais en finir avec ses reniements (cf. Le démantèlement de la critique sociale, birnam.fr) Elle en est même venue, très récemment, jusqu’à se dévorer elle-même afin de se survivre. Elle vient de découvrir que ses échecs étaient contenus dans sa position initiale, tant et si bien qu’elle en est arrivée à bouffer les pissenlits par la racine, ce qui marque aujourd’hui sa principale contribution à la survie du système auquel elle émarge jusqu’à produire, par nécessité bien comprise, quelques aveux très limités sur ses pratiques réelles qu’elle ne voulait pas connaître, afin de recommencer ses plaisanteries un peu plus loin. Plus grossièrement, c’est une fausse critique qui ne peut revenir sur ses erreurs et ses reniements que par des reniements supplémentaires, en suivant un modèle éprouvé. C’est une critique qui condamne sans vraiment condamner et se fait remarquer pour les accommodements variés qu’entraîne sa professionnalisation et son académisme subventionné. Elle est celle qui repousse d’un air dégoûté toute sanction effective de ce monde depuis qu’elle-même s’est délestée de toute capacité agonistique, pour autant qu’elle en eût possédé une qui ne fût pas mise aussitôt au service de ce qu’elle prétendait repousser à grand bruit. Elle est celle qui n’en reste finalement qu’à l’exploitation commerciale d’un passé révolu dont elle se prétend l’héritière alors qu’elle en est l’exécutrice sous mandat et la censure renouvelée (3). Elle en est, à la fois, la bibliothèque rose et la rouille qui s’est déposée sur les armes de la critique : le cimetière bien sarclé et fonctionnel qui se dissimule sous toute prétention utopique. Ils ne sont pas, bien sûr, les seuls à travailler dans la neutralisation et la distorsion médiatique d’anciens concepts d’une critique régulièrement dévaluée par ses porteurs entièrement acquis à la défense des nouvelles illusions développées par l’opposition contrôlée. La société cybernétique connaît, depuis quelques années, un fort taux de croissance de l’ensemble de ses structures de contrôle dans le but d’éclairer en permanence un territoire qui s’effondre sous le poids de leurs évaluations et de leurs règlements, qu’il lui faut à l’infini contrôler son contrôle, évaluer ses évaluations, réglementer ses règlements, théoriser sa théorie, identifier ses identités, observer ses observateurs, rationaliser sa rationalité, choisir ses choix, diviser ses divisions, organiser son organisation, comploter contre le complotisme et quelquefois contre elle-même et avec les mêmes, gouverner le gouvernement, prolétariser ses prolétaires, pleurer avec les pleureuses, multiplier les genres, terroriser les terroristes et démocratiser la démocratie, le Capital et ses victimes, s’opposer aux oppositions qu’elle-même contribue à fabriquer tout en continuant à vendre sa marchandise pendant les rassemblements de la dispersion, dialectiser la soumission afin d’en montrer le côté historiquement nécessaire puisque c’est en descendant toujours plus bas dans l’esclavage que l’on monte automatiquement vers une libération qu’il faut libérer et capitaliser (cf. Freddy est un con, birnam.fr)… Les offres d’emploi dans ces domaines, qui semblent pour le moment infinies, sont devenues si nombreuses qu’il est désormais presque certain qu’une moitié de la population est appelée, dans un avenir proche qui a commencé avant-hier, à surveiller et contrôler dès aujourd’hui l’autre moitié de la population ; qui, elle-même pour suivre cette aventure, se sent tenue de faire de même, ne fût-ce que pour se protéger de ce genre d’amis et de collecteurs d’informations. Il est à remarquer aussi que la fabrication d’un genre d’humains décérébrés, capables d’appuyer sur tous les genres de boutons qui leur sont présentés comme ils sont capables de s’auto-mutiler pour voir, toujours plus, à quelles sortes d’objets ils sont appelés à ressembler a déjà commencé. Cela est devenu la production centrale de la société cybernétique, là où la décadence du spectacle règne sans partage dans un arc-en-ciel de subtilités qui, s’avançant toujours plus loin dans les infinies nuances démocratiques de l’aliénation, ce « moteur de joies » inédites, ont fini par fabriquer des idéologues extravagants portant leur sexe sur le bout de la langue dans le seul but d’embrasser, tout en effectuant un demi-cercle sur eux-mêmes, leurs nouvelles causes par l’arrière : le spectacle d’une décadence qui n’en finit jamais d’être alimenté par ses promoteurs. Ces structures de contrôle impuissantes à ensevelir totalement un territoire – recroquevillé sous leurs différents prodiges et chapelets d’algorithmes – afin de porter le désastre à son comble dans le moindre de ses plis et replis, il ne restait aux moutons d’avant-garde de Palim Psao, comme palliatif à ce regrettable état de fait, qu’à en nier l’existence, dans l’acceptation d’une catastrophe élevée au rang d’une heureuse fatalité sinon d’une « divine surprise ». Elle était espérée, dans leur chapelle marxoïde ouverte à tous les vents de la modernité, comme une dent creuse attend qu’on la remplisse de son amalgame.
