Nous ne pouvons pas ne pas céder au plaisir de citer ici, comme un contrepoint aux pruderies du technicien Louis – il purge le concept à Colmar – , un texte de Miguel Amoros*, disert et déniaisé comme un démonteur de pucelage œuvrant dans cette maison de tolérance qu’est devenu le gauchisme radical. Il nous dit ses grandes découvertes sur le fameux dédoublement magique et fatal auquel les plus pures des contestations sont malheureusement exposées dès qu’elles sont condamnées, par leurs propriétaires, à durer au-delà d’un instant. Nous publions donc ici la partie centrale du véridique récit qu’il nous a fait très récemment de ce phénomène inédit frappant les éphémères. Il nous parle de ce stupéfiant pourrissement comme d’une sorte de vérole accidentelle et exterminatrice frappant les plus belles contestations d’une tragique corruption organisationnelle, puisqu’il nous faut nommer cette maladie. Alors que leurs actionnaires avaient la naïveté de les croire immaculées jusqu’à leurs enterrements enchantés, ils ont la surprise de leur voir pousser, comme des oreilles sur le dos d’une souris de laboratoire, des mufles grimaçants dès qu’elles s’éloignent de leur baptistères en compagnie de leurs représentants officiels, de leurs Socrates. Parfois, cette révélation surprenante disperse, mieux que des matraques dans une souricière, les sarouals les mieux intentionnés à l’égard de ces fables édifiantes.
Cette inédite description d’un phénomène déjà aperçu et très connu des anciens qui, jadis, l’avaient décrit à de nombreuses reprises et s’en désolaient à l’occasion et justement, peut être considéré aujourd’hui, quand elle est faite, comme l’expression déchaînée de la pointe la plus extrême que la critique-pompier peut atteindre quand les liens qui l’unissent malencontreusement à son objet se distendent ; et laissent apparaître, derrière les machines à produire du concept, récemment installées dans un coin de la cafétéria, d’ultimes traces d’intentionnalité et peut-être même d’artisanat critique. On ne sait que trop bien que là où l’homme ne met plus les pieds, c’est jusqu’à l’ombre de sa main qui doit s’effacer. Si l’auteur de ce texte, qui n’est pas un perdreau de l’année, reconnaît certaines évidences, qui ne peuvent plus être dissimulées tant leurs nombreuses et grossières manifestations aliénées – les fameuses Semelles Saintes Protestataires saute-moutons actuelles en sont un exemple merveilleux et toujours incompris par leurs pénitents – sont recommandées par l’ensemble des autorités sanitaires et politiques dans le traitement de certaines pathologies sociales comme un cataplasme sur une jambe de bois, c’est afin que lui-même puisse mieux patiner dans l’ornière où il s’est enlisé, depuis plusieurs décennies, avec son bataillon d’illusions sacrées – le réchauffement climatique, ce piège cognitif, étant le dernier degré du piège où se débat une gauche radicale médiatiquement défoncée, devenue progressivement une sympathique annexe du Parti Médiatique qui la diffuse utilement en la coordonnant, à la fois, à ses propres objectifs et aux intérêts de classe qui le conduisent. Gauche radicale et managériale des gens bons de la société cybernétique, qui intervient selon les nécessités épisodiques d’une propagande souvent défaillante en matière de justifications élémentaires, et dont il faut améliorer les affirmations les plus grossières, ou corriger les maladresses les plus évidentes par l’apparition fugace de vols d’oies blanches pendant de courts intermèdes distractifs et tapageurs aménagés à cet effet, dans le cirque – cf. Ball-trap à Sainte-Soline par ses organisateurs, même Lundimâtin, numéro 382.