Les mystérieuses convulsions de la société cybernétique les ayant dépassés, autant proclamer que celles-ci les satisfont, et suivent sans surprises le programme prévu, et qu’eux-mêmes sont déjà disponibles pour y ajouter, en supplément et pour les assaisonner d’inédites imbécillités, leurs contorsions intellectuelles. Bref, si les connaisseurs informés et sans mémoire de Palim Psao ont suivi les oukases gouvernementaux de la tyrannie cybernétique pendant l’épisode covid, les yeux grands fermés sur le coup du monde, depuis les fauteuils de l’obscure salle où ils gisaient dans leurs inoxydables certitudes, c’est parce qu’il leur est apparu comme le miracle tant attendu (4). Il venait oindre d’une sanction d’ordre quasi divin – molochienne – l’ensemble de leurs illusions sur eux-mêmes, sur les autres, sur le monde, sur leurs chimères. Dans leur apparente candeur, ces filandreux logocrates n’en étaient plus à une catastrophe de plus ou de moins, du moment que celle-ci – qui leur donnait l’impression qu’elle obéissait à leurs spécifications et à leurs calculs papelards – leur accordait par surprise un viatique vers l’autre côté du temps, vers le paradis escompté sur lequel ils tirent des traites depuis leur naissance en se donnant juste la peine de regarder. Ce vieux paradis de substitution qui les fige, à sa seule évocation intéressée, dans une posture admirable dans le décor en carton-pâte de leurs espoirs incolores. Et pour l’atteindre, ce paradis fané par toutes les ordures qui s’y sont vautrées depuis toujours et les crapules notoires qui le mettent à profit à des fins de promotion de leur camelote, il n’y a plus qu’à ramper dans ce cloaque. Cet inconsistant paradis en faillite où les plus cons d’entre eux pourront mettre des ailes en bois au mensonge de leur existence à l’attache. Misérables pions écartelés entre des choix qu’aucun d’entre eux n’a non seulement pas su faire, quand ceux-ci s’imposaient avec clarté, mais qui, de plus, ont rajouté vicieusement, et chacun selon ses tendances méthodologiques, plusieurs séries de mensonges à la falsification en cours afin de l’opacifier et de la tenir en dehors de toute critique authentique. Il leur a fallu être absolument modernes selon le cahier des charges que ces nés gâteux ont accepté en prenant leur service dans leurs innombrables grabatoires informationnistes dont la plupart fonctionnent en réseaux et selon les lois du compérage. Misérables post-marxistes foucaldisés qui ne feront jamais d’autre choix que celui d’obéir sans délai ainsi qu’ils l’ont appris, et ne rêvent que de dormir en psalmodiant leurs formules (5) de jean-foutre galonnés par leurs médias, pendant que la tyrannie écrabouille les pouilleux, les déplorables et autres sans-dents dont l’espèce s’accroît avec une féroce générosité. Choix qui les porte fatalement au service de la société cybernétique dont de nombreux aspects leur agréent quand ils n’en sont pas eux-mêmes les gestionnaires ou plus modestement les participants honteux mais satisfaits. Ce truc vertigineux, car c’est un truc plutôt fatigué ce paradis sans saveur surplombant leurs mensonges, est le point final de leurs espérances métaphysiques pour limaces et la dernière des excuses qu’ils invoquent pour justifier leurs tromperies « en dernière instance », à la manière de tous les anarchistes d’Etat qui ne se sentent plus d’autre obligation que de participer, par leurs dénonciations et mouchardages de peigne-culs, au socialisme oligarchique.
Ces gauchistes améliorés, augmentés par leurs grandes diminutions en quelque sorte, constituent, dans leur majorité, l’appendice décoratif accompagnant chacun des actes de la méga-machine cybernétique d’un supplément de fausse conscience d’un révolutionnarisme cosmétique. De ces actes, ils en dissimulent le véritable contenu politique répressif. Ils en manipulent la perception, en obscurcissent la conscience (cf. « Le manifeste contre le travail » et l’incapacité foncière de ces pauvres gauchistes modifiés à envisager le travail dans toute son étendue et son intensité dans la société cybernétique : ils en pronostiquaient la disparition dans une série de métaphores digne du Père Ubu). Et, last but not least, ces boulets apportent une participation décomplexée aux pouvoirs effectifs de la société cybernétique, ne fût-ce qu’en restant coincés dans leurs postures intellectuelles et en poursuivant le petit jeu bien rôdé de leur opposition radicale jusqu’à le guidonner. Leurs pieds n’ayant jamais pédalé que dans le vide, leurs blanches mains appuyées sur leurs abstractions au contenu fuyant devant les faits, leurs dos tournés à une réalité qui pourtant leur a fait de grands signes pour s’en faire remarquer, ils fuient courageusement. C’est une habitude chez eux et ils la poursuivent jusque dans leurs manifestations les plus infimes. Ils refusent de voir la cohérence de tous les aspects qui composent cette réalité, l’intentionnalité qui l’anime et les résultats recherchés pour ce qu’ils permettent de conserver et d’améliorer dans l’exercice du pouvoir de classe : ce qui jusqu’à très récemment était encore frappé d’un tabou, enfermé dans de ridicules préventions et devait donc, lui-aussi, être libéré des fictions qui l’encombrent et des funèbres professionnels qui pinaillent à tout va au sujet de la tête d’épingle dont ils ont la provisoire concession et sur laquelle ils vont et viennent en tant qu’ornements culturels.
En fin de compte, sur leur îlot épargné par les forces qu’ils prétendent ne pas servir – comme ils ne les perçoivent pas, elles ne peuvent en aucune manière prétendre à l’existence – ils ne se sont donné d’autre obligation que de prouver au monde la rectitude des plis de leurs uniformes, la fatuité de leurs théories, qui, pour la plupart, s’effondrent sans même qu’on ait besoin de les toucher (cf. Les thèses sur les limites énergétiques du Capital de la métapsychologue Aumercier qui n’a eu de cesse de becqueter – une analyse sauvage ? – les outils en acier de l’écologiste Louart, pendant que son singe tapait de ses quatre grosses mains sur un clavier, son dernier texte canonique sur les vilains complotistes – na ! C’est ce qui lui a fait une dartre sur son blason, à cette manager en travail sur soi, pour autant que cette ravaudeuse en pucelages éparpillés en possède un seul qui ne soit pas pollué par son indifférence démesurée à la vérité. Elle la retaille en permanence dans son laboratoire). N’oublions pas, non plus, leur parfaite nullité politique. Elle les a mis à la remorque du terrorisme sanitaire. On se souvient encore du pauvre Anselm Japp sortant, comme seul un blaireau sait le faire, d’un trou radiophonique mainstream ( France-Culture, 6 avril 2020) au début du coup du monde, et déclarant, en regardant le manche du sabre-laser qui lui brûlait les mains, alors que ce sot de glace émergeait de cette nuit polaire de la raison marchande autophage : « En espérant de garder ce que cette crise a de positif » en oubliant que le seul positif qui remontait à la surface, après le naufrage de ce radeau bavard, c’était lui : une bouteille vide dans cette aurore boréale de la société cybernétique – hélas. La complète abstraction de leur négation les a rendus incapables de réellement vouloir un autre objet que la délicieuse attente sans terme dans laquelle se sont toujours complu les avant-gardistes de tout acabit. Ce qui est la marque de leur pourrissement perpétuel après que leurs premières et définitives galipettes esthétiques et sociales leur ont défoncé le dos et émietté le cerveau dans l’inutile poursuite de choses que le développement du capitalisme, par transgressions successives, finit toujours par faire et vanter comme la meilleure part de lui-même dans son bouleversement perpétuel. Postulant leur incomparable avance comme modèle dans la destruction – ce n’est en réalité et pour sa plus grande part qu’un mimétisme carnavalesque des opérations de destruction du capitalisme qu’ils ont effectué à leur petite échelle et dont le charme ridicule s’est rapidement effacé par sa normalisation attendue : « le culturel », sacrée Béatrice ! –, continûment ils regardent en arrière pour appeler le gros du peloton à les rejoindre dans leur douloureux et acrobatique néant. Et à détester ce pauvre et lent peloton, en même temps, pour cela même : car là où boit la canaille… Délicieuse attente qu’ils aiment à prolonger par des chinoiseries dilatoires indignes : le travail le plus accompli et la marchandise la plus merveilleuse que les différentes bureaucraties, des plus célestes aux plus matérielles, se sont éternellement acharnées à élaborer et à livrer aux impatiences les plus fermes.