Ce n’est pas un « langage de l’apocalypse », ainsi que le croit Amoros, qui a émergé parmi ceux qui dirigent effectivement le monde, ou se préparent à le faire, s’ils ne le font pas déjà en partie et sous couvert, dans de multiples institutions étatiques dont ils sont souvent des fonctionnaires obéissants sinon zélés pendant leur temps libre. Mais là où les mots se sont révélés plus qu’inefficaces pour légitimer la catastrophe, sont commis volontairement et en supplément, par-dessus celle-ci qui est devenue le cours normal et accepté des choses, des actes d’apocalypse. Ils viennent par séries infinies dans une surenchère permanente qu’aucune des langues officielles en cours – et la pseudo-révolutionnaire, avec l’ensemble de ses tics et lieux communs usés jusqu’à la corde qui la soutient, en fait partie – ne semble en mesure de dire ouvertement le nihilisme et les raisons précises qui conduisent ces actes de terreur engendrés pour soutenir le fonctionnement de la méga-machine. Pour le dire autrement et d’une manière imagée, c’est au moment même où l’on vous prive de sol qu’apparaissent des chirurgiens maffieux qui vous proposent, à des tarifs attractifs et parfaitement adaptés aux voyageurs de l’utopie-capital, l’ablation de vos jambes devenues d’inutiles appendices pour circuler dans la cage cybernétique. La rhétorique, de quelque nature qu’elle soit, dont toutes les factions de la coupole maffieuse nous accablent quotidiennement restera éternellement en dessous de ce qui s’est produit et de ce qui s’exécute ouvertement (cf. la mise en marche de la méga-machine cybernétique et ses diverses réalisations techno-industrielles qui se sont répandues avec profusion : thérapie génique, eugénisme, restrictions multipliées, accélération de la grande numérisation, destruction de l’appareil juridique de la démocratie formelle, pollutions productives, insécurité dirigée, coups d’Etat et coup du monde qui ont été accompagnés de pauvres ruminations sous-critiques anti-complotistes – le langage de la délation et ses protocoles pesants, son dictionnaire revisité**. Ce qui ne suscite aucun commentaire des cadors de la contestation ignifugée, pas même un feu de poubelle à un carrefour pour s’éclairer dans la triste nuit de la marchandise et de l’Etat.
Il y a quelque chose d’extraordinairement inconséquent et de désespérant à croire que nos gouvernants, indépendamment du degré d’intelligence qu’ils possèdent réellement, ou qui leur est magiquement prêté, individuellement ou collectivement, attendent quoi que ce soit des mots plutôt que du gourdin pour imposer « une nouvelle économie climatique » et ses « enclosures » qui surgissent comme autant de promesses d’un nouveau monde (1). Le citoyen Amoros est si habitué à la violence des actes cannibales de la société cybernétique qu’il en est partiellement aveuglé : il ne voit plus que langage là où se commettent de véritables abominations ; et ne perçoit plus cette violence qui se passe de mots pour s’accomplir ; ou plutôt il n’en perçoit plus que l’écho prolongé des coups, c’est-à-dire le baratin brutal qui nous promet, d’une manière à peine rusée, le pire pour demain quand cette société cybernétique l’a commis hier avec délectation, ne fut-ce qu’en privant de cervelle ceux qui ont l’ambition de se croire toujours ses fermes opposants ; alors qu’ils ont souscrit silencieusement à ses procédures autoritaires, quand ils n’ont pas participé à leur dissimulation pendant la pseudo-pandémie ; et qui désormais les rend incapables de nommer celle qui a commencé modestement sous l’appellation officielle : effets secondaires. Bref, on ne s’étonnera pas que ceux qui ont acheté le faux soient incapables de reconnaître le vrai artificiellement provoqué. Ce pire, dont nous voyons le développement, constitue le véritable fonds de commerce de la société cybernétique et c’est le seul qu’elle soit en mesure de faire progresser et de faire fructifier.
Amoros croit encore que le système pour croître veut échapper à ses crises quoique celles-ci ne fassent qu’accentuer cette croissance. Peut-être lui vaudrait-il mieux inverser cette assertion ? Peut-être aurait-il quelque intérêt immédiat à ne pas trop répéter ce qu’on lui souffle de partout et d’abondance, ne fût-ce que pour tirer son propre parti du mauvais pas dans lequel celui-ci s’est mis d’enthousiasme quand il a cru les sophismes de ses experts en économie du désastre ; sophismes qui, maintenant, lui coûtent un bras à soutenir dans l’adversité générale où ce parti a glissé avec ses fractionnements continuels et son goût pour de minuscules complications de détails qui sentent la poubelle de l’intelligence ? Peut-être Amoros craint-il d’utiliser le rasoir d’Ockham ? Peut-être n’ose-t-il pas mettre un sourire kabyle aux niaiseries mal fabriquées de la propagande ? Peut-être y croit-il par certains côtés qui finalement, à le lire, sont plutôt rassurants, comme celui de rajouter des leds au Titanic du Welfare State afin de signaler sa position et, sans doute, le tenir à flot, encore un instant, alors que nombre de ses armateurs déclarés pensent qu’il leur est plus avantageux de l’envoyer par le fond avec ses passagers réfractaires à la natation, et une partie de son équipage d’acéphales ? C’est le fonctionnement même du capital, à son stade cybernétique, qui impose ses crises, de manière calculée et par segments comme s’il montait sans cesse à l’assaut du monde, par échelons. Ces mises en tension, ces poussées nécessaires, ces éclaircissements périodiques, ces véritables Etats d’urgence, aussi bien économiques que politiques – sauvés par Gong le Pandémique – , lui permettent d’accélérer ses mutations, de multiplier ses structures de contrôle et d’augmenter leur emprise maffieuse, de déblayer les oppositions résiduelles à sa marche ou de les convertir quasiment toutes, et ceci grâce à leurs remarquables points de convergence idéologique. Ils trouvent leur point de fusion dans « l’environnementalisme de marché » : ce réalisme intégré qui gouverne les pratiques extractives et renverse l’ensemble des refus en de nécessaires avancées programmatiques de la marchandise. C’est le désastre lui-même qui est une promesse de bonheur pour le Capital, et à tel point que tout est mobilisé, sans exception notable, pour faire des renforcements du désastre mieux qu’une science : un art et un ensemble de performances.