Pharisiens marxisés, toujours prêts à ergoter pendant les égorgements sur le moindre détail du capitalisme dans sa mutation cybernétique (6), ils ont retourné leur arsenal fameux et imparable contre les ennemis que l’information leur désignait – complotistes, anti-injection… A l’instar de tous les salauds et crétins qui causaient dans le poste, ils ont apporté leur éminente contribution à l’avalanche informationnelle dans leur secteur en soutenant et en affinant, à leur échelle, l’épuration idéologique, sociale et économique, entreprise par le consortium oligarchique pendant son opération de renforcement et de simplification disciplinaire, et ceci dans le but de masquer l’existence de ses initiateurs et les raisons de leur entreprise d’éclaircissement de biens fonds qui a conclu brutalement la troisième accumulation primitive. Ils ont même accru les effets de cette avalanche sanitaire de la police cybernétique par une critique molle et attendue, sans aspérité, de quelques à-côtés dérangeants de cette accumulation des dépossessions relancée et de ce véritable nettoyage social, politique et économique (7). Il leur fallait corriger les maladresses et les brutalités les plus criantes du gouvernement par la peur en utilisant un négationnisme sans subtilité de ses aspects les plus fantastiques, les légitimer par une pseudo-critique en règle. Cela constitue le véritable centre nerveux de leur opposition interne à on ne sait plus trop quoi tant leur opposition est devenue, au fil du temps, de plus en plus ténue, idéale avec ses idées crevées, au fur et à mesure de leur existence, si bien que cette opposition est devenue un nouveau synonyme du mot intégration. Au pied du mur, singulièrement oublieux de leurs principales thèses qui, subitement, n’ont plus trouvé de champ d’application dans la réalité, ils ont effectué ce fameux lâcher mou qui est l’une des règles fondamentales de tous les accommodements idéologiques et de tous les retours sur investissements. Ils ont suivi en cela la logique de profit de tous les petits rackets gauchistes d’université, qui face à l’adversité ont toujours tendance à vite rejoindre leur maison-mère pour se placer sous sa protection policière – tous les logocrates de classe intermédiaire devenant ipso facto de valeureux antifascistes de synthèse lors de leur processus de retournement, leur calendrier spécifique étant bloqué, de manière roublarde, sur les années trente du siècle passé. Antifascistes de comédie et de confort, bien sûr, prêts à livrer à la police du démo-spectacle la presque totalité de la population pour complotisme plutôt que d’émettre un seul doute sur l’injection manipulatoire. Le reste, pour autant qu’il y ait un reste significatif, il faut le gérer par des moyens d’un étroit classicisme, relevant, par exemple, de la psychiatrie, dont des connaisseurs ont pu remarquer qu’elle progressait singulièrement et brutalement lors des crises sociales, ou du simple bourrage de crâne additionné de miraculeux traitements médicamenteux – l’ensemble des empoisonnements légaux et supposément illégaux gérés par l’Etat démocratique – ou plus prosaïquement de la bonne vieille matraque.
Il faut noter, à ce sujet, que leur marxisme amélioré, comme de nombreux autres marxismes d’intérêt purement archéologique aujourd’hui, n’est qu’une bricole de fantaisie élaborée sur la base de la vieille falsification de « la lecture symptômale », modernisée pour l’occasion : la lecture opacifiante, une forme d’herméneutique abusive écrite en braille télégraphique, dont le but, jamais affiché, est de faire disparaître les textes originaux sous des encodages garantis par la communauté des experts. Les emprunts mesurés qu’ils font aux textes de Marx, transformés par percolation spéciale en lavasse de cafétéria de campus, constituent la forme hiéroglyphique d’une vulgate sous laquelle ils dissimulent leur appartenance de classe et enfouissent leur bonne grosse fausse conscience. Parvenus « au centre de l’occasion », leur « kairos », pendant la pseudo-pandémie, ils se sont bradés tout uniment au plus fort afin de sauver leurs rôles de spécialistes et de diplômés en tout et n’importe quoi. Ils sont passés du rôle de simulateurs d’une contestation sans risque, obligatoire et conseillée, désormais réduite aux quelques paisibles et désolants faux-semblants diffusés par une sphère culturelle depuis longtemps imprégnée des diktats cybernétiques : l’injection américaine – de l’écriture exclusive aux délires de l’humanité diminuée par les brouilleurs de culs du genrisme et autres « queers » et vendus « wokes » en passant par la haine du prolétariat, paradoxalement et prétendument inexistant –, à la fonction de bavards professionnels et opportunistes refusant de reconnaître le lieu d’où ils parlent, comment ils parlent et pourquoi ils le font dans la langue corrompue des dominants dont ils revendiquent et utilisent l’opérationnalisme. Leur féminisme est le plus bel exemple de leur tartuferie. Elle a imposé, à ces pintades qualifiées, un silence remarquable, efficacité statistique aidant, au sujet des effets secondaires de l’injection anti-covidienne chez les femmes. Il est vrai que par degrés insensibles nous sommes passés des filles du distilbène aux enfants de l’ARN messager. Il y de quoi perdre son vocabulaire chez les gauchistes et les sages anarchistes d’Etat, et de creuser conséquemment leur déshonneur et l’oubli sous toutes leurs formes.
Vomis au kilomètre par une imprimante 3D, comme du coupat (8), dans un couloir de l’administration universitaire et que les grandes écoles s’échangent comme des footballeurs dans un mercato de l’intelligence calibrée, effrayés à l’idée d’être découverts dans la mascarade générale pour ce qu’ils sont réellement – de maigres logocrates pontifiants, un peu plus malins dans leurs ballerines ajustées que les vulgaires sophistes aux gros sabots qu’ils ont remplacés –, ils tiennent avant tout à leur métier de contrôleurs de la théorie. Ils sont toujours prêts à l’élaguer de ses aspects discrépants, d’une scandaleuse intentionnalité antimoderne qui pourraient contaminer une clientèle de cadres supérieurs et d’étudiants plutôt portés, par leurs études et par leurs métiers, à être ou à devenir les gestionnaires avertis de la méga-machine et les lèche-bottes envieux et haineux de l’oligarchie. C’est d’ailleurs dans cette mesure qu’ils sont autorisés à meubler de leur présence diaphane et respectueuse quelques médias mainstream (Le Monde, France-Culture, France-Inter, Téléramorts et autres matonneries indigestes qui leur fournissent le plus fort contingent de lecteurs…) afin que leurs dociles existences soient enregistrées par leurs maîtres sur le grand cahier du troupeau des résistants à transformations. Car pour cette extrême-gauche, qui croit tout refuser parce qu’elle en manifeste le désir domestiqué et publicitaire, la seule posture possible est d’être en permanence la malheureuse obligée de ce qu’elle déclare, par ailleurs et avec une extrême courtoisie, mépriser ; avec cet aspect modeste qui caractérise nombre de leurs partisans dans leurs tests de loyauté, que l’on retrouve dès que l’on aperçoit un de leurs Zopire – qui n’aura jamais le charme d’un Héliogabale arrivant à Rome en marche arrière – victime plutôt complaisante d’une pêche au micro, meubler les médias : « faites entrer l’enculé ».
Leur bidule, la critique de la valeur-dissociation – ce concept, s’étant tout entier réfugié dans son trait d’union, définit presque à lui seul l’orthodoxie à respecter – sa qualité, ses thèses, la valeur et l’exactitude de ses prévisions sont interdites d’un examen plus général : à quoi ça sert, à qui, avec quelle utilité et dans quel but ? Chaque fois qu’est marquée une curieuse paille dans l’irréfutable mécanique de ce nouvel idéalisme philistin, artefact du mode de production actuel qui exige une critique méliorative dans sa boîte à idées, ses auteurs plaident la sidération. Il est vrai qu’une infernale épidémie de mort cérébrale afflige et décime, depuis quelque temps, le troupeau de l’intelligentsia du panoptique sans que personne ne puisse présenter au monde un fiable diagnostic sur les symptômes de cette troublante épizootie. Elle affecte, sans exception notable, toutes les mèches courtes du bouleversement social et économique. Il semble même que l’on ne puisse pas prédire l’éventualité d’un possible traitement de cette explosion pandémique de soumission intellectuelle, fort heureusement tempérée par les effets secondaires des injections de Pfizer et consorts et désormais apparemment stoppée par l’IA que l’on prétend être en mesure d’assurer la relève provisoire de cette faillite de l’esprit programmé. Le public de cette propagande sans secousse s’étant restreint, mois après mois, aux familiers de l’épais et monolithique sabir foucaldo-marxien ou lacano-debordien, souvent intraduisible et presque comique dans ses effets de surprise, de cette secte dans ses décombres, il y aurait quelque avantage à automatiser cette bulle de spéculations marxo-lacanienne, afin de nettoyer cet infernal « trouvisme conceptuel » d’école de commerce de ses bouses les plus éclatantes et nous refiler enfin un vade-mecum aussi efficace qu’un couteau suisse et utile comme une trottinette dans un embouteillage. On le prédit, on l’espère déjà, dans plusieurs cercles amoureux de l’intelligence amortie afin de nettoyer l’écurie d’Augias de la radicalité tardive de ses recyclages épigonaux les plus spécieux et les plus épais (cf. Chronique sur une radicalité attardée qui fonctionne, birnam.fr). Mais revenons à Palim Psao. Il est aussi d’évidence que ce détachement de bras cassés posté en altitude, ne peut avoir, au-delà de ce filtre invraisemblable – le foucaldo-debordisme – par l’alliage curieux – un fascinant craniopage effectué dans un laboratoire à la Frankenstein – formant cette ceinture de chasteté, que peu de contact avec une réalité qui leur file entre les doigts que ces évolutionnaires dactylographes ne possèdent plus. Nous ne faisons ici que répéter les amères constatations anatomiques du progresseur Schmitter dans sa fameuse rubrique sans concession, auto-critique sépulcrale surgie de cette noix creuse, pour marquer les obligatoires ralentissements neuronaux que cette chapelle adventice du Parti médiatique a subis à tous les étages de son intégration paisible dans les lotissements de l’esprit conforme de la banlieue universelle.
La vérification permanente de la conformité de leur propagande avec les dogmes en cours de la société cybernétique étant l’essentiel de leur activité, c’est ainsi que ces fallacieux ont constitué en peu d’années un corps de doctrine d’une impeccable élasticité dont l’anti-complotisme revendiqué est l’un des pivots, comme l’écologisme de bastringue médiatique, qui leur permet de faire tinter leur caisse de résonance idéologique à chaque retour du tiroir, en est un autre. Il faut aux fidèles de cette église, qui pense et écrit propre jusque dans ses reprises en sourdine des vieux standards remastérisés de la radicalité situationniste désamorcée – « vive l’automation » –, passés du côté de la défense en profondeur de la société cybernétique, l’admettre sans ciller. C’est jusqu’aux quelques principes moraux qui sont censés équiper leur lourd véhicule idéologique dans ses prudents enlisements sur de nombreux sujets qui sont frappés par cette évolution. La modeste et fraternelle critique du vulgaire, assommant et gras Piketty ou du Flash Lordon, cette torpille en tutu anti-Freud lancée sans charge– surtout ne pas écorcher ces clébards en rut de la social-démocratie oligarchique – est le plus haut sommet que peut atteindre cette avant-garde de tous les retards. Elle y plante le drapeau souillé de sa pseudo-critique, après avoir dérivé dans son cercle vicieux de Marx à Lacan et de Debord à Foucault en passant par le maigre Vincent-le-pétitionnaire. Il a fallu les conjuguer dans cette maison de tolérance qui vit au rythme des multiples dissolutions de la critique de la valeur transformée, par légères secousses, en petite couille dans l’ineffable dispositif littéraire que constituent leurs différentes exultations (cf. Lacroûte est-il l’ami du peuple ? birnam.fr) et palinodies sur de nombreux sujets qui perdent leur importance dès qu’ils les touchent.