Ce langage de l’apocalypse ou prétendu tel, composé de déchets idéologiques compostés, empruntés en grande partie à d’anciens discours révolutionnaires dont le côté messianique est mimé et inversé, n’est plus qu’une petite obligation stylistique que les gouvernants exigent de leurs subalternes du Parti Médiatique quand ceux-ci s’adressent aux jeunes assujettis qu’il ne faut pas trop inquiéter par le dynamisme de la régression permanente dont l’écologisme rectifié de la classe dominante est le porte-parole bavard et sans vergogne. Si la bourgeoisie à ses commencements sanglants s’était drapée dans le style « romains ressuscités » pour exercer sa terreur, la « société cybernétique » dans les lueurs de son crépuscule se coule plutôt avec aisance dans le style « révolutionnaires rénovés » pour légitimer sa tyrannie – cette vaste opération disciplinaire en cours – et lui conférer les splendeurs d’une utopie qui ne manquera pas de tout faire disparaître en l’enlisant dans son universel truqué. On nous le promet quand nous en subissons déjà les effets. La « fin de l’histoire », cette euphorie de la domination recomposée, est terminée. Il ne reste à consommer que les rigueurs de la société cybernétique et ses mises au pas.
Le grand verdissement idéologique de l’économie du désastre ressemble à l’ornement d’un décor à la Potemkine pris dans les volutes spectaculaires d’un incendie dont tout le monde veut ignorer qu’il est voulu et planifié, réglé comme une pièce de théâtre shakespearienne avec ses bouffons et ses tyrans. Incendie plutôt accepté quand les gouvernants annoncent à leurs sujets qu’il ne reste plus que de l’essence pour l’éteindre. La société cybernétique a au moins à son actif une réussite : avoir su lier dans un pacte intégratif silencieux – le survivalisme augmenté et ses aboutissements restrictifs : cette économie de guerre – ceux qui veulent cultiver sans polluer et ceux qui polluent sans cultiver (2).
La poussière que Miguel Amoros a soulevée naguère, retombe désormais sur les gentils aménagements que cette critique-pompier entretient, sans trop de publicité, avec le monde où elle circule dans un bruit de basse intensité. Cet homme croit les garantir, ces illusions, de regrettables obsolescences, en accélérant dans le fesh-fesh idéologique où elles ont tourné aigre depuis belle lurette et sans qu’il en prenne la véritable mesure – la pendule de l’entrée s’est arrêtée sur midi. C’est du moins l’impression qu’il donne en récitant sa littérature habituelle, dont il a adouci les anciens saillants, avec une conviction qui va s’épuisant et nous épuise par le morne ennui suscité et qui suinte de ce tombeau des beaux espoirs en perpétuelle putréfaction.
Nous ne gloserons pas ici sur l’évident manque d’ambition de sa liste trop courte des plaisirs futurs, qu’il nous promet au bout du désert où il gît depuis des lustres comme un palmier en pot dans une galerie artistique soldant les derniers produits en formica d’une avant-garde rustique et confortable qui n’a pas survécu quand l’air du temps a tourné à l’ouragan. Il nous les promet, ces plaisirs douceâtres, si nous courons après sa flûte jusque dans les campagnes où nous devrions rétablir nos cités, des toilettes sèches, et tondre de collectifs moutons sous un ciel bas et lourd qui nous surplombe de ses menaces, et tel un couvercle, tombe sur cet académique néant de vieille date. Nous y trouverons, là-bas, la routinière et haineuse fraternité dénonciatrice qui nous attend avec ce sourire de bienvenue que l’on reconnaît aux chacals affamés. C’est la rançon obligée de ce genre de médiocres utopies : ces odieuses caricatures des machines, fabriquées dans des temps qui en manquaient si cruellement que des éleveurs de mirages proposèrent de les imiter et d’imposer des apparences de gouvernements automatiques aux mondes fonctionnels qu’ils nous inventaient comme s’il pleuvait des horloges sur les choses. Il nous les décrit, ces plaisirs, avec l’enthousiasme d’un naufragé qui a promis à son équipage de rejoindre sa Lune mécanique à la rame ; et même plus loin – si possible. Mais il ne nous appartient pas de décourager de si belles entreprises dont nous avons su les grandes réussites à chaque fois que nous avons vu revenir les incontestables bouées de sauvetage.