Cette avant-garde du fragment idéologique érigé en totalité – c’est son point d’honneur dans son déshonneur consommé (9) nie avec opiniâtreté la constitution en classe des oppresseurs actuels qu’elle se refuse à distinguer et même à discriminer ; elle en occulte la plupart des pratiques qui les ont fondus en tant que classe d’exploiteurs dans le siècle qui vient de passer sans que cet escadron de limaces de combat, qui cumule d’incurables retards dans son offensive et de profondes avancées dans sa retraite, y songe autrement qu’à un problème, somme toute secondaire et négligeable, digne de l’hubris populiste. Elle ne reconnaît ces pratiques que très partiellement, par leurs côtés le plus inodore et le plus convenu, ceux-là même que le gouvernement le plus ténu des hommes et des choses ne peut que reconnaître publiquement, tant leur dissimulation serait plus qu’une faute de goût : une erreur de conduite. Elle veut ignorer le déploiement du gouvernement véritable de la société cybernétique ; et quand elle s’imagine causer du pouvoir à ses ouailles, elle le leur brode façon Foucault dans un fouloir de micro-clichés, comme un supplice des mille morceaux dans une charcuterie nominaliste, afin de décentrer le problème et d’obérer toute autre considération que ces veaux savants taxeront de complotisme, de populisme, de fascisme (10) … Ils s’attarderont en contrepartie dans leurs grotesques et infinies cancaneries sur la nature de ce monde, avec leur loupe, sur de minuscules coquilles dans le béton du sarcophage marchand, quand c’est toute une pyramide qui a été coulée sur les esclaves. Cette crevette d’opposition contrôlée échouée dans l’arbre de la connaissance après un tsunami structurant – l’opération de synchronisation mondialisée que fut l’acclimatation « pandémique » à la tyrannie cybernétique – n’a pas su en tirer un seul argument pertinent contre ce qu’elle estimait combattre de longue date : la valeur-dissociation et le mode de gouvernement qu’elle implique – le collectivisme cybernétique que l’on nous promet et qui nous rassasie déjà de ses furieux plaisirs, comme précédemment le bon vieux socialisme du harnais avait presque su le faire en se dissociant de la critique de la valeur…
Jean-Paul Floure
NOTES :
1 – « Bulle théorique » poussée comme une herbe rouge à la surface de la planète du Vrai et de l’Esprit, choses que lui et ses sympathiques collègues devaient nous distribuer à pleine louche depuis leur petite motte cybernétique : Palim Psao. Cette âme du troupeau suisse a donc proclamé leur naufrage (La chouette et l’escargot, 23 octobre 2023, Palim Psao) depuis ce réduit où l’Esprit s’est réfugié en perdant, prétend-il, jusqu’à ses mains. Et de nous expliquer cette perte inouïe, par laquelle cette « bulle théorique » s’est oubliée dans la confusion de ses abracadabras, c’est parce qu’elle avait égaré en chemin la pensée de ce manque, son abraxas, bien plus qu’elle n’avait usé, jusqu’à la corde, sa langue en léchant les bottes de ceux qui ont écrasé l’esprit humain pendant le leurre pandémique. La CVD ou Critique de la Valeur-Dissociation – ainsi se nomme l’Esprit allégé, dans cette cage d’escalier où ces Cassandre, paraît-il, rêvent de distribuer de la viande de chouette à tous les escargots hallucinés de ce culte latéral – s’est donc levée un matin sans pouvoir se saisir de quoi que ce soit, pas même d’une brosse à dents afin de meubler son exil par une activité utile quoique répétitive, mais grosse d’elle-même dans la fragile demeure où elle s’est couchée avec son dentier. Cette CVD ne pouvait ni déborder dans le monde, ni se répandre auprès de la foule qu’elle visait de ses séductions. Pour faire court, la conscience de cette absence manquait de bras pour multiplier sa présence auprès de ceux qui en ont à foison ; à ne plus savoir qu’en faire jusqu’à laisser pendre des mains aux bouts de ces machins, parce qu’un jour cela pourrait bien servir à l’un d’entre eux ; mais à qui leurs mères ont oublié, avant de les laisser sortir, de mettre à chacun une cervelle pour qu’ils aient une claire conscience du vide déposé en couches épaisses entre leurs épaules. Et c’est ici que l’on aperçoit l’impitoyable calcul de ce suisse frotté de science marxeuse et de manœuvre clausewitsienne afin d’éjecter la CVD de sa gargote, où le rata de maigre – Vincent, Michel, Jean et les autres – s’est fait idéal et ridicule et de chercher un jacques, s’en munir, trouver une porte de sortie. Résumons donc l’affaire que propose le progresseur Schmitter : si ceux qui n’ont pas de têtes mais disposent de trop de bras s’allient avec ceux qui n’ont pas de mains mais des têtes, quel merveilleux animal n’obtiendrait-on pas, en joignant par la même occasion l’agréable à l’utile, les chefs sans troupe aux troupes sans chef, l’esprit sans ses mains s’en allant, bras dessus, bras dessous avec des corps étêtés ?