Jean-Paul Floure
(…) « Un langage apocalyptique a émergé parmi les aspirants dirigeants pour évoquer avec des mots ce qui ne peut être résolu par des actes. Croître, c’est accumuler du capital, c’est-à-dire convertir de plus en plus de choses – produits, terres, temps libre – en argent. Au-delà des cris d’alarme rhétoriques, le système doit continuer à croître – à accumuler – pour échapper à ses crises, même si la croissance ne fait que les accentuer. Par exemple, dans le domaine écologique, comment cultiver sans polluer? Changer le mix énergétique est la solution selon les experts intergouvernementaux. Le capital est toujours à la recherche d’une issue dans la technologie. Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre, principales causes du réchauffement climatique ? Les conseillers gouvernementaux recommandent de réduire progressivement la dépendance aux énergies fossiles en recourant aux énergies renouvelables industrielles, qui leur sont étroitement associées. La proposition coïncide avec celle des dirigeants d’entreprise prônant un capitalisme mondial « décarboné ». À partir du Sommet mondial sur le développement durable (Johannesburg, 2002), des lobbies transnationaux ont émergé visant une « nouvelle économie climatique » issue d’une « troisième révolution industrielle », c’est-à-dire la numérisation, dont la « transition énergétique » ne serait que le premier pas. La finance s’est depuis longtemps aventurée dans des entreprises « vertes » et numériques telles que les bâtiments « intelligents », les toits solaires, l’éclairage LED, les voitures et scooters électriques, les batteries à hydrogène, les enchères d’énergie ou les marchés des émissions. En attendant, on réfléchit aux taxes, actions, obligations et péages « verts », on calcule les emplois « verts » et on promeut un consumérisme alternatif « inséré dans la matrice de l’Internet des objets ». C’est un capitalisme « vert » 5G qui – encouragé par le prix toujours plus bas des énergies renouvelables et le prix toujours plus élevé des énergies fossiles et de l’électricité – se développe et promet de se multiplier à travers la création d’un « réseau électrique intelligent » à l’échelle internationale. Pour un secteur de la classe dirigeante, le basculement vers l’environnementalisme de marché grâce à une « transition réaliste » qui inclut le gaz et l’uranium dans le paquet, autrement dit le saut hyper-productiviste au sens de ce qu’ils appellent la « durabilité » (ce qui n’est pas vrai), signifie une opportunité de changer le monde sans rien changer, c’est-à-dire en gardant intactes les structures politiques et économiques actuelles et, par conséquent, sans affecter d’un iota les intérêts acquis qui les sous-tendent. Il faut dire que d’autres secteurs, négationnistes, sans poser de limites aux affaires, sont plus enclins au repli nationaliste, à l’autoritarisme pur et à la course aux armements.
Si l’on examine cette situation – désastreuse – d’un point de vue politique, un nombre considérable de cadres, de conseillers et de politiciens proposent un « Nouveau Pacte Vert » entre multinationales, gouvernements et « partenaires sociaux » (partis, syndicats et ONG) passant par la déclaration de l’état d’urgence climatique (3). Il s’agirait (4) d’une vaste opération disciplinaire visant à maintenir la population sous contrôle doux – ce qui n’exclurait pas les couvre-feux, les confinements et d’autres modalités –, la préparant à affronter les mesures d’austérité que les gouvernements décréteraient pour « décarboner » ou pour démanteler « l’État-providence » des classes moyennes lorsqu’il ne peut plus être maintenu. Par exemple, les restrictions sur les transports, l’électricité et l’approvisionnement en eau; le rationnement du carburant, du sucre, de la viande et des produits laitiers ; l’augmentation générale des prix, etc. Ce serait en fait l’intronisation d’une économie d’exception sans autre objectif que le renouvellement du complexe industriel et de l’État politique qui assure sa domination dans des conditions de survie extrêmement altérées. Les politiques préfèrent parler de « résilience », arme d’adaptation massive à tous les sacrifices imposés par ce qu’ils appellent le « progrès ». Reste cependant à savoir si ce type de mesures saura surmonter les obstacles qui résulteront à la fois de la nature du système – fils des hydrocarbures et de la servitude volontaire – et des mécanismes de blocage inhérents à sa complexité structurelle et aux dysfonctionnements du contrôle social, ainsi qu’à la construction, en marge, d’économies supervisées de type coopératif destinées à « réduire le coût humain de l’effondrement », ou plutôt à neutraliser le potentiel explosif de l’exclusion sociale.
L’orchestration médiatique et politique des politiquement correctes protestations de la jeunesse contre le changement climatique cache à peine l’aube d’une période tardive du capitalisme caractérisée par le caractère éminemment destructeur de ses forces productives, sa difficulté à croître suffisamment pour payer les dettes, les retraites et les salaires, créer des emplois, maintenir une énorme bureaucratie et encourager « l’électrification » totale des transports, de l’agriculture et de l’industrie. Les dirigeants applaudissent les revendications que les jeunes protestataires leur adressent de manière pacifique et joyeuse, car elles ne remettent en question ni rien ni personne, comme si le conflit social et même les désobéissants et frondeurs botellones n’existaient pas. Il y aura donc ceux qui tenteront de profiter de la situation, propice à l’alarmisme, pour mettre en place une intermédiation « verte » à travers des « observatoires » subventionnés et imposer ainsi une « politique majoritaire » sous-tendue par des arguments catastrophistes. Il s’agit plus là d’un stratagème pour légitimer le capitalisme « vert » que d’autre chose. Pour cette espèce opportuniste, l’État serait l’instrument idéal de la transition économico-énergétique promue par les multinationales du pétrole, du gaz et de l’électricité elles-mêmes. Profiter du nouveau courant de transition du capitalisme mondial – qui se manifeste dans le New Green Deal, les Accords de Paris, les travaux du GIEC, l’Agenda 2030 ou l’offre croissante de produits financiers verts – pour en devenir les champions parlementaires, serait comme « marquer un but contre son camp ». Contre quoi et qui ? Nous nous posons la question. Comme il fallait s’y attendre, la « nouvelle gauche » qui a émergé à la suite de spéculations électoralistes, de discours sur la décroissance et de parades festivalières se mêle à l’ « ancienne gauche » dans sa défense du capitalisme et de l’État. Cela est d’autant plus évident qu’elle respecte la croissance à tout prix et le gaspillage de la consommation. En témoignent le rythme de ses politiques de « développement », ses projets de remodelage des métropoles et ses projets d’aménagement du territoire. Quand l’économie se sert de la politique, l’État se confond avec le Capital. On peut dire, du moins depuis que la bourgeoisie a pris le pouvoir, que les États ont été conçus pour cela, que c’est leur véritable tâche, même si pour les « éco-socialo-démocrates » autoproclamés, il est question de peindre l’exploitation capitaliste d’un vert démocratique.(…)
* Miguel AMOROS « Crise écologique et capitalisme »
NOTES
** «La théorie du complot », c’est – une fois pour toutes – celle que les idéologues policiers de la technocratie ont inventée, afin d’en accuser la critique radicale, écologiste et anti- industrielle. » Pièces et main d’œuvre, 12 avril 2023. « Complotisme » et « écoterrorisme » : deux enfumages de la technocratie dirigeante
(1) Miguel Amoros devrait le savoir mieux que personne, lui qui donne des conférences au milieu de « la mer de plastique » (Alméria).
(2) « Nous avons trouvé une nouvelle manière de produire de la nourriture. L’humanité ne sera plus dépendante de l’agriculture, du climat ou de la météo. Nous sommes capables de produire des protéines naturelles à partir de quasiment rien d’autre que de l’électricité et de l’air. » SOLAR FOODS, TELERAMORTS NUMERO 3822. Voilà qui va mettre tout le monde d’accord dans le hangar photovoltaïque.
(3) Cf. « Le clou du spectacle comme nécessité de la société cybernétique » birnam.fr, ainsi que « Nature morte automate » birnam.fr
(4) « Il s’agirait » : la réalité de la méga-machine cybernétique n’est encore qu’une hypothèse insuffisamment validée par ses expérimentateurs. Ils vont nous faire part prochainement, si l’on se base sur le calendrier des opérations à venir, de stupéfiantes découvertes. Ils utiliseront, comme une innovation sans pareille, le présent de l’indicatif, et pour les plus méchants afin de prédire un passé qui change chaque jour : l’imparfait de l’indicatif.