2 – Quant à nous, au slogan madré de la Walkyrie, nous préférerons toujours la définition lapidaire de Mae West, qui a eu au moins le mérite de situer précisément la question du patriarcat sans la byzantiniser à outrance, à la manière des logiciens, par des proses de vierges exagérées : « Cette protubérance que je vois sur votre pantalon est-ce votre arme ou simplement votre joie de me rencontrer ? »
3 – C’est ce qui légitime la présence d’une armée de nouveaux policiers, habillés en hérétiques, sous chaque spectacle subversif organisé à l’usage presque exclusif des rejetons de la classe moyenne (cf. le réchauffement climatique ou la querelle des identités – DQOQP que par eux-mêmes – spectacles éducatifs marquant la dissolution du Welfare State et la naissance du collectivisme cybernétique sur la base d’un effondrement général recherché pour ce qu’il permet de nouvelletés sans que leurs porteurs soient étranglés sur le champ). Ils escortent la numérisation du monde et la ponctuent de leurs agitations stériles. Ils assurent la bonne marche de ses différentes péripéties en perfectionnant la langue du néant, transformation de nombreux clichés de l’ancien langage révolutionnaire passés au service exclusif de la nomenclatura cybernétique, après que ces nominalistes lui ont fait perdre toute charge négative.
4 – « Lundi matin, au numéro 306, madame Sandrine Aumercier, psychanalyste à Berlin, lit aussi les lignes des pieds » birnam.fr. Comment cette psymachin a-t-elle pu se tromper à ce point, se demande-t-on ? Alors qu’il faudrait plutôt répondre à la question suivante : pour quelles raisons s’est-elle tue avec une telle constance jusqu’à collaborer avec l’Inquisition anti-complotiste, à l’instar de la plus grande partie du gauchisme gouvernemental ? Mais à la lire, reste la curieuse impression qu’on ne pourra jamais tirer cette femme de sa religion par des arguments, là où les preuves n’ont eu, n’ont et n’auront jamais d’effet sur des gens qui vivent spécialement divisés sous une servitude qu’ils ne perçoivent plus. Les bourdonnements furieux de Madame Aumercier, sur sa vitre, ne sont que des sophismes à nos oreilles.
5 – « La valeur c’est le mâle » est l’une de leur meilleure création. Les anciens boucs émissaires du capitalisme ayant pris une retraite méritée après n’avoir que trop servi les buts les plus infâmes, l’épuration nouvelle dans sa poursuite de l’ennemi fantasmé se doit d’être totale dans ses nouvelles constructions idéologiques. Il n’est plus question pour la néo-critique dissimulée dans son scaphandre marxoïde de se perdre inutilement dans la persécution d’une minorité précise, mais de fusionner l’ensemble des haines particulières : c’est-à-dire de constituer la moitié de l’espèce humaine, indépendamment de sa position dans le processus socio-économique, en minorité responsable et coupable du malheur de tous, d’en être l’origine des origines. Cette falsification est semblable à une flaque de dégazage laissée dans le sillage d’un navire en perdition à l’intérieur d’un port et dont nous savons que l’équipage formé pour cette tâche de direction politique – faire tourner le refus comme une épave dans le maelström propagandiste de la gouvernementalité cybernétique – ne pourra jamais franchir les limites dessinées par les digues de ce port, ni même n’en a eu l’intention un seul jour ainsi que ces valeureux naufrageurs nous le disent sans équivoque pour qui veut les entendre ou les lire.
6 – La « collectivisation cybernétique » réalise le vieux rêve des doctrinaires positivistes de l’émancipation sociale grâce à l’intervention de l’informatique et des machines convergeant vers l’invention d’un automate social. C’est cette utopie – un monde où tout est à sa place – que les mécaniciens de l’absence, dans leur grand rêve d’anéantissement, postulent, plus qu’ils ne nous la décrivent vraiment, comme un Esprit du monde qui progresse en poursuivant son ombre, sans jamais la rejoindre, dans le cercle toujours plus large des calamités engendrées par la seconde nature et la biologisation de la méga-machine : le salut par la machine quelle que soit la nature dont elle procède ou procédera.
7 – Les partisans de l’étage informatique ont utilement reconfiguré, afin de le mener à son apogée, le processus de rationalisation du temps et celui du renforcement de l’ensemble des divisions sociales dans lesquelles nous sommes engagés sous l’égide du capitalisme. Cela en a constitué l’une des exigences centrales. C’est un processus que l’actuelle « cybernétisation » du monde conduit vers sa fin prévisible : une réification généralisée de la vie, pour autant que les récentes dissolutions ontologiques en cours de réalisation – authentiques résidus du métabolisme marchand – nous permettrons encore de distinguer dans un très proche avenir, dans la merdamorphose universelle qu’entraîne la marchandise, une différence notable entre une homme et une blatte, entre ceux-ci et le néant le mieux accompli. Avec pour résultat de donner des teintes de révolte à la moindre des aliénations consenties, de transformer les plus affermies d’entre elles en de véritables revendications de la créature opprimée, les faire tenir enfin pour des libérations généreusement octroyées.
8 – C’est désormais jusqu’aux « mauvaises passions » qui ont été domestiquées et mises au travail dans la cage cybernétique. Elles ont leurs ingénieurs.
9 – Ce qui constitue une véritable performance avec une critique de la valeur-dissociation qui se dissout sans terme en un ensemble de détails, dans une opération de dispersion qui tient plutôt d’un mercantilisme affuté orienté selon les diverses clientèles qui attendent d’être détroussées. Morceaux de négatif en dégénérescence reconstruits et adaptés qui revendiquent chacun leur autonomie afin de tout reconstruire à partir d’eux-mêmes. Détails qu’il faut sans cesse, dans une course infinie et inutile, assembler à nouveau : la totalité, démembrée et sérialisée par ses intellectuels spécifiques, devenant finalement une collection d’anomalies dans une sorte de musée du Refus Désarticulé dont chaque élément constitutif tend à devenir tératologique.
10 – Notons avec ironie les grandes découvertes régulières, certes tardives, de cette néo-critique sur la violence d’Etat. Celle-ci, on le sait, manifeste sa brutalité par bouffées se succédant rapidement et sous des formes si caractéristiques que ses contempteurs, hébétés par une propagande dont ils répercutent docilement les thèmes, passés sans douleurs de l’objection politique vertueuse à l’abjection anti-complotiste, en sont venus à ignorer méthodiquement l’ensemble des chemins qu’emprunte cette « société cybernétique » pour modeler l’unique objet de son ressentiment ; et donc à justifier les formes les plus sophistiquées de cette violence par une étrange perversion des concepts définissant la liberté ou prétendant le faire depuis plusieurs siècles d’aliénation organisée. La fausse critique anarchiste, ou l’église immonde – la nouvelle police – qui lui a succédé sous ce costume, si pointilleuse à l’égard de son bel uniforme et de ses crachats, obtenus par une amicale complaisance de son adversaire supposé, a toujours été portée à se scandaliser bruyamment du pouvoir et de l’Etat dans ce qu’ils ont de plus infime dans leur exercice. Elle n’a pas remarqué la pyramide de contraintes inédites qui a été édifiée pendant son lourd sommeil programmé ; encore moins à refuser le joug protecteur que ses meilleurs partisans ont déclaré si excellent et si léger à porter pendant la mascarade pandémique. De cette pyramide, cette critique contrôlée, jusque dans ses indignations sélectionnées, est l’une des pierres angulaires. C’est l’une des plus évidentes. Elle s’est ajoutée au gros tas des adhésions avouées par cette critique passée au service de la défense en profondeur de la société cybernétique. Elles vont du réchauffement climatique à l’écologisme bureaucratique devenus les préludes de l’expropriation généralisée en cours, c’est-à-dire des diverses soustractions marchandes (cf. Les pavés de l’Enfer, birnam.fr) De ce qui a été commenté par cette critique démontée et taylorisée, l’on a retenu, en tant que clair résumé de sa position dans la nuit de la servitude, qu’elle était moins portée à la désertion qu’à la participation et aux retournements dissimulés par le catalogue des petits refus sans vigueur joués par cette avant-garde retournée ; fausses négations et vérités partielles promues par le parti Médiatique. Ce ne sont, en fin de compte, que transgressions confortables et pures nécessités de la société cybernétique dans son accomplissement. Critique qui s’est coulée moralement et techniquement dans les impératifs programmatiques de cette « société cybernétique » et qui participe ouvertement à la mise en place de ses structures de contrôle sur la totalité de la vie. Il est vrai que la dénonciation du partiel et les discours métaphysiques sur la survie de la planète, sans cesse recommencés par un personnel médiocre, embauché pour l’occasion, est une affirmation sans fards de la vertu dormitive et positive de cette propagande au service de « L’Etat servile », alors que la totalité, déclarée inconnaissable par son énormité, parce qu’elle ne peut plus être saisie par de si petites mains, annule périodiquement les meilleures volontés à la jeter au sol. On doit reconnaître aussi, comme une véritable amélioration d’ambiance chez les logocrates, le fait que l’on ne trouve plus un seul subalterne effrayé par son atomisation réelle, puisque désormais il n’existe, apparemment et pour son incomparable bonheur, plus aucun cavalier mongol prêt à le priver concrètement de ses oreilles.
* CHAPITRE D’UN OUVRAGE A PARAÎTRE …
